Vélib, Streeteo, berges : Anne Hidalgo face à un tir de barrage
Accusée d'"amateurisme" et d'"arrogance" dans les dossiers Vélib', Streeteo ou berges de Seine, Anne Hidalgo a eu droit jeudi en Conseil de Paris, en son absence, à un vrai tir de barrage de son opposition sur tous les sujets qui fâchent actuellement dans la capitale.
Dans un hémicycle qui gère d'ordinaire la contradiction de manière courtoise, le troisième et dernier jour de séance du Conseil de Paris a retenti d'une très inhabituelle bronca, avec claquements de pupitres, brouhahas, interpellations et interruptions répétées de séance.
"Où est la maire ?": c'est l'interrogation répétée qui a mobilisé en fin de matinée l'opposition parisienne, alors que les élus étaient appelés à voter un soutien à la piétonnisation des berges de Seine rive droite.
La mesure-phare et toujours polémique de l'édile socialiste a été annulée le mois dernier par le tribunal administratif. En attendant l'examen d'un appel, Anne Hidalgo a repris un arrêté de fermeture à la circulation, qu'elle voulait voir ratifié ce jeudi, sans présider le Conseil.
- L'opposition "remobilisée" -
Son entourage a fait savoir que Mme Hidalgo était "dans son bureau, occupée à piloter le bon fonctionnement" des services municipaux en ce jour de grève nationale. Quelques heures plus tard, elle était à Matignon pour rencontrer Édouard Philippe.
Le voeu a été voté sans surprise par la majorité PS-PCF-PRG et écologistes, LR votant contre, l'UDI-MoDem et les constructifs de gauche et de droite s'abstenant.
"Si le calcul était de diviser les Républicains" qui se sont dernièrement exprimés en faveur de la piétonnisation, "c'est une opération ratée", a commenté devant la presse Éric Azière, président du groupe UDI-MoDem.
"Par son absence incompréhensible, Mme Hidalgo a remobilisé l'opposition contre elle", a-t-il ajouté.
"Un chef d'orchestre doit mettre en musique. Il y a eu une dissonance", a estimé de son côté un élu de la majorité.
Même le groupe mené par son ancien adjoint PS aux Finances, Julien Bargeton, aujourd'hui sénateur LREM, a pris ses distances en s'abstenant.
La maire de Paris avait déjà été vivement attaquée sur le dossier Vélib', qualifié de "fiasco" par l'opposition.
Là encore, les mots de "gestion catastrophique", "amateurisme", "approximations", "louvoiements" et "petites lâchetés" ont dû résonner aux oreilles de la maire.
Anne Hidalgo "a réussi le tour de force d'affaiblir ce symbole parisien", a estimé Julie Boillot (LR).
Dans l'après-midi, le dossier Streeteo a là encore soudé l'opposition, qui a demandé, mais en vain, la résiliation du contrat avec cette filiale d'Indigo, chargée d'une partie du contrôle des parcmètres dans la capitale depuis le 1er janvier.
Christophe Najdovski, adjoint EELV aux Transports, a néanmoins indiqué que la Ville "se réservait le droit de résilier le contrat" et annoncé qu'une plainte de la Ville pour "faux, usage de faux et escroquerie" était en préparation.
Une enquête préliminaire a été ouverte par le parquet de Paris pour faux et escroquerie après des dysfonctionnements constatés dans ce contrôle.
Des agents de cette entreprise privée sont soupçonnés d'avoir effectué des milliers de contrôles fictifs. Ils auraient aussi infligé des amendes illégales.
M. Najdovski a néanmoins relativisé en annonçant quelques chiffres : en janvier et février, un peu plus de 4 millions de véhicules ont été contrôlés et 10% verbalisés, avec un taux faible (3,8%) de contestations.
"Nous avons en parallèle de nombreux témoignages d’utilisateurs qui trouvent maintenant des places bien plus facilement", a-t-il dit, "les bénéfices de la réforme commencent à se faire sentir" avec un "taux de respect" du paiement des parcmètres de 20% en janvier contre 7% en janvier 2017.
Mme Hidalgo est revenue en séance en fin d'après-midi, pour faire voter sa récente annonce d'une gratuité du passe Navigo à destination des seniors et des adultes handicapés, sous conditions de ressources.
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