Accouchement à domicile : une sage-femme se défend d'avoir pris des risques

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Par AFP
Publié le 30 juin 2017 - 20:35
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Sage-femme à domicile, Isabelle Koenig a nié vendredi devant la chambre disciplinaire du Conseil de l'Ordre avoir pris des "risques injustifiés" pour ses patientes et déploré l'hostilité d'une partie du monde médical à l'encontre de cette pratique très marginale.

Avec fébrilité, la sage-femme de 58 ans, convoquée devant ses pairs à Paris, s'est levée en fin d'audience pour souhaiter "ardemment que le dialogue reprenne" avec ses confrères et gynécologues qui exercent dans les hôpitaux, non sans souligner que deux conceptions de leur travail les opposent, selon elle: l'une "privilégiant l'humain", l'autre "ultra médicalisée".

L'hôpital, Mme Koenig y a exercé pendant 32 ans, avant de décider en 2015 de s'installer en libéral près de Tours (Indre-et Loire) sans prévoir au début de faire des accouchements à domicile. Elle noue une convention avec la maternité de Chinon pour accéder au plateau technique, mais "le contact passe mal" et l'établissement, qui lui reproche de ne pas respecter son protocole, met fin à l'accord deux ans plus tard.

Les cas de trois femmes prises en charge de manière "extrêmement chaotique" et transférées "tardivement à l'hôpital" de Chinon et de Tours après des complications lors de leur accouchement chez elles sont notamment pointés du doigt par le conseil de l'Ordre d'Indre-et-Loire, qui dépose plainte après des signalement du personnel hospitalier.

Si l'accouchement à domicile (AAD), est rare et représente moins de 1% des naissances, il est néanmoins "un droit", a relevé vendredi la chambre disciplinaire, alors qu'on estime à moins de 60 le nombre de sages-femmes qui le pratiquent.

Mais "quand on prend la décision de s'éloigner des pratiques habituelles, on se doit d'être irréprochable", a fustigé l'avocate de l'Ordre, Emmanuelle Descot, s'étonnant que la sage-femme n'ait pas visité le logement d'une de ses patientes, où les secours ont dû emprunter un escalier en colimaçon.

- "Persona non grata" -

Plaidant des circonstances "tout à fait exceptionnelles", l'avocat de la professionnelle, Me François-Xavier Pelletier, a souligné que cette visite était prévue deux jours plus tard et que l'enfant est né prématuré, à "37 semaines".

Une autre patiente avait obstinément refusé d'accoucher à l'hôpital et s'était dite prête à accoucher seule en dépit de risques liés à des antécédentes médicaux et des mises en garde de Mme Koenig, qui raconte avoir "finalement" accepté à contrecœur de l'assister.

"Vous ne pouvez pas faire passer ma cliente pour une mauvaise professionnelle", s'est indigné Me Pelletier, relevant le professionnalisme "hors pair" salué par ses supérieurs lors de sa carrière hospitalière.

Pour l'avocat, c'est en fait le procès de l'accouchement à domicile qu'on tente de faire, bien que l'Ordre ait tenté de s'en défendre vendredi. Aucune de ces femmes n'a porté plainte, insiste-t-il.

Dans une interview accordée à la presse locale, la présidente du conseil départemental de l'Ordre avait dit ne pas cautionner l'AAD, souligne l'avocat de la défense, qui accuse l'instance de "tenir un double discours".

"J'étais persona non grata à l'hôpital. Il y avait une volonté délibérée de ne pas me faciliter la tâche, bien avant les transferts (des trois femmes), afin de ne pas laisser se développer l'accouchement à domicile en Indre-et-Loire", affirme Mme Koenig, désormais seule dans la région à le pratiquer.

"Il y a une vraie hypocrisie autour de l'AAD, c'est autorisé mais on fait tout pour l'empêcher", estime Nathalie Donnez, membre du collectif "Les bébés d'Isabelle" dont une trentaine de membres avaient pris place sur les bancs de la salle.

"C'est injuste qu'elle soit poursuivie vu tout ce qu'elle a fait pour nous. C'est notre choix et je ne vois pas de quoi ils se mêlent", s'interroge Marianne Petitjean, membre du collectif.

Le délibéré est attendu avant le 14 juillet.

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