Chine : le mariage taïwanais fait rêver les gays

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Par AFP
Publié le 19 juin 2017 - 22:03
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Ren Weilian (D), 26 ans, qui s'apprête à convoler pour de faux avec sa compagne Zhu Tiantian, le 14
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Ren Weilian (D), 26 ans, qui s'apprête à convoler pour de faux avec sa compagne Zhu Tiantian, le 14 juin 2017 à Shanghaï en Chine
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Les deux fiancées enfilent leur robe de soie jaune recouverte de phénix, tout excitées à l'idée de se passer bientôt la bague au doigt.

Le mariage homosexuel est encore loin d'être légal en Chine, mais certains couples du même sexe sont bien décidés à célébrer quand même leur union, encouragés par le récent exemple du voisin taïwanais.

"Ce n'est pas facile d'organiser un mariage lesbien ici, parce que je sens bien qu'il y aura plein de problèmes. Mais je tiens à ce que nous ayons aussi notre cérémonie", lance Ren Weilian, 26 ans, qui s'apprête à convoler pour de faux avec sa compagne Zhu Tiantian.

Le mois dernier, la décision de la cour suprême taïwanaise d'autoriser les mariages entre personnes du même sexe - une première en Asie - n'est pas passée inaperçue en Chine continentale, où les médias officiels comme les réseaux sociaux donnent de plus en plus de visibilité à la communauté homosexuelle.

Shanghai, qui fait depuis longtemps figure de laboratoire social, réunit en ce moment sa gay pride, la seule de Chine. L'événement est certes beaucoup plus calme que ses équivalents organisés dans les pays occidentaux, mais en est déjà à sa neuvième édition.

Du côté des sites de rencontres, l'application Blued, créée en Chine, revendique un record mondial de 27 millions d'abonnés LGBT.

- "Espoir" -

Et si l'an dernier un tribunal du centre du pays a rejeté une demande de mariage formulée par deux hommes, le simple fait que la cour ait entendu leur requête a été considéré comme une avancée.

Mais le mariage reste un rêve lointain pour les homosexuels chinois, dans un pays qui classait encore officiellement l'homosexualité comme une maladie mentale jusqu'en 2001. Des dizaines de millions d'entre eux restent "dans le placard" ou mariés hétérosexuellement, afin de répondre à la pression parentale qui exige des petits-enfants.

C'est le cas de Zhu Tiantian, qui a dû épouser un homme pour faire plaisir à ses parents. Le mariage a duré moins d'un an.

Mais la décision de Taïwan "nous donne espoir que le reste du monde chinois ne tardera pas à suivre", assure Duan Rongfeng, un architecte shanghaïen qui a épousé son compagnon Li Tao en Californie il y a deux ans.

L'écart culturel reste toutefois vaste entre l'île démocratique et le Continent, où le Parti communiste au pouvoir n'aime guère lâcher la bride aux communautés hors de son contrôle.

Beaucoup d'homosexuels chinois espèrent pouvoir se marier à Taïwan mais l'île doit encore rédiger les textes de loi à cet effet.

- L'opinion favorable -

En attendant, Weilian et Tiantian, ainsi que plusieurs autres couples gays, ont prévu de célébrer leurs "noces" à bord d'un bateau qui a quitté Shanghai mercredi à destination du Japon. La croisière est organisée par une association d'origine américaine baptisée PFLAG (Parents, familles et amis de lesbiennes et de gays), qui doit faire légaliser les mariages en Californie.

"Même si cela ne veut pas dire grand chose en Chine, cela signifie beaucoup pour nous", explique Ren Weilian. "Au moins quelqu'un nous reconnaît."

Les enquêtes d'opinion révèlent désormais que de fortes majorités, notamment parmi les jeunes, sont en faveur des droits des homosexuels et même du mariage gay.

Mais des incidents peuvent encore se produire. Quelques jours après la décision de la justice taïwanaise, une conférence LGBT a été soudainement interrompue par les autorités dans la ville de Xian (nord) et plusieurs participants ont été interpellés pendant plusieurs heures, a confié un militant à l'AFP.

Au même moment, une application chinoise de rencontres lesbiennes, Rela, était bloquée sans raison apparente.

En dehors des grandes villes comme Pékin et Shanghai, les homosexuels risquent "des conséquences graves" en révélant leur préférence sexuelle, notait l'an dernier un rapport du Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), évoquant des discriminations sur le marché de l'emploi et des persécutions dans la famille ou la société.

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