Verdun : l'année du centenaire de la bataille est lancée
Le 21 février 1916 commençait la bataille la plus célèbre de la Première guerre mondiale: Verdun. Sur ces terres gorgées du sang des poilus devenues centre mondial de la paix, une série de commémorations rythmera l'année du centenaire. Le déluge de feu a duré jusqu'en décembre 1916. Il a tué plus de 163.000 soldats français et 143.000 allemands, et est passé dans la mémoire collective comme synonyme de "boucherie".
"Dans l'inconscient français, toutes les familles ont quelqu'un qui a fait Verdun. Même si c'était ailleurs. Même si c'était dans la Somme, sur le front d'Orient, où il y avait aussi une guerre de tranchées. Ils ont fait Verdun", explique Jean-Marc Todeschini, secrétaire d'État chargé des Anciens combattants et de la Mémoire qui sera présent le 21 février pour lancer l'année de commémorations.
Dimanche, dès 06h30, au bois des Caures, une "évocation historique" réalisée par l'association Connaissance de la Meuse lancera la journée, au cours de laquelle une messe sera célébrée à l'ossuaire de Douaumont, nécropole nationale où reposent les ossements de 130.000 soldats, français et allemands, tombés pendant la bataille.
Le lendemain, le Mémorial de Verdun, rehaussé d'un étage et doté d'une nouvelle scénographie, rouvrira ses portes après plus de deux années de fermeture. Inauguré en 1967, le bâtiment avait été conçu et cofinancé par les associations d'anciens combattants qui venaient s'y recueillir et se souvenir.
Avec la disparition des témoins - Lazare Ponticelli, le dernier poilu, s'est éteint en mars 2008 -, il était "devenu nécessaire de transformer le Mémorial", explique son directeur Thierry Hubscher, qui salue l'ouverture d'un "lieu de mémoire franco-allemand, pédagogique, empreint d'émotion et accessible à tous". Transmission et pédagogie seront les maîtres-mots de l'année 2016, comme le souligne M. Todeschini, pour qui il est "primordial de transmettre le souvenir de cet épisode de notre Histoire".
Pour le point d'orgue des commémorations, Verdun se parera des couleurs de l'amitié franco-allemande, immortalisée sur ses terres lorsque François Mitterrand et Helmut Kohl, dans une image devenue historique, se prirent la main en septembre 1984.Trente-deux ans plus tard, François Hollande et Angela Merkel, ainsi que des milliers d'enfants, français et allemands, viendront y célébrer la paix.
Les deux dirigeants se retrouveront le 29 mai - une date déjà choisie par le général de Gaulle lors du cinquantenaire -, un mois avant la commémoration officielle d'une autre bataille encore plus meurtrière, celle de la Somme, prévue le 1er juillet. Pour souligner l'importance de la transmission aux jeunes générations, quelque 4.000 enfants, 3.000 français et 1.000 allemands, sont invités. Ils participeront à une chorégraphie du réalisateur allemand Volker Schlöndorff.
Ces jeunes "seront acteurs, ils seront là pour participer à la transmission, à la paix", précise M. Todeschini. L'orchestre pour la paix du chef Daniel Barenboïm sera aussi présent. Après ce point d'orgue qui, espère-t-on dans la Meuse, aidera à faire venir des touristes du monde entier, place sera faite en octobre à la mémoire des soldats des troupes coloniales tombés à Verdun.
Parmi les tirailleurs sénégalais, plus de 30.000 hommes y ont trouvé la mort, et la nécropole de Douaumont abrite aussi un carré musulman. "Toutes les conditions, toutes les opinions, toutes les religions sont à Verdun", avait lancé Jacques Chirac en 2006.
Entre-temps, la ville de Verdun célébrera le centenaire de la remise de la Légion d'honneur à la cité, le 13 septembre, précise Vincent Jacquot, chargé de promotion pour le département.La Meuse avait déjà accueilli quelque 450.000 touristes de mémoire en 2014, l'année du centenaire du début de la Grande Guerre, soit le double d'une année "normale".
Cette année, "les images de François Hollande et Angela Merkel vont faire le tour du monde", pronostique M. Jacquot. Et donner, espère-t-il, à au moins autant de personnes qu'en 2014 l'idée de venir fouler le sol des champs de bataille, où la nature se dispute à l'Histoire les cratères des obus.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.