"Chacun sa vie" : Éric Dupond-Moretti dans le nouveau tourbillon de Claude Lelouch (VIDÉO)
"À l’âge que j’ai, je cours moins vite, je fais moins le fou physiquement, mais j’ai le sentiment que mon cerveau va de plus en plus librement à l’essentiel", dit-il. Claude Lelouch, 79 ans, est plus vif, plus optimiste, plus fou et plus "lelouchien" que jamais dans son 46e film, Chacun sa vie, qui sort ce mercredi 15 sur les écrans.
Le réalisateur d'Un homme et une femme aime les films choraux et la moitié du cinéma français se damnerait pour apparaître quelques minutes devant sa caméra. Ici c'est le cas, plus que jamais, avec une trentaine d'acteurs qui défilent –comme dans une vidéo de présentation de l'annuaire du show-biz.
Le film raconte, pendant quelques jours sur fond de festival de jazz dans les rues de Beaune (Côte d'or), les histoires de personnages qui, en fin de film, vont se retrouver ensemble pour un procès d'assises: le président de la cour, ses assesseurs, les jurés, l'avocat général, l'avocat et le public. Chacun, dans ce moment particulier où il s'agit de juger un homme, a sa part d'ombre, de casseroles, de secrets, de destin heureux ou de rêves contrariés.
On suit donc un sosie de Johnny Hallyday. Un avocat alcoolique. Un médecin qui prône les histoires drôles et les bonnes nouvelles pour aider à guérir. Une prostituée qui décide de prendre sa retraite. Un type prêt à tout pour sauver son permis de conduire. Une femme qui découvre que son mari la trompe avec un jeune homme. Trois personnes qui se retrouvent dans la même ambulance. Des copains qui disputent une partie de poker. Un avocat général inflexible qui va fléchir. Une animatrice de radio qui ne veut pas se réconcilier avec son ex. Une infirmière qui gagne au Loto. Un maire qui se fait remplacer par son frère jumeau. Une femme qui souffre et paie un tueur pour abréger ses souffrances. Un taxi à qui ses clients racontent des bouts de leur vie…
Lelouch est un habitué des personnages et histoires multiples, mais ici plus que jamais ça part dans tous les sens. "C’est un film à sketches qui ne devait surtout pas ressembler à un film à sketches, car chaque petite histoire nourrit la grande qui se cristallise dans un tout qui prend son sens à la fin", explique-t-il.
Certaines de ces histoires –souvent présentées sous forme de dialogues entre deux personnages, visages en gros plan– sont drôles, émouvantes, inattendues, certaines autres sont moins réussies. Il y a un peu de tout dans ce film, avec la petite musique lelouchienne (destin et hasard, signes du zodiaque, mots d'auteur, considérations sur le mariage, séduction et disputes, séparations et réconciliations) et ce sentiment que la vie ressemble au Rubik's cube qu'on voit sur l'affiche. Lelouch croit en "l'incroyable fertilité du chaos" pour raconter des histoires, en affirmant avoir "essayé de faire un film sur le positif dans une période où tout le monde s'accroche au négatif".
Il y a 13 personnages principaux (c'est le nombre fétiche de Lelouch, on le sait) mais au total ce sont une trentaine d'acteurs qui défilent, dans un tourbillon qui donne le vertige: par ordre d'apparition à l'écran Eric Dupond-Moretti, Johnny Hallyday, Nadia Farès, Jean Dujardin, Christophe Lambert, Antoine Duléry, Marianne Denicourt, Raphaël Mezrahi, Rufus, Chantal Ladesou, Gérard Darmon, Julie Ferrier, Stéphane De Groodt, Samuel Benchetrit, Jean-Marie Bigard, Déborah François, Liane Foly, Francis Huster, Mathilde Seigner, Pauline Lefèvre, Ramzy Bedia, Michel Leeb, Vanessa Demouy, Philippe Lellouche, David Marouani, Béatrice Dalle, Elsa Zylberstein, Vincent Perez, Zinedine Soualem, William Leymergie, Isabelle Pasco, et Kendji Girac dans son propre rôle.
Il n'y a pas de personnage principal ou de personnages secondaires, mais deux acteurs sortent du lot: Johnny Hallyday, plus vivant que jamais, décontracté et drôle, qui joue à la fois son propre rôle et celui de son sosie; et l'avocat Éric Dupond-Moretti, qui fait des débuts remarqués au cinéma et est à l'origine du film. En effet Lelouch raconte que c'est en assistant à l’une de ses plaidoiries en cour d'assises qu'il a eu l'idée de cette histoire: "J’ai observé tous les gens présents dans cette salle, de l’accusé à l’avocat général en passant par les jurés, le public, le greffier, et je me suis dit: +Au nom de quoi ces gens jugent-ils un autre homme? Quelle est leur vie? N’ont-ils pas, eux aussi, des choses à se reprocher?+ Cela m’a donné envie de faire un film sur la fragilité de nos jugements".
Lelouch a tourné son film en 26 jours, avec l'aide des apprentis cinéastes de l'école qu'il a créée à Beaune, les Ateliers du cinéma. Une volonté de transmettre son savoir et son énergie à la jeune génération, mais aussi de lui montrer qu'il est toujours là, ce cinéaste fécond et inimitable qui continue de mordre la vie et le cinéma à pleines dents. "Je vais avoir 80 ans!", dit-il. "Je sais que la vie est une course, je me rapproche de la ligne d’arrivée. Or dans une course, ce qu’il faut réussir, c’est le sprint! C’est ce qui fait de vous un gagnant ou un perdant. À l’âge que j’ai, il ne faut surtout pas ralentir. Je suis bien décidé à courir de plus en plus vite, jusqu’à ce que mon coeur explose en vol. Ce sera une fin formidable!"
(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):
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