"Docteur Frankenstein" : créature imparfaite (VIDEO)
"Vous connaissez tous l'histoire". Les premiers mots résument la difficulté que représente le fait de s'attaquer à une légende aussi célèbre que celle de Frankenstein. Même ceux qui n'ont pas vu le classique de James Whale (1931) ou autre adaptation de l'œuvre de Mary Shelley (Frankenstein ou le Prométhée moderne, 1818) en connaissent l'essentiel de la trame: "un savant fou, un éclair, une créature impie". Beaucoup s'y sont cassé les dents.
Cédant à la mode des prequels, Paul McGuigan (réalisateur de Slevin et de la série Sherlock) a pris le parti avec Docteur Frankenstein (ce mercredi 25 sur les écrans français) de conter l'histoire du savant fou (interprété par James McAvoy, Le Dernier roi d'Ecosse, X-Men: Days of Future Past) et la genèse de la création du monstre. Cela au travers des yeux de son serviteur bossu, Igor (Daniel Radcliffe, le héros de Harry Potter, Horns).
Avec des libertés qui en laisseront plus d'un dubitatif. Igor, bête de foire dans un cirque, ne reste bossu que le temps d'une séance d'ostéopathie éclair et se révèle être un prodige de l'anatomie. Un allié précieux pour le bon docteur, à qui il n'ose rien refuser en paiement de sa dette et trop heureux de pouvoir pratiquer sa passion.
Igor est partagé entre cette reconnaissance et l'horreur qu'inspirent les projets de Frankenstein. Daniel Radcliffe assume bien le rôle, même si sa perpétuelle expression de bonté soumise aurait mérité quelques nuances. James McAvoy est plutôt convainquant en savant fou, plus jeune, bien plus exubérant et parfois drôle que dans les précédentes adaptations. Les frontière entre l'ambition, le génie et la folie, l'obsession qui fait ignorer le bon sens, sont plutôt bien exploitées.
Mais le film ressasse un peu trop ces mêmes thèmes, au risque de tourner en rond. D'autres aspects auraient mérité un peu plus de développement. Notamment Andrew Scott (le Moriarty de la série Sherlock, vu aussi dans 007 Spectre) et son rôle de policier fanatique religieux.
Une bonne dose de fraîcheur dépoussière tout de même le mythe et sert un film qui aurait vite pu sombrer dans le ridicule et le côté "carton-pâte" de Frankenstein. Car Victor Frankenstein n'opère pas dans son sinistre château avec sa blouse blanche en écoutant son propre rire maléfique. Il est un fils de bonne famille anglaise, et se prend pour un avant-gardiste incompris. Ses motivations sont également plus profondes que la simple mégalomanie.
La réaction que provoquent ses idées sur une société londonienne puritaine est illustrée avec plus de finesse qu'une horde de villageois forçant l'entrée du château de Frankenstein.
Toujours est-il que le scénario montre assez vite ses limites et s'égare dans quelques lieux communs comme une histoire d'amour inutile entre Igor et une trapéziste (Jessica Brown Findlay, The Riot Club, Downtown Abbey).
Mais compte tenu de la difficulté du sujet, cela aurait pu être bien pire. S'attaquer à ce classique semblait aussi complexe que d'espérer créer la vie avec des bouts de cadavres et un paratonnerre. Dans les deux cas, la créature a le mérite d'exister, mais est loin d'être parfaite.
(Voir ci-dessous la bande-annonce du film):
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