Après le succès fulgurant de Bereal, des craintes sur la protection de la vie privée
Bereal est la nouvelle application mobile de réseau social à la mode. Elle continue à gagner des utilisateurs à vitesse grand V, mais à mesure que sa popularité augmente, des problèmes commencent également à être signalés, notamment concernant la protection de la vie privée des utilisateurs.
Un succès fulgurant qui dévoile quelques problèmes
Avec plus de 27 millions de téléchargements dans le monde, cette application est aujourd´hui déjà plus téléchargée que Facebook dans certains pays. Le principe est simple : on ne peut qu’une photo par jour, sans pouvoir décider quand, et en ne montrant que l’instant “réel”, sans filtre, sans mise en scène, sans montage. C’est la plateforme qui décide de l’heure de publication et on ne peut publier qu’une fois par jour.
Pas de “stalkage” possible : pour voir des photos de vos amis, vous devez aussi publier une photo. Alors que ce fonctionnement plus restreint et authentique a convaincu des montagnes d’utilisateurs, des craintes liées à une exposition trop importante de la vie privée commencent aussi à apparaître. La BBC a déjà identifié quelques problèmes auxquels des utilisateurs novices pourraient se heurter.
Un réseau social trop "réel” expose davantage la vie privée
Alors que certains utilisateurs tentent, et réussissent à partager leurs photos de leur "vraie vie”, seulement avec leurs “vrais amis”, d’autres peuvent risquer de révéler des informations trop personnelles, en laissant leurs publications ouvertes.
Pour Emma Green, experte en protection des données chez Cyber Data Law Solicitors, les caractéristiques de cette plateforme devraient pousser ses utilisateurs à redoubler d’attention par rapport à ce qu’ils montrent dans les arrières plans réels de leurs photos. "C'est définitivement une mauvaise idée de prendre un BeReal sur l'écran de votre ordinateur de travail”, explique la spécialiste. Le fonctionnement de Bereal pose aussi question concernant des personnes tierces présentes sur les photos, par exemple, sur un lieu de travail ou d'études. À la différence d’autres plateformes, Bereal ne publie que des photos au moment même où elles ont été prises, ce qui donne des informations clés sur la position des personnes à l'heure exacte de leur publication.
Des craintes de sécurité liées à la localisation
Pour un utilisateur dont l’identité réelle a été cachée pour garder son anonymat, étudiant en BTS, Bereal est la plateforme idéale pour trouver ses amis, car il peut savoir où se trouvent ses amis à l’heure où ils publient. S’ils sont à l'extérieur, et qu’il est aussi dans le coin, il leur dira de se retrouver, et au contraire, s’ils sont à la maison et lui aussi, cela pourrait indiquer qu’ils sont disponibles pour tchater ensemble.
Ces usages semblent plutôt pratiques, mais ils ne le sont pas lorsqu'il s’agit d’inconnus qui ont accès à ces informations et peuvent connaître avec certitude où se trouve la personne, souvent parfaitement identifiable au moment de sa publication. Des informations sur la localisation de la personne tombées entre de mauvaises mains, peuvent être utilisées à leur insu.
Même en étant privées, les données générées sont trop "réelles"
Pour Emma Green, même si l’on croit que l’on partage des photos confidentielles entre amis et personnes de confiance, dès que quelque chose est publié, on ne peut jamais être sûr de qui le verra. Non seulement des captures d'écran peuvent être réalisées ou être vues par une personne ayant accès au téléphone de nos amis, mais des pirates pourraient aussi commencer à se servir de cette précieuse source d’information pour dérober des données sensibles. “Même si vous aviez l'intention de poster une image innocente, partagée entre amis, vous pourriez avoir des problèmes,” alerte l’experte en cybersécurité. Alors, si l'expérience de partager des Bereals vous tente, redoublez d’attention à l'heure de partager vos photos, des informations confidentielles pourraient être exposées.
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