i>Télé : fin de la grève, quel avenir pour la chaîne ?

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 17 novembre 2016 - 19:17
Image
Le logo de i télé.
Crédits
©Kenzo Tribouillard/AFP
Plus de 35 journalistes, soit près d'un tiers de la rédaction, ont déjà annoncé leur départ.
©Kenzo Tribouillard/AFP
Au lendemain de la fin de la grève des salariés d'i>Télé, les incertitudes sont nombreuses quant à l'avenir de la chaîne. Au total, plus de 35 journalistes, soit près d'un tiers de la rédaction, ont déjà annoncé leur départ.

Comment la rédaction d'i>Télé, "meurtrie" par un long conflit mais aussi décimée par le départ annoncé de près d'un tiers de ses journalistes, va-t-elle reprendre le travail après un mois de grève?

>Qu'ont obtenu les salariés?

Le protocole d'accord entre salariés et direction a été signé ce jeudi 17 après-midi et entérine la reprise du travail après 31 jours d'une grève historique. Le travail reprend jeudi après-midi et le direct devrait suivre. Les grévistes réclamaient des garanties d'indépendance de leur rédaction vis-à-vis de leur actionnaire: "la signature d'une charte éthique, la nomination d'un directeur de la rédaction distinct du directeur général, la mise en retrait de l'antenne de Jean-Marc Morandini et la définition d'un projet stratégique et éditorial clair et précis".

Ils ont obtenu la nomination d'un directeur délégué à l'information (pour lequel il n'y a pas encore de candidat, selon Maxime Saada, directeur général du groupe Canal+) et la rédaction d'une charte éthique d'ici à quatre mois (rendue obligatoire par la loi sur la liberté des médias). "Ce n'était pas une grève pour rien", a estimé jeudi sur Europe 1 le journaliste Guillaume Auda, porte-parole des grévistes, qui a annoncé son départ.

"Je pense qu'il s'agit d'une victoire parce qu'on a installé dans le temps un mouvement digne. On a réussi à inscrire dans le marbre de ce protocole d'accord le mot +indépendance+. Indépendance à l'égard des pressions économiques, des pressions politiques et des intérêts de nos actionnaires". Avant de céder sur ces points, la direction du groupe Canal+ avait d'abord proposé de meilleures conditions de départ à ceux qui ne partageaient pas le projet de la chaîne.

"On n'a pas fait le choix de partir, ce sont eux qui nous mettent dehors", a déclaré sur Europe 1 le journaliste Milan Poyet, qui va quitter la chaîne. "Ils nous ont contraint à négocier un volet social. C'était +vous êtes pas contents, barrez-vous+", a expliqué une source syndicale à l'AFP. "Cet accord, c'est de la merde".

>Quid de Morandini?

C'est l'arrivée début octobre de l'animateur Jean-Marc Morandini, mis en examen pour "corruption de mineur aggravée", qui a mis le feu aux poudres. Ses premières émissions en pleine grève ont valu à la chaîne une mise en demeure du CSA pour "manquements aux exigences d'honnêteté et de rigueur". La direction a préféré écarter l'animateur de l'antenne et son retour est désormais lié au lancement du projet CNews, le nouveau nom que doit prendre i>Télé.

Quand elle reprendra, l'émission de Morandini sera soumise à "la même rigueur que le reste des programmes de la grille", a assuré Maxime Saada, ajoutant que la principale raison de son embauche était sa capacité à attirer de l'audience. La direction a également accordé que personne ne serait obligé de travailler avec l'animateur, établissant ce que la rédaction appelle un "cordon sanitaire" autour de l'animateur.

Quelques heures après l'annonce de la fin de la grève, l'animateur annonçait son retour dans un tweet: "Retour en France après ces journées à suivre l'élection US. C'était éprouvant mais passionnant".

>Quel projet éditorial?

La priorité est désormais le lancement de CNews, à une date non définie. Maxime Saada a assuré que la chaîne resterait une chaîne d'info en continu avec "une coloration éditoriale un peu différente de ses concurrentes".

Pour relancer i>Télé, largement déficitaire depuis plusieurs années et en perte d'audience, il souhaite faire plus de place au sport, avec probablement une émission hebdomadaire ou bihebdomadaire, la culture, le cinéma, "sans doute la musique, potentiellement l'international". L'idée est de s'appuyer sur le groupe Canal+, pour faire des synergies et lancer ce projet éditorial à coûts constants, explique-t-il.

Avec quelle équipe?

Plus de 35 journalistes, soit près d'un tiers de la rédaction, ont déjà annoncé leur départ. "Beaucoup se posent des questions, il y aura sûrement une soixantaine de départs", estime Milan Poyet. La chaîne d'info se retrouve presque sans encadrement, avec le départ de six rédacteurs en chef et deux chefs de service. De nombreux visages d'i>Télé quittent également la chaîne, comme le journaliste politique Jean-Jérôme Bertollus ou les présentateurs Mickaël Darmon, Florent Pfeiffer et Amandine Bégot, partie pour LCI.

La direction s'est engagée à remplacer les partants par des journalistes en CDI sous 4 mois, en donnant la priorité aux pigistes et CDD pour l'embauche. "Ils pensent qu'ils ont un vivier chez Direct Matin, pour remplacer des contrats de journalistes chez i>Télé", croit savoir une source syndicale. A noter que le protocole d'accord prévoit la séparation des rédactions du groupe.

 

À LIRE AUSSI

Image
Le logo de i télé.
i>Télé : les salariés votent la fin de la grève
Après 31 jours de grève, les salariés d'i>Télé ont voté ce mercredi la fin du mouvement à l'unanimité moins deux abstentions. "La société des journalistes d'i>Té...
16 novembre 2016 - 13:47
Culture
Image
Le logo de i télé.
Grève à i>Télé : le gouvernement a reçu les dirigeants de la chaîne
Alors que les salariés d'i>Télé viennent de reconduire la grève jusqu'à mardi midi, le gouvernement a reçu ce lundi les dirigeants de la chaîne pour tenter de résou...
14 novembre 2016 - 18:26
Culture
Image
Le logo de i télé.
I>TELE : les salariés s'apprêtent à entrer dans leur 5e semaine de grève
Les salariés d'i>TELE ont reconduit jeudi 10 leur grève jusqu'à lundi 14, où leur mouvement entrera dans son 29e jour, égalant en durée le long conflit qui a paraly...
11 novembre 2016 - 10:30
Culture

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.