Vie privée : Clubhouse oblige à partager les contacts de son téléphone et offre des suggestions de contacts suspectes
Nous vous avons déjà parlé de Clubhouse, le nouveau réseau social “vocal” qui permet aux chanceux (surtout des célébrités) qui ont reçu une invitation de discuter en groupe et en direct...
Avec quelque 2 millions d’utilisateurs dans le monde, et surtout des personnalités comme Elon Musk, qui diffuse ses remarques audio, la popularité de cette plateforme ne cesse d’augmenter. Elon Musk a récemment été invité par Kanye West à bavarder, et leur discussion a été suivie par le maximum de 5.000 personnes. Des « pièces » secondaires ont même été ouvertes. Elon Musk, fidèle à son comportement très libre sur les réseaux sociaux, à même invité le président russe à rejoindre pour une conversation sur Clubhouse. Malheureusement, comme pour la plupart des réseaux sociaux, il existe des doutes sur la sécurité de la plateforme.
Un réseau social plus confidentiel que Whatsapp?
Dans un contexte où les utilisateurs sont de plus en plus conscients de l’utilisation que font les plateformes de leurs données, et où on commence à pénaliser les plateformes qui n’ont pas de politiques de confidentialité a la hauteur, questionner la protection de la vie privée de ce nouveau reseau social est une demarche logique.
Ce travail d’audit a déjà été commencé par Will Oremus de la plateforme Onezero , qui alerte clairement: “l'une des premières choses que l'application vous demandera de faire est de lui accorder l'accès aux contacts de votre iPhone. (...)Vous n'êtes pas obligé de le faire, mais si vous ne le faites pas, vous perdez la possibilité d'inviter quelqu'un d'autre à Clubhouse.
Une fois que vous avez accepté de télécharger le carnet d'adresses de votre téléphone, Clubhouse l'utilise pour recommander des personnes à suivre qui sont déjà sur l'application, ce qui est une pratique courante pour les applications sociales de nos jours. Mais il devient vite évident que Clubhouse va également plus loin, d'une manière à la fois créative et un peu effrayante...”
Sur Clubhouse votre vie privée dépendra aussi de combien de vos contacts font attention à leur vie privée
Si quelqu'un à votre numéro de téléphone dans ses contacts et qu'il a autorisé Clubhouse à accéder à ses contacts, il recevra une notification lorsque vous rejoindrez l'application et une recommandation pour vous suivre.
Clubhouse vous encourage également à connecter vos comptes Twitter et Instagram, ce qui pourrait être un autre moyen pour vous de trouver des personnes (ou de permettre à d’autres personnes de vous trouver).
Cette méthode pour trouver des contacts sur cette plateforme peut aboutir à des recommandations surprenantes et suspectes. Ainsi, à chaque fois qu’une personne enregistrée dans le carnet d’adresses de votre téléphone créé un compte sur l’application, une notification vous sera envoyé pour créer une “room “(un chat vocal) avec elle. Par exemple, si votre patron est sur Clubhouse, il recevra peut-être une notification lorsque vous rejoindrez la plateforme...
Contrairement à Facebook, Clubhouse ne dispose pas d'un ensemble de paramètres et de moyens de garder votre profil raisonnablement verrouillé si vous le souhaitez. En théorie, sur Facebook, il n’est même pas nécessaire d’associer son numéro de téléphone à son profil.
Attention: des conversations non cryptées
Le spécialiste en privacité de données, Alexander Hanff confirme que les conversations Clubhouse sont enregistrées et non conformes au RGPD. Clubhouse enregistre toutes ces conservations dans l’objectif de les modérer. L’application dit les supprimer directement une fois la room fermée, et ne les conserver temporairement que si un incident est reporté par un utilisateur, à des fins d'enquête. Alexander Hanff explique “il est clair que les messages audio ne sont pas cryptés de bout en bout.”Les violations du RGPD sont au niveau de l'article 5 (principe de sécurité, principe de proportionnalité et principe de nécessité), de l’article 6 (consentement invalide en raison de l'accès à la prestation de services et donc pas de base juridique valide), de l’article 25 (protection des données par conception et par défaut).
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