Juliette Gréco fête ses 89 ans sur scène à Paris
Juliette Gréco va fêter dimanche ses 89 ans sur la scène du Théâtre de la Ville de Paris dans le cadre d'une tournée d'adieux lancée au printemps dernier qu'elle ne semble pas pressée de voir prendre fin. Souffler ses bougies sur la prestigieuse scène parisienne, "c'est magique, c'est inattendu parce que je devrais être morte depuis longtemps!", glisse-t-elle à l'AFP dans un petit sourire malicieux. "Ca me prouve que je suis encore vivante, et ça me prouve aussi que je n'ai pas été complètement inutile dans ce métier", ajoute la "Muse de Saint-Germain-des-Prés", dans les coulisses de l'auditorium du Musée du Louvre où France Inter lui a rendu hommage vendredi 5 au soir.
Une dizaine de chanteurs, musiciens et comédiens se sont succédé pendant deux heures pour célébrer la "Jolie Môme" et ses chansons. Parmi eux: Miossec, auteur du texte de la chanson Merci récemment enregistrée par la chanteuse, Olivia Ruiz, qui a écrit par le passé deux chansons pour elle mais aussi Vianney, qui a repris Jolie môme.
Après les avoir applaudis depuis la salle, visiblement émue, Gréco est montée à son tour chanter Merci, accompagnée comme toujours au piano par son mari, Gérard Jouannest, 82 ans. Une longue standing ovation a suivi les derniers mots de cette chanson d'au revoir: "merci pour la poésie, le vent, la vie".
La chanteuse enchaîne les concerts depuis le printemps dernier avec le désir de repasser par tous les lieux emblématiques de sa carrière démarrée en 1949. Déjà passée par trois salles de la capitale en décembre, elle a choisit l'écrin du Théâtre de la Ville pour cette date particulière du 7 février, celle de son anniversaire. C'est sur cette scène qu'elle a créé en 1968 l'une de ses chansons les plus célèbres, la très libre et espiègle Déshabillez-moi.
Avant cela, elle s'offrait samedi une nouvelle soirée au Musée du Louvre, auquel son nom reste lié depuis son rôle dans la série télévisée Belphégor ou le Fantôme du Louvre dans les années 1960. Elle devait donner un récital dans la galerie Daru, face à la Victoire de Samothrace. "A 17 ans, j'allais souvent au Louvre. Sans doute allais-je draguer la beauté", explique Juliette Gréco, particulièrement fascinée par un tableau du Titien, L'Homme au gant. "J'aimais cet homme!", affirme cette grande amoureuse.
Sa tournée d'adieux à la scène repassera de nouveau par la capitale cette année: le Casino de Paris le 17 avril puis la salle Pleyel le 9 décembre. Elle doit aussi aller au Japon et en Grande-Bretagne en juin. Comme un signe que, comme d'autres avant elle, elle a bien l'intention de faire durer ce dernier tour de piste. Si elle n'affiche actuellement qu'une "petite" forme, comme elle l'a confié au micro de France Inter, sa voix et son énergie semblent toujours bien présentes dès qu'elle monte sur scène.
"Je dis non à ce qui m'est le plus cher, à quelque chose d'essentiel pour moi, mais je veux partir debout, avec le plus d'élégance possible", avait confié l'an dernier la chanteuse au célèbre regard en "oeil de biche", juste avant le coup d'envoi de la tournée en ouverture du Printemps de Bourges.
La "Jolie Môme" avait rappelé son désir de faire ce qu'elle juge "utile et beau": sa seule ligne de conduite aujourd'hui comme dans l'après-guerre, une époque où ses pantalons et son franc parler en faisaient l'une des égéries du Saint-Germain-des-Prés intellectuel de Boris Vian, Jean-Paul Sartre et Simone de Beauvoir.
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