Des Irakiens heureux de retrouver les soldats avançant vers Mossoul
Aux abords d'un village tout juste repris par les forces irakiennes près de Mossoul, un policier fait des signes à un petit groupe de civils qui approchent en marchant lentement, certains tenant un drapeau blanc de fortune.
Ces Irakiens en fuite sont les premiers à approcher la localité d'Al-Bousseif après sa libération des jihadistes du groupe Etat islamique (EI) par les troupes gouvernementales qui avancent vers la périphérie sud-ouest de Mossoul, la deuxième ville d'Irak.
Dans les rangs des militaires et des policiers, la suspicion est palpable à mesure que les civils se rapprochent, le long d'une route de terre tout près de la rive occidentale du fleuve Tigre, au sud de la cité septentrionale.
Un drone bourdonne dans les airs, effectuant des allers-retours au dessus des civils et membres de la Force d'intervention rapide (FIR) qui le commande.
Aux hommes et jeunes garçons qui arrivent en premier, la police demande de s'arrêter et de relever leur chemise pour vérifier qu'ils ne portent pas de ceinture explosive et ne sont pas des kamikazes de l'EI.
Deux agents s'approchent alors d'eux, les fouillent au corps et examinent leur carte d'identité avant de les laisser entrer dans le village d'Al-Bousseif.
"On est resté coincé à la maison pendant deux jours, on ne pouvait pas sortir à cause des bombardements", a expliqué à l'AFP l'un des civils, Ahmed, 45 ans.
- Avions, obus, fumée -
Selon lui, des membres irakiens de l'EI ont fui dimanche son village de Khraybeh dès le début de l'offensive pour reprendre la partie occidentale de Mossoul aux jihadistes. Mais les membres étrangers de l'organisation extrémiste y étaient encore là lundi soir.
"La nuit dernière, ils sont entrés de force chez moi pour se cacher (de la surveillance) des avions, ils sont entrés en pointant leur arme sur nous", dit-il.
Le village d'Ahmed est situé sur les quelques km séparant les forces de sécurité de l'aéroport, un objectif majeur dans l'opération de reconquête de la totalité de Mossoul.
Jusqu'à présent, des unités de l'armée et de la police fédérale ont avancé par le sud, dans une campagne peu peuplée.
La partie orientale de Mossoul a été reprise à l'EI en janvier, après trois mois de combats et de bombardements aériens.
A Al-Bousseif, l'ambiance est détendue, malgré les bruits occasionnels de tirs d'obus de mortier.
Des avions militaires passent au-dessus des têtes et des colonnes de fumée s'élevant de Mossoul sont visibles au loin.
Des murs de maisons, troués par des éclats d'obus, portent les stigmates des combats.
Près du corps d'un jihadiste, partiellement recouvert d'une bâche bleu, deux policiers se photographient, tout sourire.
Un autre marche nonchalamment avec, en main, un lapin noir et blanc trouvé dans une maison du village.
- 'Nous y sommes!' -
Néanmoins les forces de sécurité restent en alerte en cas de contre-attaque ou de tentative d'infiltration de jihadistes.
Le lieutenant Ahmed Najah, membre des FIR, commandait le petit drone blanc qui a survolé les civils, à l'affût de tout signe suspect.
"Les civils que vous venez de voir sont les premiers déplacés à venir vers nous", explique-t-il à l'AFP. "Nous avons surveillé la zone avec le drone pour repérer les mouvements ennemis".
"Nous pouvons aussi voir si des combattants de l'EI se cachent parmi eux (...) J'essaie de faire voler le drone aussi bas que possible pour savoir ce qu'ils portent sur eux".
Après avoir contrôlé les arrivées et offert des cigarettes et de l'eau, un soldat accepte de prêter son téléphone à un villageois pour qu'il puisse appeler ses proches.
L'homme crie dans l'appareil lorsqu'il parvient à contacter sa famille: "Nous y sommes! Nous sommes avec l'armée et ils vous disent de venir!"
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