Inde : l'opposant Rahul Gandhi impute à Modi son expulsion du Parlement
Le dirigeant d'opposition indien Rahul Gandhi a déclaré samedi qu'il continuerait à défendre la démocratie après avoir attribué la perte de son siège au Parlement à ses appels en faveur d'une enquête sur les liens entre le Premier ministre Narendra Modi et un magnat accusé de fraude.
Rahul Gandhi a été banni du Parlement indien vendredi en raison de sa condamnation à une peine de prison pour diffamation, après une remarque faite lors de la campagne électorale de 2019 dans l'État du Gujarat (ouest) - dont le Premier ministre est originaire.
Le gouvernement de M. Modi est régulièrement accusé d'utiliser la justice pour cibler et museler ses détracteurs. L'éviction de M. Gandhi survient au moment où la relation de M. Modi avec l'un des industriels les plus puissants du pays interroge.
Le parti du Congrès accuse M. Modi d'avoir encouragé l'ascension rapide de Gautam Adani, permettant au milliardaire, lui aussi originaire du Gujarat, de remporter injustement des contrats et d'éviter un contrôle approprié.
Son groupe a perdu jusqu'à environ 120 milliards de dollars en valeur depuis la publication d'un rapport du groupe d'investissement américain Hindenburg Research le 24 janvier, faisant état de "manipulation éhontée des actions" et de "fraude comptable sur plusieurs décennies".
"S'il vous plaît, comprenez pourquoi j'ai été disqualifié" en tant que membre de la Lok Sabha (chambre basse), a-t-il dit aux journalistes. "J'ai été disqualifié parce que le Premier ministre (...) a peur du prochain discours qui va venir sur Adani."
"Je défends ici la voix démocratique du peuple indien", a ajouté M. Gandhi. "Je n'ai pas peur de ces menaces." M. Gandhi a été condamné jeudi à deux années d'emprisonnement mais a pu être libéré sous caution le même jour après que ses avocats ont annoncé leur intention de faire appel.
Cependant, sa condamnation l'a rendu inéligible, ne lui permettant plus de continuer à siéger dans la chambre basse du Parlement, a annoncé le Parlement dans une note vendredi.
"Castration des institutions démocratiques"
M. Gandhi, âgé de 52 ans, est la figure de proue du parti du Congrès, mouvement politique qui dominait autrefois la politique indienne, mais dont le poids s'est aujourd'hui considérablement réduit, ayant peiné à rivaliser avec le Bharatiya Janata Party (BJP) de M. Modi et son nationalisme qui a su séduire la majorité hindoue du pays.
Lors de la campagne électorale de 2019, Rahul Gandhi avait déclaré que "tous les voleurs ont Modi comme nom de famille", remarque à l'origine de sa condamnation et qui avait été perçue comme une insulte dirigée contre M. Modi, qui avait ensuite remporté l'élection haut la main.
Des membres du gouvernement ont également soutenu que cette remarque constituait une injure envers toutes les personnes ayant pour nom de famille Modi, un patronyme associé aux échelons inférieurs de la hiérarchie traditionnelle des castes en Inde.
Ces dernières années, des actions en justice ont été intentées à de multiples reprises contre des figures de l'opposition et des institutions considérées comme critiques à l'égard du gouvernement de M. Modi.
M. Gandhi est visé par d'autres accusations de diffamation dans le pays et une affaire de blanchiment d'argent qui chemine au sein du système judiciaire indien depuis plus d'une décennie.
Rahul Gandhi "paie clairement le prix" de s'être exprimé "sans crainte", a déclaré vendredi à la presse le porte-parole du Congrès, Abhishek Manu Singhvi, dénonçant "la castration systématique et répétitive des institutions démocratiques par le parti au pouvoir".
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