La bataille de Mossoul se joue aussi dans le désert

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Par AFP
Publié le 28 février 2017 - 14:02
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Un soldat de l'armée irakienne tient une position sur une colline de Taloul al-Atshana, dans les éte
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© ARIS MESSINIS / AFP
Un soldat de l'armée irakienne tient une position sur une colline de Taloul al-Atshana, dans les étendues désertiques autour de Mossoul, le 27 février 2017
© ARIS MESSINIS / AFP

La reprise de Mossoul implique des combats rapprochés avec les jihadistes dans un tissu urbain dense, mais la défaite du groupe Etat islamique (EI) se joue aussi dans les immensités désertiques qui entourent la deuxième ville d'Irak.

Sur une crête pelée à l'ouest de Mossoul, la 9e division de l'armée irakienne progresse à découvert dans le désert pour couper la route reliant l'ouest de Mossoul à Tal Afar, une ville encore contrôlée par l'EI.

Le but de la manoeuvre? Empêcher les jihadistes encore à Mossoul-Ouest de se ravitailler ou de fuir au fur et à mesure que les forces irakiennes avancent dans leur offensive lancée le 19 février.

"Cette bataille n'est pas facile", reconnaît le général Qassem al-Maliki, commandant de la division.

"Honnêtement, la progression est lente. Le problème, c'est le terrain, pas l'ennemi. Cela parait facile, mais c'est un terrain exposé où il n'y a aucune route. A chacun de nos déplacements, les bulldozers doivent nous frayer un chemin", explique-t-il.

Dans la plaine aride qui s'étend en contrebas, un convoi interminable de tanks et de véhicules blindés avance lentement dans le désert en suivant un bulldozer noyé dans un nuage de sable.

D'ordinaire, Taloul al-Atshana offre à la 9e division un point d'observation stratégique sur la province de Ninive et son chef-lieu Mossoul, dernier grand fief de l'EI dans le nord de l'Irak cible depuis le 17 octobre d'une vaste offensive des forces irakiennes appuyées par la coalition internationale emmenée par Washington.

Mais ce lundi, cette vue est progressivement obstruée par l'épaisse fumée noire des feux déclenchés volontairement par les jihadistes pour compliquer la tache des avions et hélicoptères.

- Apocalyptique -

Dans ce paysage quasi-apocalyptique, on ne distingue de Mossoul que le haut d'un pylône électrique et d'un château d'eau.

"Ils veulent nous échapper en brûlant du pétrole et en créant cette fumée", explique le général.

Assis sur une chaise en plastique rouge, un talkie-walkie dans chaque main, le général Abdoulrazzaq coordonne les frappes menées par les hélicoptères. Casquette de baseball vissée sur la tête, lunettes de soleil d'aviateur, il distille instructions et d'encouragements.

"Allez vas-y, tu es un héros, donne-moi un bon résultat", lance-t-il à l'un des pilotes.

Le général Abdoulrazzaq ne souhaite pas donner son nom de famille. Comme beaucoup de membres des forces de sécurité, il s'inquiète pour la sécurité de sa famille.

Un appel retentit sur un de ses talkies-walkies: "Il y a un groupe de combattants derrière le convoi, il faut qu'on s'en occupe!"

"Ok, Ok", répond le général, s'emparant de son deuxième appareil pour coordonner les frappes d'un hélicoptère. "Alors, le résultat?", demande-t-il au pilote qui répond: "sept morts, tous des combattants".

- Soutien américain -

Selon le commandant de la 9e division, ses forces ont avancé sur quelque 13 km ces six derniers jours, prenant le contrôle de dix villages et d'une centrale électrique de l'EI.

Il faudra encore quelques jours pour atteindre et sécuriser la route Mossoul-Tal Afar, selon lui.

A proximité de sa division, une équipe de soldats américains s'active pour une mission "de conseil et d'assistance".

"Ils m'accompagnent où que j'aille, il y a une coordination continue", explique le commandant Maliki, précisant que des Irakiens ont également intégré la coalition internationale pour mieux guider ses frappes.

Le colonel américain James Browning indique que ses hommes appuient les forces irakiennes sur le terrain depuis bientôt deux mois, y compris lors de la reprise totale de Mossoul-Est le 24 janvier.

"Nous nous assurons que le commandant de la 9e division bénéficie pleinement de l'appui de la coalition", explique-t-il à l'AFP.

Selon le Pentagone, environ 450 conseillers militaires américains sont actuellement engagés aux côtés des Irakiens dans la bataille de Mossoul.

Des soldats américains ont été impliqués dans certains échanges de tirs avec les jihadistes, a récemment reconnu un porte-parole.

Les défis sont multiples, selon le commandant américain, notamment les lacunes en matière de renseignement. Mais il tient à saluer "la volonté" de l'armée irakienne contre les jihadistes. "Ils ont de l'acier en eux, c'est incroyable!".

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