Lactalis : l'usine de Craon réautorisée à produire du lait infantile, Foodwatch "choquée"

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Par AFP - Paris
Publié le 04 juillet 2018 - 13:32
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L'usine de Craon appartenant au groupe Lactalis le 17 janvier 2018
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© DAMIEN MEYER / AFP/Archives
L'usine de Craon appartenant au groupe Lactalis le 17 janvier 2018
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L'usine Lactalis de Craon (Mayenne), au cœur d'une affaire de contamination aux salmonelles fin 2017, a été autorisée à reprendre sa production de poudres de lait infantile, au grand dam de l'association de consommateurs Foodwatch, "choquée" d'une telle "impunité".

"Le préfet de la Mayenne, en concertation avec le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation, a donné son accord à la reprise progressive des activités de conditionnement et de séchage des poudres de lait infantile", a indiqué mercredi le ministère de l'Agriculture et de l'Alimentation dans un communiqué.

Cette reprise de la production se fait "sans commercialisation pour le moment et sous contrôle des services d'inspection", a déclaré à l'AFP Fany Molin, porte-parole de la direction générale de l'Alimentation (DGAL), dépendant du ministère de l'Agriculture.

"Les produits infantiles fabriqués et conditionnés resteront consignés pendant une période de contrôles renforcés permettant d'obtenir toutes les garanties sanitaires requises pour leur mise sur le marché", ajoute le ministère.

Selon Mme Molin, les résultats des autocontrôles sur les produits seront tous transmis à la direction départementale de protection des populations (DDPP) de la préfecture, chapeautée à la fois par Bercy et le ministère de l'Agriculture.

"Le préfet prend son arrêté aujourd'hui et ré-autorise l'utilisation de la tour de séchage numéro 2 et des lignes de conditionnement" pour produire de la poudre de lait infantile, a-t-elle ajouté.

La tour de séchage numéro 1 du site, qui avait été contaminée par les salmonelles, est pour sa part définitivement fermée.

"Aujourd'hui, il y a eu des travaux. Ce qui était important c'est surtout que la tour numéro 1 ait été arrêtée. Compte tenu du fait qu'on a une seule tour de séchage sur le site de Craon, on a remis en place un flux des matières et beaucoup de travaux ont été faits dans ce cadre. On a aussi revu tout le plan de maîtrise sanitaire avec les autorités", a déclaré à l'AFP Michel Nalet, directeur de la communication de Lactalis.

"Il n'y a plus de chômage technique depuis un moment. On attendait avec impatience l'autorisation pour que les salariés de l'usine puissent retravailler comme avant début décembre", a ajouté M. Nalet.

- "Le règne de l'impunité" -

"On a aujourd'hui les vérifications nécessaires sur le dossier d'agrément, sur le plan de maîtrise sanitaire, sur les installations de l'usine. Tout cela est conforme et doit pouvoir permettre la maîtrise du risque, néanmoins il faut voir en fonctionnement, pour pouvoir aussi faire un certain nombre de prélèvements dans l'environnement de production, pour vérifier qu'il n'y aura pas de recontamination, pour faire des prélèvements sur les produits qui seront fabriqués", a précisé Mme Molin.

En ce qui concerne les poudres de lait pour adultes fabriquées depuis le redémarrage de l'usine fin mai, le préfet de la Mayenne a autorisé leur commercialisation, indique le ministère.

Malgré toutes les précautions oratoires du ministère comme de l'industriel et les garanties sur les contrôles avant commercialisation, l'association de consommateurs Foodwatch qui a porté plainte en février s'est déclarée "choquée" d'une telle décision.

"La précipitation dans la relance de la production de poudres de lait à Craon est choquante. C'est le règne de l'impunité de décider de la réouverture de l'usine alors que ni les conclusions de l'enquête préliminaire judiciaire ni celles de l'enquête parlementaire ne sont encore connues", a déclaré à l'AFP Karine Jacquemart, directrice générale de Foodwatch.

"La reprise de production ne fait qu'alimenter le sentiment d'impunité, c'est le contraire de ce qu'il faut faire pour restaurer la confiance des consommateurs" a-t-elle ajouté. "Il serait très grave que Lactalis et tous les acteurs impliqués s'en tirent à si bon compte", a-t-elle ajouté.

Fin 2017, 36 nourrissons ont été atteints de salmonellose après avoir bu un lait infantile des marques Picot et Milumel produit dans l'usine Lactalis de Craon en Mayenne. Les causes de la maladie de deux autres nourrissons sont encore recherchées.

La commission d'enquête parlementaire sur l'affaire doit adopter son rapport le 18 juillet.

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