Le monde de l'éducation mobilisé mardi pour dénoncer la gestion de la crise
Crise sanitaire, salaires des profs: des personnels de l'éducation nationale, rejoints par les infirmières scolaires mais aussi les lycéens et les étudiants, étaient en grève mardi et se mobilisaient partout en France pour dénoncer leurs conditions de travail.
Selon le ministère de l'Education, le taux de grévistes des enseignants s'élevait à la mi-journée à 11%.
De son côté, le Snuipp-FSU, premier syndicat du primaire, relevait un tiers de grévistes dans le premier degré. Dans le second degré, le Snes-FSU, premier syndicat, estimait ce taux à 40% des professeurs, CPE, PsyEN (psy de l'éducation nationale), AED (assistants d'éducation) et AESH (accompagnants d'élèves handicapés).
A l'appel d'une intersyndicale composée notamment de la FSU, de la CGT et de FO, de nombreux défilés étaient prévus à Paris et en régions.
Un millier de personnes, selon les syndicats, ont manifesté dans la matinée à Clermont-Ferrand derrière une banderole "urgence pour le service public de l'éducation". Parmi elles, Magali Gallais, 44 ans, CPE: "On brasse des élèves toute la journée, ils oublient souvent de mettre leur masque correctement, on est exposé au virus en permanence".
Un millier d'enseignants, animateurs, assistants d'éducation ou étudiants ont également battu le pavé à Toulouse. Nina Garnier, 43 ans et professeur des écoles, y a souligné le "manque criant de moyens, surtout depuis le début de la crise sanitaire." "Il n'y a pas de remplaçants quand les collègues sont malades. C'est un travail que j'aime, que j'ai toujours aimé mais aujourd'hui je suis épuisée".
Par un froid glacial, au moins 1.000 personnes ont défilé à Rennes. "On a eu une perte de pouvoir d"achat en dix ans de 275 euros mensuels par personne", a dénonçait Axel Benoist, le secrétaire national du Snuep-FSU (enseignement professionnel).
Dans la capitale, une manifestation devait partir des jardins du Luxembourg pour rallier le ministère rue de Grenelle.
"C'est un moment crucial pour l'éducation, il y a une vraie colère qui monte chez les enseignants qui sont très inquiets", a assuré Benoît Teste, secrétaire général de la FSU, en référence notamment au "Grenelle des enseignants" lancé par le ministre Jean-Michel Blanquer, qui doit s'achever en février.
- "Revalorisation très insuffisante" -
"Ce qui est entrepris par le ministère n'est absolument pas satisfaisant, c'est essentiellement de la communication avec une revalorisation de surface qui est très insuffisante", a regretté M. Teste.
En novembre, le ministère avait annoncé des revalorisations de salaires à partir de 2021, ciblées surtout sur les plus jeunes. Mais les organisations syndicales espèrent qu'une loi pluriannuelle, promise au moment de la réforme des retraites, viendra consacrer des hausses pérennes et substantielles pour toute la profession.
Les salaires des enseignants français sont inférieurs de 7% en début de carrière à la moyenne de ceux des pays de l'Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE).
Des étudiants devaient aussi se joindre à eux, six jours après s'être mobilisés contre les effets dévastateurs de l'épidémie de Covid sur leur vie quotidienne.
"La manifestation de la semaine dernière nous a permis d'obtenir des choses mais pas de nous faire totalement entendre, alors on poursuit la mobilisation pour que les étudiants puissent revenir en cours la moitié du temps en présentiel et l'autre en distanciel", a expliqué à l'AFP Mélanie Luce, présidente de l'Unef.
Le but "est vraiment d'éviter un échec massif (...) Reconfinement ou pas, les étudiants ont besoin de voir leurs profs", a-t-elle plaidé.
Les infirmières scolaires, qui dénoncent la gestion de la crise sanitaire, ont elles aussi appelé à se mobiliser aux côtés des enseignants.
Pour Saphia Guereschi, secrétaire générale du Syndicat national des infirmières conseillères de santé (SNICS-FSU, majoritaire), les infirmières au collège ou au lycée sont accaparées par la gestion de la crise sanitaire et doivent gérer les "phases de dépistage et de tracing", au détriment de l'accompagnement des élèves.
"La grave conséquence de cela: nos jeunes, qui vont très mal, ne peuvent plus être accueillis comme il se doit lors des consultations dans les établissements car nous ne sommes pas remplacées, il faut réagir très rapidement", a-t-elle alerté.
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