Le vote enseignant pas acquis au PS, Macron attire contre le FN

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Par AFP
Publié le 02 mars 2017 - 11:28
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Des enseignants d'école primaire en réunion de rentrée scolaire le 1er septembre 2014 à Paris
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© THOMAS SAMSON / AFP/Archives
Des enseignants d'école primaire en réunion de rentrée scolaire le 1er septembre 2014 à Paris
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Un vote Macron pour faire barrage au FN ? Déçus par le bilan de François Hollande, les enseignants, traditionnellement acquis à la gauche, devraient en partie bouder le PS à la présidentielle.

"Il y a un discrédit complet du Parti socialiste dans l'éducation", estime Renaud Farella, professeur d'histoire-géographie au collège Lucie Faure (XXe) à Paris, qui s'était mobilisé contre la sortie de son établissement de l'éducation prioritaire puis contre la réforme du collège.

Il a voté Hollande en 2012 mais se dit maintenant "indécis" et s'attend à ce que peu de ses collègues votent à nouveau PS, quitte à s'abstenir.

Un "affaissement du vote socialiste" enseignant que confirme à l'AFP Luc Rouban, auteur des enquêtes sur les intentions de vote des fonctionnaires du Cevipof (Sciences Po). Selon la dernière vague (7 au 13 février), 25% des enseignants envisagent de voter pour le candidat socialiste Benoît Hamon au premier tour, contre 45% pour François Hollande en 2012.

C'est Emmanuel Macron qui "cartonne" chez les profs avec 29% des intentions de vote. Jean-Luc Mélenchon obtiendrait 16%, François Fillon 14,7% et Marine Le Pen 7,6% (deux fois plus qu'en 2012).

Macron "est un peu le candidat par défaut de ceux qui considèrent que Hamon est trop à gauche et Fillon trop à droite", estime M. Rouban.

- Macron pour contrer Fillon et Le Pen -

L'éducation avait pourtant été érigée en priorité du quinquennat, avec le principal budget de l'Etat, 60.000 créations de postes après 80.000 suppressions sous Nicolas Sarkozy, des profs de nouveau formés à leur métier, alors qu'ils ne l'étaient plus sous la droite. Si une revalorisation des salaires a été décidée, elle arrive en fin de mandat et progressivement.

En 2012, "il y avait une énorme attente après les années Sarkozy, avec ce que Hollande proposait, d'où la déception des enseignants à tort ou à raison", indique un instituteur qui blogue sous le pseudonyme Lucien Marboeuf.

Hormis en éducation prioritaire, "l'enseignant lambda n'a pas vu baisser l'effectif des classes. Dans son quotidien, il ne voit pas d'amélioration", indique Francette Popineau au SNUipp-FSU, premier syndicat du primaire.

Outre des réformes "mal passées" comme les rythmes scolaires en primaire et le collège, "il y a une dégradation générale des conditions de travail", analyse M. Rouban. Il pointe un sentiment de "devoir se débrouiller avec les moyens du bord" face à des "exigences nombreuses": transmissions des savoirs, laïcité, valeurs de la République...

Une majorité d'enseignants "restent attachés à un vote de gauche", indique Frédéric Sawicki, professeur de sciences politiques à Paris 1. "Qu'il y ait en revanche une déception vis-à-vis du Parti socialiste, c'est indéniable".

Le "poids du vote utile" "peut inciter des enseignants ancrés à gauche à faire le choix tactique d'Emmanuel Macron pour contrer à la fois François Fillon et Marine Le Pen", estime dans une note Laurent Frajerman, chercheur rattaché à la FSU, première fédération de l'éducation.

C'est le cas de Salem Tlemsani, professeur de lettres et histoire-géographie en lycée professionnel dans l'Ariège, qui a choisi Hamon à la primaire comme ses collègues, mais se pose la question de voter Macron pour "sauver les meubles".

Ce professeur d'histoire est toutefois gêné par certaines prises de positions du candidat d'En marche!, comme lorsqu'il parle de crime contre l'Humanité à propos de la colonisation.

Les enseignants rejettent aussi "massivement l'idée qu'il faille supprimer beaucoup de postes", souligne Laurent Escure à l'Unsa Education, qui a sondé les personnels du secteur dans un baromètre qui sera publié courant mars.

Le programme de François Fillon prévoit 500.000 suppressions de postes de fonctionnaires.

Dans son projet dévoilé jeudi, Emmanuel Macron propose de son côté de continuer à créer des postes d'enseignants lors du prochain quinquennat, "entre 4.000 et 5.000" quand il compte supprimer 120.000 postes de fonctionnaires globalement.

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