Achats compulsifs : comment se modérer pendant les soldes ?
Si souvent avoir la main sur le portefeuille n’est pas en soi une pathologie ou une addiction, certaines périodes de l’année peuvent être plus propices à dégainer que d’autres! En effet, à l’approche des soldes, grand nombre de personnes commencent à ressentir une joie intense mêlée à une certaine retenue ou oppression, à se ruer sur les articles vendus. Les boutiques comme les sites internet démarrent un décompte sensiblement pesant, qui commence même quelques jours auparavant.
Gaelle me raconte lors d’un entretien: "j’achète des vêtements comme je fume mes cigarettes, pendant les soldes. Tout me semble donné, presque gratuit! Au moment où je paye, c’est de l’ordre de la jouissance!". Une fois rentrée chez elle, une fois l’ensemble des paquets déballés et étalés devant elle, Gaelle craque. Elle vérifie ses comptes et comprend qu’il lui sera malaisé de payer son loyer ce mois-ci.
Acheter pendant les soldes ne signifie pas pour autant qu’il faille se saigner aux quatre veines ou dépenser jusqu’au moindre centime. Il serait judicieux d’abord de se poser la question de ses besoins, de faire un inventaire de ce que l’on a déjà, d’aller en repérage. Le prix ne doit pas être obligatoirement un appel à l’achat. Il doit s’agir de l’article qu’il vous manque, d'un achat réfléchi. Il doit être examiné, scruté avec attention. Les soldes doivent être le moment propice pour se le procurer.
Les emplettes compulsives relèvent la plupart du temps de mécanismes addictifs. Les soldes ne sont qu’un prétexte pour se justifier ou justifier cette boulimie d’achats. Lorsqu’on parle d’achats compulsifs, il s’agit d’un acte répété pouvant créer de graves soucis pour une personne, un couple ou une famille.
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Les grandes compulsions d'achats pendant les soldes peuvent être les symptômes d'un trouble psychiatrique. Les malades, souffrant de crises maniaco-dépressives ou des personnes bipolaires, peuvent, dans une phase maniaque, vider un magasin. Il ne s'agit alors pas d'une addiction à proprement parler mais d'une manifestation parmi d'autres de leur maladie. Idem pour certaines dépressions qui peuvent se traduire par des périodes où la personne achète sans compter.
Si vous savez que vous êtes sujet(e)s à des dépenses somptuaires pendant les soldes, appliquez-vous quelques principes pour vous protéger de vous-même. Si vous préparez habituellement votre panier sur Internet, obligez-vous à faire les soldes dans les magasins. D’une part, cela vous fera prendre l’air et vous permettra de croiser des êtres humains et d’autre part, vous vous limiterez aux besoins que vous avez sans perdre des heures à tout regarder et à tout acheter.
Fixez vous un montant à ne pas dépasser, passez à votre banque, retirez l’argent en espèce et rendez vous sur place en laissant vos autres moyens de paiement à votre domicile. De ce fait, même très tenté(s), vous ne sombrerez pas.
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Gardez à l’esprit que si vous glissez dans ces achats compulsifs, il y aura finalement plus de douleur que de plaisir. Vous aurez acheté pour acheter. Il s’agira de vêtements qui resteront dans leur emballage au fond de votre garde-robe ou d’un énième tournevis multi-cruciforme électrique à visée laser qui ne sortira jamais de la remise. Désabonnez-vous des catalogues ou newsletters alléchantes: quand vous aurez un besoin vous saurez précisément où aller pour trouver ce que vous voulez.
N’hésitez pas à faire l’inventaire de ce que vous avez dans vos dressings afin de vous débarrasser de ce que vous ne mettez jamais. Faites le point sur la taille qui est aujourd’hui la vôtre. Ayez un maximum d’informations sur vos stocks à l’image des magasins ou des restaurants. Il faut être conscient(e) de ce que vous avez en double ou de ce que vous avez besoin de vous procurez là et immédiatement. Posez-vous des questions: serait-ce un achat utile ou juste une dépense de nature à vous rassurer?
Stoppez votre addiction au "wishlist" en conservant des photos de vêtements que vous aimez dans votre album personnel, sur votre portable ou même sur les réseaux sociaux. Il existe des tortures qui malheureusement fonctionnent extrêmement bien, alors arrêtez d’être votre propre bourreau. Par la même occasion, dans vos moments de pause ou le soir en rentrant chez vous, n’habituez pas votre cerveau à remplir des paniers virtuels, cela aura la fâcheuse tendance à faire croire à votre esprit que la boulimie d’achat est la normalité. Faites-vous plaisir avec vos moyens et vos besoins!
Cet article a été rédigé par Rodolphe Oppenheimer, psychanalyste (http://www.psy-92.fr/). Son dernier ouvrage, Peurs, angoisses, phobies, par ici la sortie! (Ed. Marie B) est disponible en librairie depuis le 15 novembre.
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