Albanie, un sourire à prix discount
L’Albanie apparaît comme un nouvel eldorado touristique mais aussi comme une destination de choix pour des soins médicaux aux coûts très inférieurs à ceux pratiqués en France. Rencontre avec Dritan Grimi, le pionnier albanais du "tourisme médical" qui était le héros d’un récent documentaire sur M6.
Il parle avec les mains comme en Italie, son pays d’adoption, là où il a tout appris. Dritan Grimi est l’un des business man qui ont émergé avec la fin du communisme dans le pays. Pour lui, tout commence en 1992, lorsqu’il prend d’assaut, avec des milliers de compatriotes affamés, le bateau pour l’Italie. Ce cargo s’appelait « Le Vlora ». Des candidats à l’exil restés célèbres, tout comme ceux du Mayflower aux États-Unis. Avec plus de 200 000 compatriotes, il a fui le pays quand le communisme rendait l’âme.
À cette époque, « posséder était interdit, le rêve était interdit », se souvient, amer, le pimpant quadragénaire. À cette époque, le régime dictatorial albanais était surnommée « la Corée du Nord de l’Europe ».
Parti de rien : l’histoire d’une revanche sur la vie
Dans la botte italienne, il débarque à Brindisi. Il va tout apprendre en commençant d’en bas. Les petits boulots s’enchaînent, de la plonge aux travaux de ménage. Il multiplie alors les allers-retours avec son pays d’origine et observe que la dentisterie n’est pas bien organisée à Tirana. C’est alors qu’il décide de créer, sans argent ni soutien, un centre dentaire aux normes internationales mais aux prix discount comme en Hongrie.
En Albanie, le concept est novateur. En quelques années, il arrive à développer son affaire, en étant au four et au moulin et sans diplôme de dentiste. Il crée lui-même son site Internet, s’occupe du marketing et de trouver le premier emplacement de la clinique. Puis les premiers clients venus d’Italie arrivent « en claquant des dents de peur », se souvient-t-il tellement l'image de l’Albanie post communiste est mauvaise. « Les gens pensaient que l’insécurité était omniprésente, ce qui est faux ». Les premiers retours et le bouche-à-oreille positif font le reste.
Une réussite au service du pays
Aujourd’hui, plus de 15 000 patients sont venus refaire leurs dents à la Gremi Clinique. De la simple couronne à l’implant en passant par le blanchiment, tous les soins sont proposés avec un service commercial polyglotte pour s’adresser aux clientèles du monde entier. Une clientèle qui vient essentiellement d’Italie, mais aussi de Belgique et de France. Avec un plus : la prise en charge complète dès l’aéroport, du vol à l’hôtel en passant par la restauration et des prix défiants toute concurrence : 30 à 50% moins chers.
Car Dritan a su investir. Dans son quartier central de Rruga E Bogdaneve, il a ouvert plusieurs hôtels, restaurants et pâtisseries pour mieux accueillir ses touristes médicaux. Avec toujours la recherche du meilleur produit et avec « le souci du bien-être du patient ».
En quelques années, l’Albanie cédant aux sirènes du libéralisme, l’ancien serveur va construire un petit empire. Mais il n’oublie pas son pays. Mécène à ses heures perdues, il vient d’ouvrir ouvert un musée dédié à la tyrannie des années du communisme, et notamment aux calvaires de dizaines d’artistes albanais emprisonnés arbitrairement : « L’un d’entre eux n'avait simplement pas mis de rouge dans une toile, cela a été considéré comme un crime de lèse-majesté aux couleurs du communisme et au régime du dictateur Enver Hoxha », déplore-t-il.
Nationaliste, il compte rester en Albanie pour aider à son développement. Son crédo : « Pour changer un pays, il faut changer sa rue ». Il a récemment installé dans son quartier des drapeaux de tous les pays européens. Son choix le plus cher : « Que l’Albanie continue sa mutation ».
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