Cabourg : les "oubliés des vacances" à la mer grâce au Secours populaire
Le réveil à l'aube, les trois heures de car semblent déjà loin. La récompense est là : la mer qui déploie un camaïeu de bleus, le sable blond, une légère brise marine qui fait oublier la touffeur des derniers jours.
Chaabane, six ans, de Noisy-le-Sec (Seine-Saint-Denis) fait partie des 5.000 petits "oubliés des vacances" qui ont pu partir à la plage avec le Secours populaire. Arrivé comme les autres dans la flotte de 120 cars mobilisés pour l'occasion, il explique timidement qu'il voit la mer pour la première fois. "Mets bien ta casquette", lui intime Monique, une bénévole qui se réjouit de voir, chaque année, les enfants arriver "les yeux émerveillés".
Casquette et t-shirt blancs pour la Seine-Saint-Denis, violets pour le Val-d'Oise, jaunes pour les Hauts-de-Seine... Sous le regard vigilant des 1.500 bénévoles, mais aussi des policiers et militaires qui surveillent la plage depuis la promenade, les enfants plongent dans l'eau, jouent au foot, recouvrent de sable un camarade. D'autres se font prendre en photo avec une des marraines de l'association, Valérie Trierweiler. Le tout dans une joyeuse effervescence.
Nombre d'enfants ne savent pas nager, s'étonnent que l'eau soit salée, du rythme des marées, détaille un maître-nageur de la piscine d'Aubervilliers venu "assurer leur baignade" en bénévole. La baignade, c'est ce que préfère Aïcha, 12 ans, entourée de ses copains d'un jour. Dotée d'une certaine expérience - elle vient depuis ses six ans - elle explique qu'ici les enfants "sont sociables, viennent pour s'amuser".
Kimya, cinq ans, n'est pas difficile: "Je préfère tout, le sable, la mer, quand il y a des vagues et qu'on m'éclabousse", glapit-elle au moment de se faire arroser. Certains ont pu partir pendant l'été, d'autres n'ont pas eu cette chance, comme Mody, 11 ans, qui a passé ses vacances à Clichy-la-Garenne (Hauts-de-Seine), entre le parc et la médiathèque. Grâce à cette journée, il a l'impression d'avoir "voyagé comme les autres", raconte-t-il, en creusant un trou dans l'eau avec ses mains.
"A Paris, y a pas de plage déjà, il y a trop de bruit, on n’a rien à faire, y’a trop de travaux, et vraiment ici, on peut appeler cet endroit un petit endroit paradisiaque", s'enthousiasme un petit garçon.
La satisfaction se lit aussi sur le visage des encadrants. Adama, animateur de la ville de Villepinte (Seine-Saint-Denis), salue le "travail de malade" réalisé par le Secours populaire, qui organise ces journées depuis 1979, partant du constat qu'un enfant sur trois ne part pas en vacances.
Adama n'a qu'un regret: "Qu'on ne puisse pas ramener tout le monde." Le président du Secours populaire Julien Lauprêtre raconte avoir craint "jusqu'à la dernière minute" que le rassemblement "soit interdit" en raison du contexte de menace d'attentats.
D'autant que, pour lui, les programmes développés par le Secours populaire forment "un contre-poison" face à "la haine, la montée du racisme, de l'antisémitisme, du jihad, des attentats". Cela revient à "semer du bon grain", note-t-il. Et permet aux enfants d'avoir quelque chose à raconter le jour de la rentrée.
Les cars repartiront par vagues à la fin de la journée, escortés jusqu'à l'autoroute par des motards de la gendarmerie. Encore un souvenir.
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