Le Bassin d’Arcachon : lieu de villégiature idéal, post-confinement

Auteur(s)
Corine Moriou, Grand Reporter pour FranceSoir
Publié le 03 juillet 2020 - 19:08
Mis à jour le 06 juillet 2020 - 14:27
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Arcachon
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Bassin d'Arcachon
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Bordé d’immenses plages de sable fin et de forêts de pin, le Bassin d’Arcachon attire ceux qui sont en quête de nature, d’authenticité, de silence. C’est le lieu de villégiature idéal, post-confinement. La Dune du Pilat, le Banc d’Arguin, l’île aux Oiseaux, les villages d’ostréiculteurs environnants méritent le détour. Pyla-sur-Mer et le Cap Ferret, les deux stations balnéaires en vue de chaque côté du rivage, départagent les gens riches et célèbres.

Une envie de grands espaces, de plages de sable fin et de forêts de pins pour établir vos quartiers d’été ? La crise du coronavirus fait du Bassin d’Arcachon la destination phare de l’été 2020. Trois heures de TGV (depuis 2019), vous voilà arrivé à la gare d’Arcachon. Ce lieu de villégiature est désormais aussi rapide d’accès que La Baule, et nettement moins éloigné que Biarritz. Sage côté Bassin, indisciplinée côté Océan, Arcachon a ses fidèles, ses nouveaux adeptes, ses célébrités.

Le film de Guillaume Canet Les petits mouchoirs, tourné avec ses potes et sorti en 2010 (suivi de Nous finirons ensemble, en 2019) a grandement contribué à mettre le feu des projecteurs sur le Cap Ferret (« Le Ferret » pour les initiés) qui fait face à Pyla-sur-Mer (« Le Pyla » en raccourci ). Ces deux stations balnéaires, plutôt rivales qu’amies, ont leurs habitués. Tout comme à Paris, Le Café de Flore a ses clients qui ne mettent pas les pieds chez le voisin, Les Deux Magots. Le Bassin d’Arcachon (oui il mérite une majuscule) est en tête du top 5 des spots les plus en vue de la côte Atlantique. Le Bassin est pluriel, multi-facette, fascinant. Il ne se découpe pas en tranches. On préfère l’embrasser dans sa globalité, ne pas bouder les mille et un plaisirs qu’il peut nous offrir.

« Il faut des jambes pour se faire transporter par le Bassin, des yeux pour s’impressionner, des bras pour nager dans ses eaux intranquilles »,

lâche Christian Moguérou, journaliste, écrivain, grand marcheur, auteur de Fou de Bassin, publié aux éditions Erick Bonnier en juin 2020.

Ascension de la Dune du Pilat

Un amoncellement de sable surréaliste, une curiosité géologique. Au moins une fois dans sa vie, il est amusant d’escalader la dune du Pilat, la plus haute d’Europe avec ses 106 mètres de hauteur. Pour certains, c’est un pèlerinage. Plus de 2 millions de visiteurs en 2019. Mieux vaut venir très tôt le matin ou au coucher du soleil. Façon sportive, on y monte pieds nus, en s’enfonçant dans le sable. Un coup de reins, on se redresse et l’on retombe sans craindre le ridicule, la photo qui immortalise la grimace qui va avec l’exploit. Mais soyez rassuré, à la belle saison, on peut prendre un escalier, certes abrupt, mais bien pratique. « Avant il n’y avait pas d’escalier. Puis, le camping des Flots bleus (ndlr lieu célèbre depuis le tournage de la trilogie « Camping ») a posé un escalier en bois il y a 40 ans. Maintenant un nouvel escalier, bientôt ils vont nous installer un funiculaire ! », tempête un vieux monsieur, assis sur la première marche. Sur la crête, la vue est époustouflante sur le Banc d’Arguin, l’entrée du Bassin et l’Océan. Soudain une question existentielle surgit. Que faire ? Les amoureux s’enlacent tandis que les contemplatifs méditent. D’autres arpentent la dune dans tous les sens, descendent jusqu’à la plage de la Corniche, repartent par la forêt de la Teste-de-Buch. Période post-confinement oblige : l’escalier est interdit à la descente. Alors, on déboule par la pente de sable avec roulades et rigolades en cascade. Ce n’est pas une piste noire, mais quand même ! Un jeune couple venu de Suisse dévale la piste sur une planche de surf. Tout ce spectacle burlesque est gratuit. Seul le parking est payant : 6 euros pour 4 heures.   

 

Drink et coucher de soleil à La Co(o)rniche

Perché sur la dune du Pilat depuis 1930, l’hôtel La Co(o)rniche a été réouvert en 2010 gagnant au passage un O entre parenthèses, sorte de cri de stupéfaction tant cet établissement estampillé désormais 5 étoiles est décoiffant. « La star ici, c’est la vue », tient à affirmer son propriétaire William Téchoueyres, ancien international de rugby, natif de Bordeaux. Même hors saison, on se gare avec difficulté devant La Co(o)rniche où stationnent des Ferrari, Porsche, Maserati et autres bolides confiés aux voituriers. On vous l’accorde, le coucher de soleil face à la Dune du Pilat et au Banc d’Arguin, un drink à la main, est spectaculaire. « Ce n’est pas le plus bel endroit du Bassin. C’est le plus bel endroit du monde », a sacralisé le designer Philippe Starck qui, subjugué, conquis, a, dit-on, dessiné tous les plans en une nuit pour réinventer La Co(o)rniche. Les Maldives peuvent aller se rhabiller. Tapas, musique, drague à l’apéro, cela ressemble à une scène tropézienne. Sauf qu’ici il n’y a pas de laisser-passer, pas de distanciation sociale. Le maître des lieux a tenu à ce que La Co(o)rniche soit « accessible à tous, y compris aux gens du coin », souligne son fils Thomas, également aux affaires avec Sophie, sa Maman. Autant dire que c’est une cash machine. Jusqu’à 1 000 couverts par jour en pleine saison. Installés dans des bungalows façon Saint-Barth, les clients de l’hôtel ont le privilège de se rafraîchir dans la piscine, paresser sur des grands lits en bois face au Banc d’Arguin.

Emplettes au Moulleau, la périphérie ultrachic d’Arcachon  

La famille Téchouyeres a récidivé en 2016, transformant un vieil hôtel basco-landais, millésimé lui aussi 1930, fermé depuis 15 ans. Ha(a)ïtza, repensé par l'ndéfectible complice Philippe Starck, se décline en un hôtel 5 étoiles délicieusement intimiste, un restaurant deux étoiles Michelin et une brasserie chic-décontractée de l’autre côté de l’avenue Louis Gaume. Avec sa grande sœur La Co(o)rniche, ces deux adresses ont donné un sérieux coup de lifting au Pyla jusqu’ici fréquenté par les notables bordelais, les familles bcbg aimant cultiver la discrétion, l’entre-soi.

En moins de 10 ans, l’ambiance rock and roll bon enfant a fait place à un esprit atlantique écolo-chic.

Sur le très distingué boulevard de l’Océan au Pyla, on croise des grands patrons, des personnalités comme Patrick Poivre d’Arvor, Yannick Noah ou Jean-Marc Dumontet. A l’heure du marché, beaucoup ont leurs habitudes au Moulleau, à un jet de cailloux de leur maison en première ligne dans les pins. Le matin, on vient prendre son café, lire un journal au Bar de L’Oubli, au pied de Notre-Dame-des-Passes, l’église élue pour la célébration des mariages huppés. La pâtisserie Guignard est prisée pour ses créations dont le fameux cannelé framboise et chocolat. Chez Zig et Puces, on trouve le cadeau qui fera mouche auprès de ses amis avant de s’acheter une robe de plage chez Kiwi. Sur la jetée, au Royal Moulleau, une institution, on se régale de crabes farcis à la bisque de homard et de thon croustillant au curry vert.

 

Flâneries dans la Ville d’Hiver et au Parc Mauresque

La Ville d’Hiver se situe sur les hauteurs d’Arcachon. Elle a été un haut lieu de villégiature au 19ème siècle, car des malades fortunés venaient soigner leur tuberculose dans les forêts de pins. La sylvothérapie est née à Arcachon ! Les frères Pereire, deux banquiers natifs de la région, créèrent la ligne de chemin de fer Bordeaux-Arcachon et inaugurèrent la gare d’Arcachon en 1864. Pour rentabiliser leur investissement, ils commandèrent la construction de chalets suisses, puis de villas toutes aussi somptueuses qu’avant-gardistes. D’inspiration gothique, néo-classique, dans un style hispano-mauresque ou encore colonial, ces 300 demeures extravagantes restent toujours aussi fascinantes de beauté, de panache et de distinction. Elles ont été conçues avec une débauche de tourelles, de balcons, de vérandas, de bow-windows… pour le plus grand plaisir des flâneurs qui lèvent les yeux vers elles. Au détour des rues, il est amusant de découvrir le nom de ces villas : Alexandre Dumas, Trocadéro, Brémontier, Fragonard, Colibri… Sur la « Place des palmiers », il y a un kiosque à musique, une pharmacie herboristerie aux allures rétro, une poste qui fait office de maison de quartier avec bridge, peinture, Qi gong et autres activités. C’est toute une ambiance pour les happy few habitant dans la Ville d’Hiver. Transformé en arboretum, le Parc Mauresque vaut le détour pour ses arbres rares et sa jolie roseraie. Ce havre de paix Belle Epoque abritait le casino qui a brûlé en 1977. Derrière la maquette de celui-ci, on prend l’ascenseur qui descend illico presto vers le centre d’Arcachon. Un autre monde, plus bruyant, mais aussi délicieusement animé avec son marché et ses charmantes boutiques. Pour les nostalgiques du passé, la meilleure adresse c’est l’Hôtel Ville d’Hiver (qui porte bien son nom) à l’emplacement de l’ancienne Compagnie Générale des Eaux. Ses propriétaires, Nathalène et Olivier Arnoux, ont eu aussi la bonne idée de créer le Club Plage Pereire. C’est une grande baraque en bois blanc Bartherotte (l’archi des stars), très facilement repérable sur la plage Pereire, la plage bcbg de la ville d’Arcachon. 

Tour de l’Ile aux Oiseaux et de ses cabanes tchanquées

Véritable déclaration d’amour pour l’Ile aux Oiseaux, la chanson de Pascal Obispo Tombé pour elle, a lancé sa carrière. Comment approcher ce petit coin de paradis ? Navette, catamaran, pinasse ? Ou pourquoi pas, un moment festif sur un yacht privé orchestré par Pyla Yachting, avec champagne, huitres et foie gras à bord ? Le circuit commenté de L’Union des Bateliers Arcachonnais (UBA) est sympathique et riche d’informations. Sur trois kilomètres carrés, l’Ile aux Oiseaux accueille plus de 150 espèces d’oiseaux que l’on peut retrouver à La Réserve Ornithologique du Teich. Tout le monde connaît les deux cabanes tchanquées (du gascon « chancas » qui signifie « monté sur échasses »). Et pour cause, elles sont sur pilotis. A l’origine, dans l’une, la police surveillait les parcs à huitres; dans l’autre, les professionnels formaient les ostréiculteurs. Aujourd’hui, la cabane blanche appartient à la Teste-de-Buch, celle aux volets rouges à un propriétaire privé. « Ce que l’on sait moins, c’est que l’île abrite 47 cabanes au lieu de 160 en 1965, commente Alain, le guide à la manœuvre sur la Vedette de l’UBA. Deux gardiens interdisent l’accostage et le débarquement à ceux qui n’ont pas de cabane. Si l’héritier d’une cabane n’exerce pas une activité de pêche, la cabane est détruite afin que l’île puisse devenir vraiment un lieu tranquille pour les oiseaux. » Sur le Bassin, les ostréiculteurs délimitent leurs parcs à huitres avec des piquets de bois de cinq mètres. Bien des parcs à huitres ont été abandonnés. « En 1980, il y avait 1 700 entreprises ostréicoles contre 340 aujourd’hui », précise Alain. « 80 % des huitres ne sont pas cultivées dans le Bassin, mais viennent de Marennes, de Boulogne-sur-mer et d’ailleurs », chuchote un Ferretcapien qui tient à garder l’anonymat. Oh my God ! On comprend qu’une maison familiale sérieuse comme Aloir, multi-médaillée, située à la pointe de l’Aiguillon à Arcachon, n’ait plus le cœur à participer à des concours agricoles.

 

Cap Ferret, le refuge bohème des people

Adieu l’Ile de Ré, vive le Ferret ! Depuis une petite décennie, la pointe extrême de la commune de Lège-Cap-Ferret est devenue le refuge bohème des people et des gens branchés qui circulent à vélo. Au départ d’Arcachon, il faut compter 20 minutes en bateau-navette et une bonne heure et demie par la route. Même si Jean Cocteau, Jean Anouilh, Le Corbusier y ont séjourné précocement, la presqu’île est longtemps restée le fief discret des Bordelais. Ils n’ont pas attendu que le Ferret soit à la mode pour se donner rendez-vous chez Hortense, déguster des huitres dans les villages de la côte (Le Canon, Piraillan, L’Herbe…). Propulsé icône du Bassin depuis qu’il a tourné dans Les Petits mouchoirs, Joël Dupuch est le cœur battant des Jacquets, le village où il a son entreprise ostréicole, Les Parcs de l’Impératrice. Dans sa maison, au 5 impasse de la Conche, il invite comédiens, écrivains, amis de passage, connaissances...  Cet homme généreux et cultivé parle des huitres, déclame des poèmes, cite Mauriac dans le texte. Des moments magiques jusque tard dans la nuit.

Rien d’étonnant à ce que des grands patrons, acteurs, gens de la télé en quête de nature sauvage et de franche camaraderie aient mis le cap sur le Ferret. On croise parfois Marc Simoncini, Audrey Tautou ou Laurent Delahousse au Bistrot de Peyo pour l’apéritif de midi. 

Si vous êtes invité dans « une cabane » au Ferret, comprenez « une maison en bois de 300 mètres carrés minimum réalisée par les frères Bartherotte, qui ont pris la relève de Benoît, leur père ». Aux dernières nouvelles, un terrain de 1 000 m2 s’est vendu 4 millions d’euros. « Ceux qui sont venus chercher une nouvelle cathédrale balnéaire repartent déçus », met en garde Christian Moguérou, co-auteur du Guide de survie au Cap Ferret avec Pascal Bataille (réédition Erick Bonnier, 2020). Ici l’air des soirs d’été est une pensée vierge sur l’existence. » Voilà, on vous aura prévenu. Mais si vous insistez, vous pourrez vous baigner dans l’Océan à la plage de La Garonne, plage non surveillée, accessible seulement après une marche de 15 minutes sur un chemin en caillebotis. Ici, pas de bateau de plaisance, pas de construction à l’horizon, excepté le phare du Cap Ferret. Un petit coin de paradis. Mais, prudence ! Les baïnes du Ferret sont dangereuses.

 

 

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