Gommer son empreinte sur la planète, même après sa mort

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Par AFP
Publié le 28 octobre 2017 - 14:21
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Des plaques mortuaires couvrent des urnes funéraires au crématorium du Père Lachaise à Paris, le 17
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© CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP
Des plaques mortuaires couvrent des urnes funéraires au crématorium du Père Lachaise à Paris, le 17 octobre 2017
© CHRISTOPHE ARCHAMBAULT / AFP

A seulement 39 ans, Laetitia Royant a planifié ses obsèques avec une idée en tête, "laisser une toute petite trace" sur la planète après sa mort. Mais identifier les funérailles les plus écologiques n'est pas si évident.

Crémation ou inhumation, pleine terre ou caveau, cercueil en bois ou en carton, pierre tombale ou gazon, urne ou dispersion dans la nature ? Les choix des familles sont souvent inspirés par des critères culturels ou religieux, mais l'écologie s'invite aussi doucement dans les valeurs invoquées.

"De mon vivant, j'essaie de faire attention. Ce serait un contresens total de polluer plus au moment de ma mort", explique ainsi Laetitia Royant, co-auteur du livre "Funérailles écologiques - Pour des obsèques respectueuses de l'homme et de la planète".

"A quoi ça rime de faire venir un +beau+ cercueil de Chine, avec du bois prélevé dans une forêt primaire, avec des peintures biocides, des métaux lourds (...) pour être brûlé ou enseveli trois jours plus tard?", commente-t-elle.

Ebranlée par l'organisation "dans la précipitation" des obsèques de son père, elle décide il y a quelques années de préparer les siennes. Et face au manque d'informations disponibles sur les "alternatives écologiques", elle lance sa propre enquête.

Pour elle, ce sera une crémation, un cercueil "en bois tendre, sans résine, sans vernis, sans peinture", une formule "minimaliste" avec dispersion des cendres dans la nature.

- 'Cadavre polluant' -

Mais la crémation -36,44% des funérailles en France en 2016 selon la Fédération française de crémation- est-elle plus écologique que l'inhumation ?

Ca dépend, répond en substance une récente étude commandée par les services funéraires de la ville de Paris, qui compare l'empreinte carbone des deux options, de l'utilisation des matières premières (bois du cercueil, béton du caveau...) à l'entretien du cimetière.

En moyenne, "l'inhumation équivaut à 3,6 crémations" en terme d'émission de CO2, soit 11% des émissions annuelles d'un Français moyen, selon ce document. Mais il existe d'importantes différences entre l'inhumation en caveau dont la construction "est très énergivore" et celle en pleine terre, à l'impact écologique "un peu inférieur à celui de la crémation".

Cette étude basée sur des données recueillies uniquement en Ile-de-France est "discutable" sur certains points, estime Jean-Antoine Gourinal, directeur des crématoriums et de l'environnement chez OGF, numéro un français des services funéraires.

Mais il ne pense pas pour autant que la crémation soit forcément moins écologique. "La crémation est souvent à tort qualifiée de polluante", dit-il, rappelant que les 183 crématoriums français doivent d'ici février appliquer de nouvelles normes en matière de filtration des rejets polluants (dioxine, mercure...).

L'impact écologique des obsèques n'est pas limité à l'empreinte carbone. "Un cadavre est polluant, il n'y a pas que les ours blancs qui accumulent le mercure et le plomb de la planète", résume Michel Kawnik, président de l'Association française d'information funéraire (AFIF), qui dénonce également le "véritable poison" des produits formolés injectés pour l'embaumement.

- Dictature écologique -

Mais même sans produits chimiques ajoutés, les êtres humains, inhumés ou incinérés, laissent derrière eux fer, zinc, souffre, calcium ou phosphore, dont la concentration sur le même lieu peut déséquilibrer la composition naturelle des sols, explique Ladislav Smejda, de l'Université des Sciences de la vie à Prague.

D'un autre côté, les "substances nutritives" dont sont composés les corps et qui peuvent être utilisés après la mort par des "organismes vivants" comme microbes, champignons, puis plantes et animaux, sont "perdus dans l'atmosphère" en cas de crémation, explique le chercheur, qui note qu'il n'y a pas de solution verte "facile" et généralisable partout dans le monde.

Il existe malgré tout un espace pour réduire l'impact écologique des deux méthodes autorisées en France.

La ville de Niort propose par exemple un cimetière "naturel", sans caveau ni pierre tombale. Certains crématoriums, comme celui du Père Lachaise à Paris, ont eux mis en place un système de récupération de la chaleur des fours pour chauffer les bâtiments, et recyclent les métaux (prothèses, vis).

Mais les obsèques relèvent avant tout d'un choix "personnel" et "philosophique", insiste Laetitia Masson. "Il ne faut pas tomber dans la dictature écologique".

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