Le bac ? "Une formalité" pour beaucoup de lycéens, plus préoccupés par "l'après"
Réfugiés sous un préau pour se protéger d'une averse printanière, des lycéens en Terminale discutent avec fébrilité des options qui s'offrent à eux pour l'année prochaine. A quelques jours du bac, ce grand examen rituel semble loin d'être leur principal sujet de préoccupation.
"Les professeurs et les parents nous mettent la pression, mais pour moi, il n'y a pas de véritable enjeu, le bac est surtout symbolique, une formalité à passer", estime Nora, en terminale scientifique au lycée Ozenne de Toulouse.
Quelques jours auparavant, elle a appris avec soulagement à travers la plateforme d'accès aux études supérieures, Parcoursup, qu'elle était admise à la fac de droit.
"Maintenant même la note que je vais avoir au bac ne compte plus", explique la jeune fille de 18 ans, assurant appréhender l'examen avec "beaucoup de légèreté".
Cet examen bicentenaire, dont le coup d'envoi sera donné 17 juin cette année, a atteint en 2018 un taux de réussite de 91% pour la voie générale (S, ES et L), 88,9% pour la voie technologique et 82,6% pour la voie professionnelle. Le pourcentage de bacheliers dans cette génération est de presque 80% (contre 43% il y 30 ans).
Pour beaucoup, le stress du bac, qui clôt 15 ans de scolarité, semble s'être déporté sur les modalités leur permettant d'intégrer la fac ou l'école de leur choix.
Ainsi, préoccupée pour son avenir mais nullement par le bac, Emilie, en terminale STMG (sciences et technologies du management et de la gestion) du même lycée, a elle opté pour une solution lui épargnant "l'angoisse" de Parcoursup.
"On savait plus ou moins tous dans ma classe qu'en étant dans cette filière on avait moins de chances que les autres (des filières générales, ndlr) d'avoir ce qu'on voulait avec Parcoursup", avance la lycéenne, de long cheveux bruns glissant sur ses épaules.
Pour éliminer tous les risques de se retrouver sans rien, Emilie s'est assurée un "backup" en s'inscrivant dans des écoles privées hors plateforme d'admission. "Tout le monde dans ma classe a fait ça", assure-t-elle en riant.
- "Baisser les bras" -
Et elle ne semble pas regretter cette démarche.
En effet, sur les 13 voeux émis sur Parcoursup -qui regroupe quelque 14.000 formations publiques et privées, toutes reconnues par l'Etat-, Emilie n'avait eu qu'une réponse positive début juin, pour un BTS de "management commercial".
Contrairement au précédent système APB, la nouvelle plateforme introduite l'année dernière livre ses réponses au fil de l'eau: quand un lycéen accepte définitivement une place, il réinjecte dans le système les places dont il se désiste.
Mais la déception peut être grande et décourager les candidats à faire des efforts pour obtenir leur bac.
"Ces dernier temps, j'ai complètement baissé les bras", confie Justine, en terminale littéraire au lycée des Arènes à Toulouse.
Elle a été uniquement acceptée en fac de psychologie et d'italien, des voeux que la jeune fille avait émis par défaut "pour ne pas (se) retrouver sans rien".
A quelques jours du bac, "je n'ai plus aucune envie, ni la force de travailler", dit-elle démoralisée, estimant que ses projets d'avenir "se sont envolés". La lycéenne a été refusée à toutes les filières sélectives auxquelles elle avait postulé.
Dans un autre lycée de la Ville rose, celui de Saint-Sernin, Bastien lui est plus nerveux à l'approche de l'examen, en raison de la pression familiale et d'un parcours scolaire difficile.
"Mes parent me disent qu'à leur époque on pouvait faire sa vie sans le bac, mais que maintenant il faut à tout prix obtenir ce sésame", lance l'adolescent longiligne, en Terminale ES.
"Et je suis encore plus stressé parce que j'ai déjà redoublé une classe, je ne peux pas me permettre deux échecs", ajoute-t-il timidement.
Le fait d'être avoir été déjà admis pour une licence de théâtre à Montpellier le soulage toutefois un peu.
Même s'il rêve de larguer les amarres pour "une année sabbatique": "je pourrais faire le tour du monde, travailler un peu et préparer mon admission dans une école de musique numérique au Canada", glisse-t-il rêveur.
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