Les conducteurs français ont une haute opinion d'eux-mêmes et très mauvaise des autres
Un discours positif mais des comportements toujours insouciants et dangereux. Si les automobilistes estiment que le nombre de morts sur les routes peut encore reculer, leur autocritique n'avance pas: pour eux, le danger vient des autres, selon une étude publiée ce vendredi3.
Malgré une troisième année de hausse consécutive de la mortalité routière en 2016 (+0,2%, 3.469 morts) inédite depuis 1972, les conducteurs français interrogés dans le "baromètre annuel de la conduite responsable" de la Fondation Vinci Autoroutes sont confiants: 58% estiment que ce chiffre "pourra baisser de manière importante dans les prochaines années", contre 55% l'an dernier.
Quand il s'agit de juger leur conduite, ils sont tout aussi positifs. Ils se donnent une note moyenne de 7,7 sur 10 et se définissent comme "vigilants" (78%), "calmes" (43%), "courtois" (25%).
Seuls 6% s'avouent "stressés", 3% "agressifs", 1% "irresponsables" ou "dangereux". Des adjectifs qui s'appliquent plus facilement à leurs pairs: pour 45% des interrogés, les autres sont "irresponsables", "dangereux" (39%), "agressifs" (33%), "stressés" (32%).
Pourtant, les comportements à risques restent très largement répandus: plus de neuf conducteurs sur dix (91%) admettent dépasser les limitations de vitesse, 76% ne respectent pas les distances de sécurité, 60% oublient de mettre leur clignotant...
"Tout le monde s'autorise des petites marges qui créent d'autant plus de risques que le contexte de conduite n'est pas apaisé. On constate une hausse des incivilités, qui fait que chacun a peur de l'autre", souligne la déléguée générale de la fondation Vinci, Bernadette Moreau.
Selon le baromètre, 86% disent avoir peur du comportement agressif d'un conducteur (+1 point), 68% admettent injurier les autres automobilistes (+3) et 37% coller délibérément le véhicule d'un conducteur qui l'énerve (+2).
Globalement, "la conscience des risques augmente mais les comportements pour les prévenir ne s'adaptent pas. Il y a un vrai décalage", note Bernadette Moreau.
Ainsi, l'inattention est devenue la cause d'accidents mortels la plus souvent citée (52%, +7 points sur un an) après la consommation d'alcool et stupéfiants (67%). Mais l'usage des objets connectés est, lui, en hausse: 39% paramètrent leur GPS en conduisant (+3 points) et 29% lisent ou envoient des SMS ou des mails au volant (+3 points).
"La première étape pour adopter des bons comportements est de prendre conscience du risque. C'est un travail de longue haleine", veut retenir Bernadette Moreau.
Sondage réalisé par Ipsos du 11 au 19 janvier 2017 auprès d'un échantillon de 2.406 personnes âgées de 15 ans et plus, dont minimum 200 dans chacune des douze régions françaises (hors Corse).
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