Rentrée scolaire : les applications de communication sont-elles nécessaires ?
Lorsqu'élèves et enseignants étaient contraints de faire l'école à la maison pendant les confinements, les enseignants ont improvisé des outils, non seulement pour mieux enseigner en ligne, mais aussi pour communiquer avec les parents sans contact physique. L’urgence passée, si on tente d’éviter l’utilisation d’outils de communication privée comme l’application de messagerie Whatsapp, désormais, l’usage de plateformes de communication spécialisées entre familles et enseignants commence à se généraliser.
La numérisation pour plus d’implication des parents
Jérémie Fontanieu, enseignant, assure qu’une communication étroite et régulière avec les parents, dès le primaire, est une des conditions pour assurer 100% de réussite au bac. Selon cet enseignant, de nos jours, on peut parler de parents "démissionnaires" et de relations entre enseignants et parents détériorées, parfois inexistantes. Pour ce professeur, le cahier de liaison n'est plus adapté ; le smartphone et des applications simples et accessibles à tous doivent prendre le relais.
Les groupes de classe Whatsapp, bonne ou mauvaise mauvaise idée ?
À la rentrée, certains enseignants habitués à communiquer sur Whatsapp avec les parents d’élèves ne le feront plus, ce pour passer désormais par des applications spécialisées et agréées.
Cette pratique, plus courante entre parents d’élèves, a été interdite en Suisse pour des raisons de sécurité. Comme le signale Lucien Marboeuf, professeur des écoles, même si la plupart des enseignants ne donneraient leur numéro de téléphone aux parents pour rien au monde, certains ont cédé en raison des contraintes exceptionnelles liées à la crise du Covid-19.
Malgré le fait que l’application Whatsapp ne respecte pas le RGPD, des groupes regroupant parents d'élèves et enseignants sont utilisés pour partager des photos de la classe, des sorties et des spectacles, pour envoyer des rappels et des informations. Pour certains enseignants, le fait d’avoir encore un groupe Whatsapp à gérer pose un problème ; pour d’autres, cela reste un très bon moyen (plus facile à utiliser que les emails) pour échanger des documents. Cependant, pour “satisfaire aux critères de protection des données”, la communication par Whatsapp et d’autres réseaux sociaux est désormais interdite dans le canton de Fribourg en Suisse : "La communication professionnelle entre le personnel des écoles se fait exclusivement par les plateformes fournies par l’État ou par téléphone", ont annoncé les autorités.
Le média suisse Blick rapporte que l’ensemble du corps enseignant a été averti de ce changement pendant l’été et que des logiciels de remplacement ont été déjà recommandés.
Les applications respectent-elles toujours nos données privées ?
En France, dans l’académie de Créteil par exemple, seules deux applications ont atteint le niveau requis de protection des données personnelles et sont donc autorisées à opérer dans les établissements scolaires. Elles sont soumises à évaluation permanente selon l'évolution de la réglementation.
Sur le site de l’académie de Créteil, les deux applications en question sont autorisées jusqu'au 31 août 2022, et leur reconduction est soumise à l'évaluation de la conformité au RGPD par le Groupe de travail de la confiance numérique (GTCN). Alors que l’application Educartable obtient une note de conformité de 4/5, l’application Klassroom reçoit une note de 3/5. Toutes les deux sont des applications gratuites pour les familles. Pour le partage des photos, le consentement du droit à l'image doit être recueilli par l'enseignant auprès de chaque famille.
Pourtant, pour une vraie protection de la vie privée, et pour une implication réelle des parents, se retrouver en personne et participer aux événements sans besoin de se limiter à échanger des fichiers est le moyen à privilégier pour le bien du développement des élèves.
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