L'abaya : une affaire cousue de fil blanc  ?

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Xavier Azalbert, France-Soir
Publié le 14 septembre 2023 - 15:30
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attal macron
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Ludovic MARIN / AFP
Gabriel Attal, ministre de l'Éducation nationale et Emmanuel Macron, président de la République, en déplacement au lycée de l'Argensol, à Orange (84), le 1er septembre 2023.
Ludovic MARIN / AFP

ÉDITO - L’affaire de l’abaya sature les médias en cette rentrée. Conséquemment, plusieurs autres questions sont passées à l’as. Comme celles du manque de professeurs dans les lycées (plus de 3.000 postes non pourvus), du mal-être des enseignants (qui démissionnent et en ont ras le bol du gel des salaires) ou de cette insupportable novlangue pédagogique (qu’une pléthorique administration leur impose). J’en parlais dans un précédent éditorial.

Grâce à une surmédiatisation généreusement octroyée par la presse subventionnée, cette polémique autour d’un bout de tissu est devenue une priorité nationale. Et le nouveau ministre de l’Éducation nationale se présente sur les plateaux tel un sauveur, ravi de proposer un remède : le port de l’uniforme à l’école. Il faut faire des "expérimentations" et en débattre, dit-il.

Voilà qui va occuper le devant de la scène médiatique quelques semaines encore. Alors que depuis 2020 et la gestion de la crise sanitaire, les données montrent une augmentation alarmante de suicides chez les jeunes, que cette année 2023 plus de 25% des élèves handicapés ne pourra pas aller à l’école faute d’accompagnants adaptés (les AESH), chacun aura sa petite idée sur la tenue vestimentaire adéquate en milieu scolaire.

Par exemple, la Secrétaire d’État chargée de la Ville verrait bien la mesure ne concerner que les quartiers les plus pauvres : une drôle de conception de l’égalité.

Si cette mesure devait finalement s’appliquer aux 12 millions d’élèves de nos écoles, collèges et lycées, il faudrait alors prévoir pas moins de 24 millions d’uniformes, à raison de deux tenues par an (au moins). Et norme Française (NF) en matière de standards qualitatifs oblige, le prix atteindrait quelque 50 euros l’uniforme (1). La facture s’élèverait alors au minimum à 1,2 Mrds d’euros par an (12 millions x 50 x 2). Une paille en ces temps de rigueur budgétaire ! 

Par le passé, la blouse scolaire était incontournable du fait de son usage (2). Elle permettait de ne pas faire étalage de ses vêtements personnels. Son retour coûterait bien moins cher ! Mais le gouvernement ne fait pas l’économie de cette histoire d'abaya qui détourne les regards de certains dossiers. Comme il est probable qu’il ne fasse pas l’économie d’un marché public géant, très juteux pour l’entreprise qui en héritera. Celle-ci sera-t-elle détenue par "un copain" de la Macronie ?

Après tout, on peut se poser la question, ce sont des choses qui arrivent. En 2020, au temps du Covid, un ex-collaborateur de M. Véran a essayé de faire une offre de masques FFP2 et d’en retirer une commission. Le mécanisme est toujours un peu le même : une crise médiatisée à outrance par les médias aux ordres apparaît, une solution est débattue puis ordonnée par le pouvoir. La foire aux achats peut alors commencer. Et à l’échelle des collectivités territoriales, avec des règles de contrôles qui ont été allégées, cela peut entraîner de sérieux dérapages, voire du clientélisme

Les initiés au système des marchés publics peuvent ainsi s’approprier avec voracité les deniers publics. Une pratique qui a férocement pris son essor au moment de la présidence de François Mitterrand. La pratique du "copinage" s’est poursuivie sous toutes ses formes et sous toutes les obédiences politiques jusqu’à nos jours. Au point que certains évoquent une "République des copains".  

Cette fois, la crise, c’est l’abaya (environ 500 établissements concernés par quelques "signalements", comme l'exprime l'administration, pour 60.000 établissements scolaires). Le remède, c’est l’uniforme. Quant aux marchés, nous verrons bien qui en profitera et comment. Lorsqu’il s’agit de remplir les poches des "copains", en vidant celles des Français, les politiciens ne sont jamais à court d’idées. L'entreprise gouvernementale "Macron et Cie" a montré quant à elle une étonnante aptitude à privilégier les intérêts de grands milliardaires ou de grands groupes outre-Atlantique au détriment patent de l’intérêt de ses concitoyens. 

Un beau jour, le "copain", après avoir encaissé les X centaines de millions d’euros dans son activité, sera peut-être pointé du doigt pour un lien d’intérêt... Et son "pote le politique" sera peut-être accusé de favoritisme... Une enquête parlementaire mettra à jour peut-être des clauses occultes dans les contrats, des renvois d’ascenseur... Et l’on reparlera de cette "Ripoublique" des complicités au lieu de se rappeler que la République, c’est la Cité. 

Tout cela arrivera peut-être. Mais après qu’une organisation technocrate - je n’oserai pas utiliser le mot "mafia", bien entendu - se soit servie abondamment sur le dos de petites gens, de ceux qui subissent actuellement les 25% d’inflation alimentaire, les hausses du gaz, de l’essence, et j’en passe. Une organisation qui s’accapare tous les pouvoirs, pour le plus grand malheur des Français, et qui a su s'appuyer habilement sur tous les corps constitués de notre Nation, depuis l'ère Mitterrand, pour engendrer une vraie association de non-bienfaiteurs. 

Comment s’en débarrasser ? Si je n’ai pas la réponse à titre personnel, voilà une interrogation qui me donne envie de réécouter notre Marseillaise :  

"Aux armes citoyens ! Formez vos bataillons. Marchons. Marchons. Qu'un sang impur abreuve nos sillons."

Note : 

(1) L'expérience du port de l'uniforme a déjà été tentée localement et son coût évalué, par exemple à Provins. Quatre uniformes coûtaient 200 euros, à la charge des parents. Cette mesure n'a pas fonctionné et fut abandonnée trois ans plus tard. Pourquoi ? Le maire s'en explique dans Ouest-France :

"Le gros problème, c’est que cela ne peut fonctionner dans la durée que s’il y a un cadre juridique précis : une disposition législative ou plus simplement une modification du règlement intérieur des écoles pour rendre la tenue obligatoire. Or, on n’a pas eu le feu vert de l’inspection académique, alors même que le ministre de l’Éducation à l’époque [Jean-Michel Blanquer] s’était dit favorable à l’expérimentation." 

Une affaire cousue de fil blanc, vous dis-je.

(2) La blouse n'a jamais été obligatoire en France. Claude Lelièvre, historien de l’éducation rappelle dans ses recherches que "beaucoup d'enfants ont porté la blouse à l'école, principalement pour éviter les taches d'encre quand ils utilisaient la plume et l'encrier".

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