Macron  : destination destitution ?

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Xavier Azalbert, France-Soir
Publié le 19 septembre 2024 - 11:50
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Macron : destination destitution ?
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Macron : destination destitution ?
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Oui. C'est fait. Avant-hier, le bureau de l'Assemblée nationale a validé la procédure de destitution d'Emmanuel Macron (article 68 de la Constitution) engagée par le Nouveau Front Populaire. Ensuite, conformément au règlement intérieur de l'Assemblée nationale, le bureau a transmis cette procédure à la Commission des lois, qui elle l'a jugée recevable. Cette procédure va donc être l'objet d'un vote à l'Assemblée nationale, normalement, le plus tôt possible. C'est-à-dire, au besoin, en organisant une séance qui lui sera spécialement dédiée, et en priorité. Cependant, il y a beaucoup d’étapes à franchir, et ce qui peut en apparence être une bonne nouvelle, ne se soldera pas nécessairement par le résultat escompté. Dès lors, il serait d’autant plus intéressant, démocratiquement parlant, que les diverses commissions publient, en direct sur le site de l’Assemblée Nationale, les débats sur ce sujet.

En cela, j'adhère totalement à la revendication citoyenne formulée par ce tweet posté hier. Même si la forme laissait à désirer (elle aurait pu être plus appropriée au contexte), on en saisit les contours : « #OnVeutLaListe de tous les députés qui ne votent pas la #Destitution. Le moment de voir qui est vraiment dans l’opposition... S’ils mettent leur égo de côté, cela pourrait passer à l'@AssembleeNat, mais serait beaucoup plus compliqué au @Senat.

Pardi !

Contrairement à ce que les médias ont fait, quand, il y a un peu plus d'un an, l'initiative « Macron destitution » a été lancée sur les réseaux sociaux par un citoyen, désormais, il devient compliqué d'ignorer, cette initiative, la railler, la moquer de manière condescendante ; comme c'est souvent le cas envers le citoyen lambda qui s'engage en politique, hors des partis qui ont voix au chapitre). Car, rappelez-vous, tout est parti d'une vidéo postée sur YouTube et Facebook, il y a un plus d'un an, par Jimmy Patin, le fondateur, justement, du « Parti des pas de parti », lançant l'idée d'engager cette procédure de destitution. Comment ? Par le moyen légal ouvert à tout citoyen, car prévu par la Constitution et le règlement intérieur de l'Assemblée nationale, d'une pétition déposée par internet sur le site de l'Assemblée nationale. Cela fait, tout citoyen peut signer cette pétition en s'inscrivant sur le site de l'Assemblée nationale et lorsque le nombre de signatures fixé par le règlement intérieur de l'Assemblée Nationale est atteint, cette pétition doit être transmise à la Commission des lois. À charge pour cette dernière de la juger recevable ou non. Jimmy Patin avait d'ailleurs également partagé sur tous les réseaux sociaux, une vidéo, un tuto expliquant comment faire pour pouvoir signer cette précision.

Cette initiative a d'abord été ignorée par les médias mainstream, puis elle fut dénigrée, raillée, moquée, discréditée. Ensuite, elle a été reprise, toujours sur les réseaux sociaux, mais avec bien plus d'ampleur, par David van Hemelryck, aidé à ça qu'il fut par de vrais résistants... et des faux : les opportunistes habituels venus « surfer » sur cette vague citoyenne, à savoir histoire de s'offrir une publicité gratuite, et ainsi faire leur beurre.

Mais voilà. Tout cela précédait la procédure de destitution d'Emmanuel Macron lancée par des députés. Ce qui a fait que, cette fois, cette procédure de destitution n'a pas pu être ignorée par la Commission des lois de l'Assemblée nationale. Celle-ci se fendit même d’un communiqué qui se termine par la phrase suivante « Le choix de certains d’instrumentaliser (nos règles) à des fins purement politiques conduit à un affaiblissement grave de nos institutions. »

Communiqué de l'assemblée nationale

Je n’ai pas manqué d’y répondre dans un tweet : 

" Exemple d'une de nos institutions pour qui la proposition de destitution pourrait constituer une atteinte aux institutions !

  • Depuis quand @EmmanuelMacron a-t-il été consacré au rang d'institution ?
  • La France présente un déficit budgétaire sans précédent, et la sincérité des comptes publics est entachée d'irrégularités : impossibilité pour les rapporteurs d'avoir accès aux lettres plafonds, déficit supplémentaire non prévu, etc.
  • Un gouvernement démissionnaire depuis la décision du président de dissoudre l'Assemblée Nationale, et toujours pas remplacé par un autre gouvernement, 65 jours plus tard.
  • Si l'information sur les comptes publics était apparue avant le vote aux européennes, les résultats auraient-ils été les mêmes ? Ce maquillage peut donc entraîner une absence de sincérité de trois scrutins, et devrait inquiéter le Conseil constitutionnel et la représentation nationale. Leur silence est-il lié à la peur de perdre leur juteux mandat électoral ?
  • La responsabilité du gouvernement et des ministres devrait pleinement être engagée, du fait des nombreux 49.3. Avec le "quoiqu'il en coûte" cher à @EmmanuelMacron se pose sans aucun doute la question fondamentale de qui gouverne réellement la France ?" 

Alors, c'est vrai : l'hypothèse existe que le NFP a engagé cette procédure de destitution uniquement pour satisfaire à l'exigence formulée par sa base formée des adhérents des quatre partis qui constituent le NFP. Avec comme objectif de s'opposer véritablement à la volonté qu'Emmanuel Macron affiche, lui, 100 % concrètement, de poursuivre la politique qu'il a menée depuis sept ans, malgré le résultat des élections législatives. Le NFP avait présenté Lucie Castets au poste de Premier Ministre. Sa candidature fut balayée d’un revers de la main par le seigneur présidentiel, qui a nommé Premier Ministre Michel Barnier : l'homme qui incarne en tous points la politique menée par Emmanuel Macron depuis sept ans. Cependant, bien qu'effectivement, on ne peut pas totalement écarter cette possibilité, les faits sont là. Tout d'abord, l'Assemblée nationale doit statuer sur cette procédure de destitution, et, ensuite, les arguments en faveur de son bien-fondé ne manquent pas même, s’il existe probablement des motifs plus importants et légitimes que le choix du premier ministre.

Diable !

Balayons les affaires personnelles telles « l'affaire Brigitte Macron » et « le rôle de McKinsey dans l’élection d’Emmanuel Macron évoquée dans Cash Investigation », qui occupent les esprits et réveillés par « l'affaire Telegram » et l’arrestation de son PDG. Concentrons-nous surtout sur les violations manifestes et gravissimes de la Constitution commises par Emmanuel Macron comme la non-assistance à pays en danger, par son refus de nommer un Premier Ministre pendant 51 jours sans justifications véritables. On peut aussi ajouter, qu'ayant finalement nommé Premier Ministre, une personne qui ne peut aucunement réunir autour d'elle la majorité à l'Assemblée nationale requise pour avoir un Gouvernement stable (2), depuis le 5 septembre 2024 (date de la nomination de Michel Barnier), Emmanuel Macron continue cette forfaiture de laisser le pays sans Gouvernement. Cette forfaiture va perdurer, après qu'un terme juridique y a été mis, à savoir lorsque, enfin, Michel Barnier aura formé son Gouvernement (ce qui, coïncidence, est annoncé pour cette après-midi). Pourquoi ? Parce que, si une motion de censure est déposée contre ce Gouvernement, les forces en présence feront que ce Gouvernement sera contraint de démissionner. Auquel cas, retour à la case départ : Emmanuel Macron pourra récidiver dans ses tergiversations interminables et complètement injustifiées. 

À ces points, s’ajoute la non-sincérité des comptes publics. Ceci avec un dérapage tellement important entre la réalité et les comptes présentés, que l’on peut à juste titre se poser la question de la sincérité des récents scrutins électoraux (élections européennes et législatives). Si cette information avait été connue avant le scrutin, très certainement les électeurs auraient sanctionné la politique d'Emmanuel Macron nettement plus durement dans les urnes.  D’ailleurs, à ce titre, une comparaison intéressante est à faire avec le quitus de gestion au PDG d’une entreprise sur l’établissement des comptes et de leur sincérité. Devant cette dérive financière, l'insincérité des comptes, l'usage répété des 49.3, la responsabilité des gouvernements Attal, Borne, Castex, Philippe (qui ont tous eu Bruno Le Maire comme ministre de l’Économie et des finances), paraît plus qu’engagée, en ce que les contribuables français auraient été trompés devant leur avis d’imposition en présence de comptes publics non sincères.

En sus, il est aussi bon de rappeler qu’une interrogation subsiste sur le fait qu’Emmanuel Macron, Gabriel Attal, premier ministre et Stéphane Séjourné ont peut-être sciemment violé la Constitution et désinformé le Parlement sur l’accord franco-ukrainien. Un accord contesté jusque devant les Nations Unies, à raison.

À cet égard, il convient, je pense, de rappeler au président, le point de vue qu'il a donné sur le sujet, en 2019, lors du Grand débat, le grand pipeau qu'il a organisé (avec l’aide de McKinsey ?) en non-réponse à la crise des Gilets Jaunes : « Le Président de la République doit démissionner s'il n'a plus de majorité à l'assemblée », et non pas se vautrer dans la cohabitation. 

En effet, certes, en cette occurrence où aujourd'hui, il n'a plus de majorité à l'Assemblée nationale, Emmanuel Macron ne s'est pas vautré dans la cohabitation (puisque c'est un Premier Ministre 100 % acquis à sa cause qu'il a nommé), il s'est abstenu de démissionner. Un simple oubli, sans doute.

Qu'importe ! La procédure de destitution engagée contre lui est l'occasion d'y remédier, cependant le motif invoqué par les députés NFP ne sera peut-être pas celui qui fera mouche et emportera l'adhésion du quorum nécessaire ! Alors qu'aux États-Unis, se pose la question de qui veut la peau de Trump victime de deux tentatives d'assassinat, en France, le cirque Macron continue aux frais des contribuables

 

1) « Le parti des pas de parti. Le parti qui a pris partie de ne faire partie d'aucun parti, ce qui nous permet, en majeure partie, de conserver l'intégrité physique de nos parties. Et ce, jusqu'à ce que l'intégralité des membres des partis soient partis. »

2) Michel Barnier est issu des LR, parti politique minoritaire à l'Assemblée nationale, et il incarne la politique qui a été rejetée dans les urnes lors des élections législatives anticipées, post-dissolution, qui ont conduit à cette situation inextricable, de l'impossibilité d'avoir un gouvernement stable.

 

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