Chronique N°74 – « Epi-phare, suspecte de fraude, ne nous éclaire pas sur l’efficacité vaccinale »

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François Pesty, pour FranceSoir
Publié le 15 octobre 2021 - 19:58
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CHRONIQUE - Peut-être devra-t-on rebaptiser le « groupement d’intérêts scientifiques », dénommé « EPI-PHARE », qui n’est pas le fruit de la carpe et du lapin, mais celui de l’ANSM et de la CNAMTS, en « EPI-FARD ». Le fard, composition cosmétique qui permet d’embellir et de cacher la laideur pour faire croire à la beauté sublimée. Mais, là, franchement, ils ont fait fort, et ce n’est pas que de la cosmétique !

En effet, j’ai rassemblé un faisceau d’indices et d’arguments qui me permettent, et c’est gravissime, de suspecter une horrible falsification des données qui pourrait fort bien avoir été sciemment orchestrée par la puissance publique. Une fraude scientifique organisée en quelque sorte. Les auteurs avaient tellement envie que la conclusion de leurs travaux pousse à la vaccination des récalcitrants qu’ils auraient franchi le pas de la délinquance scientifique. Je pèse mes mots et en appelle à diligenter une enquête de l’inspection générale des affaires sociales (IGAS, qui peut s’autosaisir en cas de besoin)

Nous allons voir ça dans le détail…

Le 11 octobre 2021, quasiment tous les médias ont relayé, amplifié, exagéré, sans vergogne, les résultats de l’étude EPI-PHARE sur l’efficacité de la vaccination anti-Covid-19 pour éviter des hospitalisations et des décès. Il me parait assez évident qu’ils (les médias) avaient reçu quelques jours auparavant un dossier de presse et des directives de communication de la part du ministère de la Santé, et du gouvernement, pour exploiter autant que faire se peut, cette pépite de la recherche médicale française…

La presse écrite, la radio, la télévision, se sont adressées à leurs lecteurs, auditeurs et téléspectateurs, avec le même ton euphorique, catégorique, que celui que vous allez découvrir sur la radio d’information continue (c’est vraiment le cas de le dire) France Info…

Et si cette étude n’était qu’une fake news, une grossière manipulation ? 

Qui a épluché la méthodologie et les résultats ? Qui a procédé aux vérifications les plus élémentaires ?

Le 11 octobre 2021, midi, sur France Info (Réécoutez l’intégralité de l’enregistrement audio : ici), Marie Bernardeau « Pour l’instant, il est midi, soyez les bienvenus ». Une voix féminine « France Info, midi-14 h, Marie Bernardeau ». Jingle Jean-Michel Jarre… Marie Bernardeau « Et toute l’info avec Virginie Lebrun. Bonjour Virginie ».

Virginie Lebrun « Bonjour »

Marie Bernardeau « A la une, aujourd’hui, cette nouvelle étude [1] qui conforte les bienfaits de la vaccination contre le virus covid ».

[1] Nouvelle, non. EPI-PHARE avait déjà publié une première étude le 21 mai 2021 qui n’avait pas eu le même retentissement médiatique…

Virginie Lebrun, qui s’emmêle un peu les pinceaux « Étude française portant sur 22 millions de personnes et ses conclusions sont on ne peut plus claires. La vaccination réduit de 90% le risque d’hospitalisation et de décès chez les plus de 50 ans [2] et semble aussi efficace face au variant delta. Ils ont comparé les données de onze millions de personnes vaccinées contre le Covid-19, avec celles de onze millions de personnes non-vaccinées, dans la même tranche d’âges. Résultat, les personnes vaccinées ont neuf fois moins de risque d’être hospitalisées ou de décéder du coronavirus que les personnes non-vaccinées. C’est donc la principale conclusion de cette étude en vie réelle, réalisée par les chercheurs d’EPI-PHARE, qui associe l’Assurance maladie et l’Agence du médicament. De nouvelles données qui confortent donc l’efficacité du vaccin contre les formes graves [3] du Covid-19 et même du variant delta, précisions de Mahmoud Zureik [4], Professeur en épidémiologie et santé publique à l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines. Il nous expliquait ce matin sur France Info le protocole suivi pour mener cette étude ».

[2] Non, ce ne sont pas les plus de 50 ans, mais les 50-74 ans. Cela fait une différence (voir plus loin)

[3] Inexact, les formes graves sont celles qui conduisent à être hospitalisé en réanimation, intubé et placé sous ventilation mécanique. Elles concernent un petit nombre de patients hospitalisés, parfois sur de longues durées, dont une partie importante (probablement supérieure à 40%, mais aucun chiffre ne circule via Santé Publique France…) décèdera. À noter que l’intubation et la ventilation mécanique comportent des risques de complications fréquentes, notamment infectieuses et nosocomiales (contractées lors du séjour hospitalier), plutôt d’ailleurs bactériennes. Ce qui fait que le décès, attribué au Sars-CoV-2 car le patient a été testé RT-PCR positif, peut en réalité être lié à la complication survenue en réanimation… Sur le plan méthodologique, puisque les chercheurs ont accès via le SNDS, à toutes les données, notamment celles du PMSI, il aurait été plus intéressant d’identifier les personnes ayant été mises sous ventilation mécanique (Codage de la CCAM pour la « ventilation mécanique » : ici)

[4] Mahmoud Zureik est le directeur d’EPI-PHARE.

Pr Mahmoud Zureik « L’étude concerne trois vaccins, celui de Pfizer-BioNTech, celui de Moderna, et celui d’AstraZeneca, et les trois vaccins ont montré dans la vraie vie une efficacité vraiment très haute, de plus de 90%. Nous avons pris onze millions de vaccinés, donc qui ont été vaccinés les quatre premiers mois de l’année, jusqu’à fin avril. Et pour chaque personne vaccinée, on a pris comme témoin, une personne non-vaccinée qui a le même âge, le même sexe, qui habite dans la même région, et on a suivi ces personnes, et on trouve que l’efficacité est de 90%, c’est-à-dire que neuf hospitalisations sur dix ont été évitées chez les vaccinés grâce au vaccin ». Marie Bernardeau « Mahmoud Zureik, Professeur en épidémiologie et santé publique à l’université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines ».

Quelques minutes plus tard (À 2:17 de l’enregistrement audio : ici). Marie Bernardeau « Merci à vous tous, d’écouter France Info. Il est midi et demi ». Jingle Jean-Michel Jarre… Marie Bernardeau « Un nouveau point sur l’info avec Aurélien Thirard ».

Aurélien Thirard « Les vaccins contre le covid sont très efficaces contre les formes graves de la maladie. Une vaste étude menée par l’Assurance maladie auprès de 22 millions de personnes le confirme. Une étude menée par EPI-PHARE, une structure qui associe l’Assurance maladie et l’Agence du médicament, et ses conclusions sont sans appel, Anne Le Gall ».

Anne Le Gall « Et les chiffres se confirment, chez les plus de 50 ans [5], les personnes vaccinées ont neuf fois moins de risque d’être hospitalisées ou de mourir du covid que les personnes non vaccinées. Une protection conférée aussi bien par les vaccins de Pfizer, Moderna que par celui d’AstraZeneca, et qui est mesurée 14 jours après la seconde dose ».

[5] Erreur répétée, ma petite caille, il faudrait avoir regardé un minimum l’étude. En fait, des études EPI-PHARE, il y en a deux. L’une concerne les 50-74 ans (ici). Ce n’est pas pareil que les plus de 50 ans. Et l’autre s’est focalisée sur les plus de 75 ans (ici)

Anne Le Gall « Pour parvenir à cette conclusion, les chercheurs d’EPI-PHARE ont comparé les données de 11 millions de personnes vaccinées avec celles de 11 millions de Français non-vaccinés, du même âge. Ces données françaises valident d’autres études en vie réelle dans le monde. Et les autres enseignements de ces travaux sont d’abord que cette protection s’est vérifiée tout au long du suivi de ces personnes. Donc, sur cinq mois au-moins entre fin septembre 2020 et fin juillet de cette année [6] et ensuite, que l’efficacité de ces vaccins est restée très bonne, y compris face au variant delta cet été. Cette étude ne permet pas de dire en revanche à quel point les vaccins empêchent d’être infecté ou de transmettre le virus du covid ».

[6] Euh, cinq mois entre septembre 2020 et fin juillet 2021. Ce ne serait pas plutôt onze mois ? Pas très précis tout ça…

Aurélien Thirard « Anne Le Gall ».

Aurélien Thirard, lors du « fil info » de 12 h 40, donc dix minutes plus tard « (À 3:41 de l’enregistrement audio : ici) « Une étude menée auprès de 22 millions de personnes prouve l’efficacité des vaccins anticovid. Une étude menée par l’Assurance maladie et l’Agence du médicament, en vie réelle, les vaccins protègent bien à 90% des formes graves de la maladie. Il reste à déterminer avec précision l’efficacité des vaccins sur le variant delta ».

Puis à 13 h toujours sur France Info (À 4:02 de l’enregistrement audio : ici). Laurent Doulsan « Une nouvelle étude française, confirme l’efficacité des vaccins contre les formes graves du covid. Une étude menée pendant près d’un an, sur un échantillon de 22 millions de personnes. Une moitié vaccinée et l’autre non-vaccinée. Cette enquête [7] montre que la vaccination réduit de 90% le risque d’hospitalisation et de décès chez les plus de 50 ans [8]. Une tendance valable y compris pour le variant delta [9] sur lequel on manque encore toutefois d’un peu de recul ».

[7] Non ce n’est pas une enquête, mais une étude cas-témoins dite « en vie réelle » ? Ces études font partie de celles qui sont les plus sujettes à des biais importants.

[8] Bis repetita, l’erreur se reproduit à chaque fil info, donc toutes les dix minutes…

[9] En contradiction avec ce qui venait d’être dit lors du fil info précédent : « il reste à déterminer avec précision l’efficacité des vaccins sur le variant delta »… Il faudrait qu’ils accordent leurs violons sur France Info

Marie Bernardeau « Et on va en parler en détail de cette étude, rendez-vous à 13 h 10 »

À 4:32 de l’enregistrement audio : ici, toujours sur la radio d’information continue. Jingle Jean-Michel Jarre. Voix masculine « France Info, midi-14h, Marie Bernardeau ».

Marie Bernardeau « S’il en fallait une, voilà une nouvelle preuve de l’efficacité des vaccins contre le covid. Le détail dans une minute. Le temps d’un passage par le fil info de 13h10. Laurent Doulsan « Les vaccins anti-covid sont vraiment efficace. Ils réduisent les risques d’hospitalisation et de décès de 90% chez les plus de 50 ans [10].

[10] Il s’était trompé à 13 h, il se trompe à nouveau à 13 h 10. Si seulement il avait lu une seule fois les études EPI-PHARE… L’erreur provient sans-doute du script qu’il a sous les yeux. Pour une radio qui prétend vérifier les infos avant qu’elles ne passent à l’antenne, nous assistons à un festival d’infos erronées.

Lire aussi : "France Info, la radio qui voulait laver plus blanc que blanc l’info covid !"

Laurent Doulsan poursuit « C’est ce que révèle une étude à grande échelle, menée en France pendant près d’un an, sur un échantillon de 22 millions de personnes, une moitié vaccinée et l’autre moitié non vaccinée. Malgré le manque de recul sur le variant delta du covid, la vaccination semble aussi très efficace dans son cas ». Jingle. Voix féminine « France Info ».

Marie Bernardeau « Et vous le disiez Laurent, la vaccination contre le covid, son efficacité, font donc l’objet d’une étude, la plus large étude menée dans le Monde dit celui qui l’a menée, le Professeur Mahmoud Zureik, épidémiologiste et directeur d’EPI-PHARE qui associe l’Assurance maladie et l’Agence du médicament. Cette étude menée auprès de 22 millions de Français, montre que le vaccin contre le covid réduit de 90% le risque d’hospitalisation ou de décès chez les plus de 50 ans [11]

[11] L’animatrice radio réplique une fois de plus la même erreur

Non, mais. Vous rendez-vous compte de ce battage médiatique incroyable. 12 h, 12 h 30, 12 h 40 (et encore, j’aurais pu ajouter les autres fils-infos toutes les dix minutes), 13 h, 13 h 10… Un vrai lavage de cerveau !

Marie Bernardeau, ne s’arrête jamais, ne revient jamais sur une erreur…

« Nous avons joint tout à l’heure le Professeur Mahmoud Zureik, pour qu’il nous détaille son étude et il assure que le vaccin protège durablement ».
(Retrouver l’interview intégrale du Pr Zureik à 5:43 de l’enregistrement audio : ici)
Mahmoud Zureik « Neuf hospitalisations sur dix, ont été évitées chez les vaccinés grâce au vaccin. Nous n’avons pas observé de diminution de l’efficacité qui reste au-delà de 90% dans les cinq mois qui ont suivi le 14ème jour après la deuxième injection. Nous n’avons pas de recul au-delà de cinq mois, donc on ne sait pas ce qui va se passer au-delà de cinq mois, mais à cinq mois, que ce soit chez le sujet âgé ou les plus jeunes, on n’observe pas de diminution de l’efficacité sur les formes graves [12].

[12] Désolé de le répéter, les hospitalisations en service « lambda » pour surveillance covid, dix fois plus nombreuses qu’en réanimation, ne constituent pas des formes graves. Il faut arrêter d’en faire l’amalgame.

Mahmoud Zureik « Et plus de 90% pour les 50 à 74 ans [13] »

[13] Ce sont essentiellement des sujets encore jeunes et en relativement bonne santé, qui ne présentent pas de risque important de faire des formes vraiment graves. L’un des problèmes des études EPI-PHARE, c’est que nous n’avons aucun chiffre en valeur absolue, combien de décès, combien d’hospitalisations. Les résultats sont exprimés uniquement en termes de réduction du risque relatif, ce qui est toujours trompeur. Il est très regrettable que nous n’ayons pas les réductions de risques absolus (Nombre de personnes à vacciner pour éviter une hospitalisation covid-19, nombre de personnes à vacciner pour éviter un décès !)

Mahmoud Zureik « Sachant que prévenir les formes graves, prévenir l’hospitalisation, prévenir les décès, reste un objectif majeur en santé publique. Une épidémie sans formes graves, ce n’est plus une épidémie [14] ».

[14] Ce professeur en épidémiologie a sa propre définition de l’épidémie. Pourtant, celle du Petit Larousse Illustré n’inclut pas de notion de gravité : « Propagation subite et rapide d’une maladie infectieuse, par contagion, à un grand nombre de personnes d’une région ».

Marie Bernardeau sort une nouvelle carte de sa manche « Et le professeur Jean-Daniel Lelièvre est avec nous. Bonjour ». (Retrouver l’interview intégrale du Pr J-D Lelièvre à 6:34 de l’enregistrement audio : ici).

Pr Jean-Daniel Lelièvre « Bonjour »

Marie Bernardeau « Expert à la Haute Autorité de Santé, et auprès de l’OMS, vous dirigez le service des maladies infectieuses de l’hôpital Henri Mondor de Créteil. Alors, pour mieux évaluer l’impact de la vaccination sur le variant delta, l’étude va se poursuivre. Mais, déjà Professeur, est-ce qu’au regard de cette étude, au regard aussi du taux de vaccination en France, on est en mesure de dire qu’on est à l’abri d’une nouvelle vague épidémique qui submergerait les hôpitaux ? »

Pr Jean-Daniel Lelièvre « Oui, enfin, les résultats de cette grande étude sont tout à fait remarquables et montrent une efficacité des vaccins, comme il vient d’être rappelé qui est très très forte et qui persiste jusqu’à 5 mois. Cette étude vient conforter d’autres résultats récents obtenus aux États-Unis ou en Israël [15], mais avec des chiffres de population qui étaient inférieurs, hein qui étaient plutôt entre 1 et 3 millions, alors qu’ici, il y a 15 millions de personnes qui ont été inclu(e)s. Et donc, les résultats sont très intéressants. Mais, comme on vient de le rappeler, malheureusement, on a un recul de 5 mois. Donc, euh, une efficacité très forte du vaccin, initiale. Les préoccupations à l’heure actuelle sont de savoir qu’est-ce qui se passe après 5 mois, 6 mois, 7 mois, 8 mois, et là, des premiers chiffres obtenus dans des études notamment aux États-Unis, montrent une érosion. Alors, ce n’est pas, d’un seul coup, on ne tombe pas à 20% d’efficacité. Mais, une petite diminution, donc comme on vient de le rappeler, il est même important de regarder ce qui se passe un peu plus tardivement, pour être sûr que, effectivement, il n’y ait pas de problème de réapparition de problématiques avec ce virus dans les mois à venir ».

[15] Nous allons voir dans un instant que nous n’avons pas lu les mêmes papiers avec le Pr. Lelièvre… Et que celui-ci n’a pas non plus regardé dans le détail la méthodologie et les données des études EPI-PHARE… Mais pour cela, il aurait fallu une tortue comme moi…

Marie Bernardeau « Cette érosion, que vous mentionnez, est-ce qu’elle rend, euh, euh, possible, ou en tout cas, imaginable, une troisième dose, pour tout le monde, finalement ? »

Pr Jean-Daniel Lelièvre « Alors, à l’heure actuelle, pour tout le monde, non. Les résultats sont suffisamment, euh, euh, forts, et suffisamment intéressants pour montrer que, il n’y a pas besoin de faire une dose, à l’ensemble de la population [16] ».

[16] Cher ami, pas seulement le troisième dose, sans la nommer d’ailleurs, ni la première ni la seconde n’avaient à être administrées à toute la population. L’indication de la vaccination anti-covid n’est justifiée que pour les seules personnes vulnérables, très âgées ou atteintes de comorbidités les prédisposant aux formes sévères. Il y avait 17 millions de personnes vulnérables à vacciner, dans le grand âge certaines ne l’ont toujours pas faite. Les 50 millions de Françaises et de Français, jeunes et en bonne santé qui ne feraient que des formes légères, le plus souvent asymptomatiques, ne tirent aucun bénéfice à se faire vacciner et s’exposeraient inutilement aux risques d’événements indésirables.

Pr Jean-Daniel Lelièvre « Les gens les plus fragiles, les gens les plus âgés, oui, sans-doute [17] ».

[17] Nous sommes bien d’accord. Alors pourquoi, n’avoir pas suivi cette stratégie vaccinale dès le départ. C’est à cause de la médecine qui en fait trop. Mais, on sait pourquoi cette dérive actuelle est très délétère…

Pr Jean-Daniel Lelièvre « Mais, attention, il va falloir regarder l’évolution de l’épidémie. Il n’est pas impossible qu’une dose additionnelle soit requise pour les populations les plus jeunes [18]. Pas à l’heure actuelle. Mais c’est difficile de dire ce qui se passera, par exemple, au début de l’année 2022 ».

[18] Ah non, laissez les jeunes tranquilles ! Revoilà le naturel qui revient au galop, la médecine qui en fait trop !

Marie Bernardeau « Et du coup, on peut imaginer une quatrième dose, et ainsi quelque chose qui s’installe dans le temps ? »
Pr Jean-Daniel Lelièvre « Euh, alors, ça dépend ce que l’on appelle, une troisième dose et une quatrième dose. Ce qu’il faut savoir, c’est que cette dose, qui est une, que nous on appelle ça une dose de rappel, vient simuler des populations immunitaires qui sont un petit peu différentes, et en fait, ça amplifie de manière très importante l’efficacité du vaccin [19]. C’est-à-dire, que c’est pas, l’efficacité n’est pas la même que les deux premières. Faut imaginer quelque chose qui va être beaucoup plus puissant et qui va durer beaucoup plus longtemps dans le temps [20]

[19] Oui, cela aurait été mieux quand même de le démontrer dans un essai clinique randomisé en double aveugle. Aucun des quatre labos n’ont apporté des données probantes pour la troisième dose.

[20] C’est tout de même incroyable cette capacité des PU-PH à affirmer des choses qui ne sont pas supportées par des données scientifiques robustes…

Pr Jean-Daniel Lelièvre « Donc, ce qui ferait que, on aurait besoin d’une nouvelle dose dans les six mois après cette troisième dose, serait l’apparition d’un variant complètement différent et très résistant à la réponse immunitaire induite par le vaccin. Ce qui n’est pas le cas à l’heure actuelle. Donc on peut penser que cette troisième dose, l’efficacité de cette troisième dose, va durer beaucoup plus longtemps que ce que l’on voit avec les deux premières doses, qui semble déjà être une efficacité qui se prolonge dans le temps ».

Marie Bernardeau « Et, le taux de vaccination, aujourd’hui, en France, est-ce qu’il nous permet d’espérer cette épidémie sans formes graves qu’évoquait le professeur Zureik ? »

Pr Jean-Daniel Lelièvre « Oui, je dirais oui, et non. Ce qui nous pose toujours problème, c’est un taux de couverture qui est insuffisant chez les plus âgés. Euh, puisque, voilà, en fonction des résultats qu’on peut avoir, on a l’impression que 10-15 % des gens les plus âgés, ne sont pas vaccinés. Alors, ils peuvent être vaccinés, ils peuvent être protégés de manière indirecte, par les autres qui ont été vaccinés. Et on voit bien que cette vaccination très large, permet un contrôle, un contrôle de l’épidémie du virus dans notre pays, mais cette immunité, qu’on appelle collective, ou indirecte, ne va pas durer tout le temps, et il faut vraiment que cette population soit vaccinée avec les deux premières doses de vaccin, parce que sinon, on pourrait avoir de nouveau des problématiques de santé publique avec une infection chez ces, dans ces populations, qui ne sera doute pas de l’ampleur des précédentes vaccinations (lapsus, c’est plutôt « vague » qui était attendu), parce qu'encore une fois, la couverture vaccinale en France, maintenant, fort heureusement, est suffisamment large ».

Marie Bernardeau « Comment ça se fait, qu’une partie de cette tranche d’âge-là ne soit pas encore vaccinée ? Pour certains, la vaccination, elle a commencé il y a dix mois ? »

Pr Jean-Daniel Lelièvre « Oui, alors, il y a plusieurs, il y a plusieurs explications. Il y a une réticence que l’on sait de certaines populations et puis aussi, parce qu’on n’a eu des problèmes pour atteindre cette population. Donc, si vous voulez, on a vacciné par exemple, très facilement toute une partie des gens dont je fais partie, qui sont des médecins, parce que quand vous êtes médecin, comme moi, hospitalier, vous avez accès direct, tout de suite. Vous descendez deux étages et vous allez vous faire vacciner. Un grand nombre de ces populations très âgées vivent seules, un peu recluses du reste de la population. Et on a vraiment besoin d’aller vers ces populations pour leur expliquer l’intérêt de cette vaccination. Vous pouvez dire à l’inverse, si ces personnes sont recluses, elles vont être moins en contact contre le virus. Mais le problème, c’est que le jour où elles sont en contact, elles risquent de s’infecter et de finir à l’hôpital ».

Marie Bernardeau « Et est-ce qu’une étude comme celle dont on parle peut convaincre les réticents ou c’est peine perdue finalement ? »

Pr Jean-Daniel Lelièvre « Alors, n’étant pas moi-même réticent, c’est difficile de vous dire, mais, je pense, qu’avoir ces données qui sont plus importantes et associer à ces données. Alors, ici, on n’en parle pas, parce que ce n’était pas l’objet de ces données, mais aussi, un certain nombre de données, maintenant, notamment sur la troisième dose qui avait été faite en Israël, et sur la tolérance de cette troisième dose, sont des informations importantes à avoir, parce que, là aussi, une angoisse sur les problèmes d’éventuels effets indésirables avec ces vaccins et les données que l’on a à l’heure actuelle, d’Israël, avec la troisième dose, sont tout à fait rassurant(e)s avec un nombre très très faible d’événements indésirables liés à ces vaccins, inférieurs à un pour un million [21]

[21] Là, il divague complètement notre infectiologue. En réalité, nous ne connaitrons jamais quel aura été le nombre d’événements indésirables graves imputables aux vaccins anti-covid. Car devant des dizaines de milliers de décès et des centaines de milliers de cas individuels ayant été déclarés ne serait-ce que dans la base de données « Eudravigilance », il n’y aura jamais assez d’experts qualifiés et de temps médical, pour analyser le dossier médical complet de chaque cas au regard de ce qui a été assez succinctement déclaré via les formulaires des agences nationales du médicament…

Marie Bernardeau « Professeur Jean-Daniel Lelièvre, merci beaucoup d’avoir accepté l’invitation de France Info, Chef de service des maladies infectieuses à l’hôpital Henri Mondor de Créteil. Bonne journée à vous ».

Marie Bernardeau a juste oublié de demander au Pr Jean-Daniel Lelièvre de présenter ses conflits d’intérêts avec les firmes pharmaceutiques : 28 585 € de montants d’avantages perçus, de conventions signées et de rémunérations, déclarés dans la base de données publiques « Transparence santé », comme la Loi le demande. Une Loi jamais respectée !

Lire aussi : « La guerre de Troyes(ième vague ?) n'aura pas lieu ! »

Un faisceau d’indices et d’arguments convergents qui m’amènent à suspecter une falsification de grande ampleur, volontaire et grossière des données, des résultats et des conclusions des études EPI-PHARE :

- 428 823 personnes de 85 ans et plus, incluses dans l’étude chez les 75 ans et plus, créées de toutes pièces, puisqu’en excès de l’estimation de l’INSEE ! [22] Est-ce une trace d’effraction laissée par les malfaiteurs en blouse blanche sur le lieu du crime ? Peut-être l’occasion de créer des cas-témoins fictifs vaccinés non hospitalisés et vivants et d’autres non-vaccinés hospitalisés et décédés… Une espèce de « cherry picking [23] » que l’absence de précision sur l’algorithme de sélection des cas-témoins ne permet pas d’écarter

- EPI-PHARE dans son étude menée chez les 50-74 ans, annonce 7 754 912 personnes vaccinées entre le 27 décembre 2020 et le 30 avril 2021 (donc incluses a priori dans l’étude), sans préciser si elles l’étaient en première ou en deuxième dose. Cependant, l’extraction dans la base de données VAC-SI, via Géodes, retrouve 9 152 502 - 2 640 246 – 61 972 = 6 450 284 personnes primovaccinées sur la période (9 152 502 personnes vaccinées entre le 27 décembre 2020 et le 30 avril 2021 incluses, avec au moins une dose tous vaccins confondus [24] – 2 640 246 personnes vaccinées avec 2 doses sur la même période, que l’on a retranché pour ne pas compter deux fois les mêmes personnes [25], - 61 972 personnes vaccinées avec Janssen sur la période [26], vaccin qui n’a pas été inclus dans l’étude), soient 1 304 628 personnes primovaccinées en moins que ce que EPI-PHARE déclare avoir inclus dans l’étude des 50-74 ans. L’extraction sur la même période des doublement vaccinés, ressort donc, avec seulement 2 640 246 personnes complètement vaccinées [25], auxquelles il faut retrancher les 61 972 vaccinations au Janssen non inclus dans l’étude [26], ce qui dans ce cas ferait craindre à une création de toutes pièces de 5 176 638 cas-témoins par EPI-PHARE… On préfère penser que les chercheurs parlaient bien de personnes vaccinées en première dose…
 
- Aucune donnée brute n’a été publiée dans les études sur le nombre d’hospitalisations et le nombre de décès « évités ». Nous n’avons que des réductions de risque relatif (90%, les « hazard ratios » cités dans la rubrique « Analyses statistiques » des études). Nous n’avons aucune donnée de réduction du risque absolu telle que le nombre de patient à vacciner pour éviter un décès ou une hospitalisation. Il est bien connu que la réduction du risque relatif exagère la perception du bénéfice. Pour plus d’information sur ces notions indispensables à la lecture critique des résultats d’essai cliniques, je vous renvoie à un document pédagogique très formateur, proposé en accès libre par la revue indépendante Prescrire.

- L’algorithme de choix du cas-témoin n’a pas été décrit précisément. Les chercheurs d’EPI-PHARE ont accès dans leurs bases (VAC-SI, SI-DEP, SNDS, SNIRAAM, PMSI…) à toutes les données individuelles pseudonymisées. Ils ont potentiellement la possibilité de choisir neuf fois sur dix un cas-témoin qui a été hospitalisé covid-19 ou qui est décédé covid-19 à l’hôpital…

- À propos d’hôpital : quid des patients vaccinés décédés à leur domicile ou en ESMS, dont les maisons de retraites ? Ils ont été exclus des études. Un énorme biais méthodologique ! Souvenez-vous, les deux seuls « événements d’intérêt » sont « une hospitalisation pour COVID-19 au cours du suivi et la survenue d’un décès lors d’une hospitalisation pour COVID-19 ».

- Aucune des études n’a inclus des moins de 50 ans. Alors même que le bénéfice de la vaccination, notamment des jeunes (12-18 ans) n’a pas été rapporté dans les résultats préliminaires de l’étude clinique randomisée Pfizer/BioNTech…

- Les résultats et conclusions des études EPI-PHARE sont totalement contredites par les données recueillies au Royaume-Uni par Public Health England sur la période du 1er février au 21 juin 2021, une période également de cinq mois (à une semaine près) dans un pays avec une population proche de la nôtre, pendant laquelle 117 décès Covid-19, variant delta / indien, avaient été enregistrés (contre plus de 4 000 auparavant avec le variant alpha / anglais), dont une écrasante majorité chez les vaccinés (70/117 =, soient 60 %). Les Anglais, eux donnent les chiffres bruts, 117 décès dont, 70 vaccinés, mais pas les chercheurs d’EPI-PHARE…

Lire aussi : « Le pire n’est jamais certain, alors, quatrième vague ou pas ? »

- Les résultats et conclusions des études EPI-PHARE sont aussi en contradiction totale avec ceux d’une étude publiée en ligne le 30 septembre 2021 dans la revue European Journal of Epidemiology (petit complément d'informations : ici) menée dans 68 pays et sur près de 3 000 counties (cantons) aux USA, qui montre l’absence de relation entre la couverture vaccinale et les taux d’incidence du Sars-CoV-2. Par exemple, Israël qui a beaucoup vacciné, présente les pires taux d’incidence des 68 pays (plus de 6 000 nouveaux cas par millions sur les sept derniers jours ! [27]). Les auteurs de ce travail concluent en citant une publication israélienne selon laquelle le vaccin Pfizer/BioNTech n’aurait plus que 39% d’efficacité pour éviter une contamination covid…

[22] Selon la pyramide des âges 2021 de l’INSEE, les 85 ans et plus, se chiffrent à 2 285 689 personnes (estimation actualisée en mars 2021, à gauche sur l’image ci-dessous). Comment est-il donc possible qu’EPI-PHARE ait pu inclure dans son étude chez les plus de 75 ans, 2 714 512 personnes dans la tranche des plus de 85 ans et plus ? Soient 428 823 personnes qui n’existent pas selon l’INSEE.


 

[23] Le cherry-picking, littéralement la cueillette des cerises, où l’on choisit évidemment les plus belles, consiste en médecine, ou en science, à ne retenir que ce qui est favorable à l’opinion que l’on défend…

[24] Une extraction de données de la base « VAC-SI » a été réalisée par mes soins, via Géodes, dans un premier temps sur les personnes 50-74 ans ayant reçu au moins une dose entre le 27 décembre 2020 et le 30 avril 2021. Il ressort que cela concernait 9 152 502 personnes.

[25] Quant à l’extraction de VAC-SI des personnes complètement vaccinées (deux doses) toujours sur la période d’inclusion définie dans le protocole de l’étude EPI-PHARE (du 27 décembre 2020 au 30 avril 2021), elle fait remonter seulement 2 640 246 personnes vaccinées.

« [26] Le graphique ci-dessous présente les nombres de personnes 50-74 ans vaccinées avec au moins une dose entre le 27 décembre 2020 et le 30 avril 2021, selon le vaccin employé. Il ressort que sur la période, 61 972 personnes ont été vaccinées avec le vaccin Janssen qui n’a pas été inclus dans l’étude EPI-PHARE  

[27] Le graphique ci-dessous montre sur 68 pays l’absence de relation entre les taux de couverture vaccinale et les taux d’incidence du virus par million d’habitants sur les sept derniers jours.

 

En conclusion, j’en appelle à une enquête fouillée et immédiate de l’IGAS, pour qu’elle fasse la lumière sur ce qui pourrait s’avérer être une gigantesque fraude scientifique sans précédent en France pour des institutions telles que l’Assurance maladie et l’ANSM.

Je demande aussi, bien évidemment, la rétractation immédiate de cette étude entachée de tant d’incohérences, d’imprécisions, d’anomalies, de biais méthodologiques et surtout de suspicion de fraude.

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