Conseil des ministres ou conseil de discipline ?
L'AVIS TRANCHANT - Il y avait de l'orage dans l'air ce mardi autour de la table du conseil des ministres. Manifestement, le chef de l'État n'était pas d'humeur badine, et la Première ministre en a fait les frais.
Pratiquant la politique à l'ancienne, Elisabeth Borne avait profité du long week-end de Pentecôte pour ressortir du tiroir les vieilles recettes éculées de la gauche donneuse de leçons, et oublieuse de son passé : n'est-ce pas la Chambre des députés de Front populaire qui avait voté les pleins pouvoirs au maréchal Pétain ?
Qu'à cela ne tienne ! Le Rassemblement national en a pris plein son grade avec l'assimilation à Pétain, qui avait déjà été utilisée par cette même gauche à l'endroit de Nicolas Sarkozy, quand il avait eu l'idée d'organiser un meeting au Trocadéro, un jour de 1er mai, lors de l'entre-deux tours de l'élection présidentielle de 2012.
Mais, voilà ! Dans le nouveau monde, Emmanuel Macron est le seul à savoir, et à pouvoir, agiter l'épouvantail du "Tout sauf Le Pen", qui a garanti jusqu'à présent le succès au second tour de l'élection présidentielle.
Si l'on en croit les dépêches d'agences, le président de la République a ainsi déclaré : "Le combat contre l'extrême droite ne passe plus par des arguments moraux. Vous n'arriverez pas à faire croire à des millions de Français qui ont voté pour l'extrême droite que ce sont des fascistes".
"Il a dit, ajoute un témoin, qu'il fallait arrêter avec les attaques des années 1990, car cela ne fonctionnait plus". Dans cette affaire, la forme choque tout autant que le fond.
D'ordinaire - mais sommes-nous dans des temps ordinaires en Macronie ? -, le président de la République et le Premier ministre se rencontrent avant le conseil des ministres. S'il paraît normal que le chef de l'État puisse alors faire des observations à la première des ministres dans le secret de son bureau, il l'est à l'évidence beaucoup moins qu'il le fasse autour de la table du conseil des ministres.
Et il est encore plus surprenant, et sans précédent quant au "niveau de violence" évoqué dans la presse, que le recadrage d'un chef de gouvernement soit immédiatement rendu public.
Le doute n'est plus possible, ou alors c'est à n'y rien comprendre. Les jours de Madame Borne à Matignon sont bel et bien comptés et, pour elle, ce conseil des ministres avait tout d'un conseil de discipline. Comme cela se passait sous les Républiques antérieures, Madame Borne donne le sentiment de soigner sa sortie : elle a choisi de tomber à gauche, là où elle est née en politique.
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