La revue d’actu de France-Soir : semaine du 18 septembre 2023
La revue d’actu de France-Soir est une revue de presse hebdomadaire articulée autour de l’actualité politique, économique et médiatique, tant française qu’internationale. Sans pour autant chercher à les ignorer, cette rubrique n’a pas forcément vocation à s’attarder sur les sujets les plus discutés de la semaine. Elle s’attache plutôt à revenir – avec un regard gentiment acerbe – sur des nouvelles parfois passées inaperçues au milieu de l’intense flux d’informations hebdomadaires.
Au programme de la Revue d'actu de France-Soir :
Harcèlement à l’école ou le coup fourré macronien, identité numérique, anonymat et réseaux sociaux, la Davossie harmonise ses lois, SNU obligatoire, intelligence artificielle à la française, Ursula pond « l’un des pires textes jamais pensés sur le numérique », Minority Report en Israël, précarité et dépression pour les soldats français au Niger, le « plan pauvreté » de Borne… qui ne convainc pas les associations, François Lenglet étrille la Macronie, France Travail (ou crève), une IA embauchée et des humains licenciés, journalistes au commissariat et liberté de la presse en péril, la nouvelle cagnotte de Dettinger bloquée… sans oublier les bonnes idées d’Olivier Véran pour améliorer la démocratie !
Une dix-septième RDA coincée en pleine révolution progressiste !
FRANCE
Outre la messe pontificale à Marseille, les manifestations contre les violences policières un peu partout sur le territoire et la sauterie royale qui s’est tenue à Versailles entre le roi Charles III du Royaume-Uni et le monarque absolu de France, cette semaine, l’actualité nationale a principalement tourné autour de la jeunesse et des solutions proposées par la Macronie pour l’éduquer. Avec en tête de liste, la question du harcèlement à l’école.
Revue de presse, décryptage et analyse autour de ce thème… et de ce coup fourré macronien.
Lundi, Martine Brousse vidait son sac sur BFM. Selon la présidente de La Voix de l’enfant, en matière de harcèlement, « il y a un réel blocage de l'administration ».
Elle explique qu’en « province, [des] associations locales se voient adresser des courriers où on leur reproche de faire trop de signalements ou d'informations préoccupantes et on leur dit : “Si vous continuez, on vous retire [votre agrément]” ». Martine Brousse indique qu’il y a justement « une association l'an passé qui a perdu [le sien] ».
Selon elle, le problème « ne vient pas des enseignants, ça ne vient pas des chefs d'établissement, ça vient bien de l'administration ».
Pourquoi, diable, l’administration chercherait-elle à bloquer les remontées de signalements de harcèlement en menaçant de retirer l’agrément d’associations chargées de l’aider dans la lutte contre ce fléau ?
Un simple dysfonctionnement, à n’en pas douter.
Le lendemain, mardi, BFM s’intéressait à un autre cas de figure, celui de Sarah, mère d’un enfant harcelé.
La chaîne d’info indique que « trois mois après avoir alerté l'école sur le harcèlement que subit leur fils, Sarah et son mari reçoivent un étrange courrier » : une convocation de l’administration.
Sarah explique : « Je leur [ai] dit : “Mais qu'est-ce qui se passe ? Je ne comprends pas” », avant de préciser : « Dans le ton, ils étaient menaçants. Donc, je ne vous raconte pas l'angoisse dans laquelle on est plongé. »
À partir de là, le cauchemar s’intensifie pour Sarah et les siens. BFM souligne ainsi : « plusieurs semaines d'une enquête sociale ont suivi ».
Sarah raconte : « Quand vous avez des personnes qui arrivent chez vous, des services sociaux qui fouillent votre maison en accueillant vos enfants un par un, en les auditionnant, on s'est senti accusés, on s'est senti comme des criminels alors que nous n’avions rien fait. C'est notre fils qui a subi [du harcèlement], c'est notre famille qui était dans la tourmente ! »
Samedi dernier BFM révélait déjà qu’avant qu’un « adolescent de 15 ans [ne se soit] suicidé début septembre à son domicile de Poissy, dans les Yvelines, les parents avaient alerté son établissement sur des faits de harcèlement scolaire ». Or, BFM constate que, là encore, cela n’a pas servi à grand-chose puisque « le rectorat [leur] avait répondu en mai en leur demandant "d'adopter une attitude constructive et respectueuse", leur rappelant les risques en cas de dénonciation calomnieuse ».
Élégance, classe, finesse… tout y est !
Jeudi, BFM s'intéressait à une nouvelle affaire : après « avoir porté plainte contre X pour des faits d'attouchements sexuels concernant sa fille de 11 ans, Antoine assure à BFMTV avoir reçu une lettre au ton menaçant du rectorat de Versailles, [dans] un courrier similaire à celui reçu par [Sarah et] les parents de Nicolas, l’adolescent qui s'est suicidé le 5 septembre après avoir été harcelé ».
Résumons : d’un côté, l’administration bloque les remontées de signalements des associations… quand elle ne leur retire pas leur agrément, et de l’autre, elle adresse des courriers menaçants, fait fouiller les maisons et passer des interrogatoires aux familles d’enfants harcelés.
Il faut bien admettre que si le gouvernement et son administration avaient voulu étouffer, voire laisser pourrir, les affaires de harcèlement à l’école, ils ne s’y seraient pas pris autrement.
Heureusement, ce n’est pas le style de l’exécutif de laisser pourrir un problème pour ensuite présenter ses solutions liberticides pour le régler.
D’ailleurs, samedi dernier, le nouveau ministre de l’Éducation, Gabriel Attal, jurait avoir pris conscience de la situation : « Nous ne sommes toujours pas à la hauteur. Il faut avoir l’honnêteté de le dire », tout comme, dès juin, Élisabeth Borne promettait que le harcèlement scolaire serait la « priorité absolue de la rentrée 2023 ».
Autant dire que le sujet est connu et bien identifié par le gouvernement.
La rentrée 2023 arrivée, le hasard faisant naturellement bien les choses, mardi, le média digital Anonyme Citoyen révélait que « le député Renaissance Alexis Izard a déposé un amendement visant à "associer chaque compte en ligne (ici les adresses mail) à une personne physique certifiée", dans l'objectif d' "accélérer le déploiement de l'identité numérique en France" ».
Quel rapport avec le harcèlement ?
C’est Paul Midy qui se charge de répondre à cette question. Invité par RTL toujours ce même mardi, le député Renaissance et rapporteur général de ce projet de loi, déclarait : « Vous savez, 50 % de nos jeunes se sont déjà faits cyber-harcelés sur les réseaux sociaux. Je pense notamment, vous savez, au cas de Lindsay qui s'est suicidée après cyberharcèlement »
Oui, Lindsay, « vous savez », cette jeune fille qui avait mis fin à ses jours… faute de soutien de son établissement et de l’administration. Cette même Lindsay dont les parents s’étaient ensuite plaints d’avoir été totalement délaissés par l’ensemble de l’appareil d’État… mais qui, après le raté de Pape Ndiaye, avaient au moins eu la bonne surprise de voir la Première dame, Brigitte Macron, leur rendre visite par compassion.
Une super Brigitte qui a d’ailleurs remis le couvert le 7 septembre dernier, en se rendant au chevet d’une nouvelle famille endeuillée par le suicide d’un ado.
Une double opération (de communication) qui aura au moins permis d’attribuer un beau rôle à Brigitte, tout en pointant du doigt les problèmes récurrents d’une école devenue invivable et incapable de sécuriser la quotidien de ses élèves… non – bien évidemment – à cause des dysfonctionnements de l’administration, de l’État ou de l’exécutif, mais surtout et avant tout à cause des réseaux sociaux.
Paul Midy l’assure d’ailleurs à RTL : « Je pense à la mère de Lindsay qui nous a demandé de mettre fin à l'impunité sur les réseaux sociaux. »
Si c’est la mère de Lindsay qui demande à ce que le gouvernement surfe sur son drame personnel pour enfin mettre la main, une bonne fois pour toutes, sur ces fichus réseaux sociaux, source des pires cauchemars… des pouvoirs corrompus et/ou dictatoriaux, pourquoi la Macronie ne suivrait-elle pas son conseil ?
Comprendre que la réorganisation de la liberté d’expression sur Internet s’impose… pour faire cesser la montée du harcèlement à l’école et pallier les dérives d’une administration à la dérive.
Au passage, il est intéressant de noter que ce sont ces mêmes réseaux sociaux qui avaient permis l’émergence de violences urbaines au mois de juillet justifiant là aussi de légiférer pour accroître leur contrôle par l’État. La faute revenant cette fois aux algorithmes totalement incontrôlables de Snapchat (réseau possédé et géré par des macronistes (cf. RDA semaine du 10 juillet), qui avait permis de rendre virales de nombreuses publications d’incitation à l’émeute… avant que Sarah Bouchahoua, responsable du réseau social, se félicite d’avoir « travaillé conjointement avec le ministère de l'Intérieur et les différentes autorités afin d'essayer d'endiguer le plus rapidement possible les différents dérapages qu'on a pu percevoir sur le terrain ».
Résultat, la Macroniste était heureuse d’annoncer que « l'ensemble des stories qui étaient publiées sur la map [de Snapchat], [l’]était [par] des utilisateurs [qui], à la fin, [ne] se plaignaient [plus que] des émeutes et des conséquences des émeutes.
Traduction : Snapchat a censuré une partie de ses utilisateurs pour ne plus mettre en avant que ceux qui appelaient au calme »… soit la preuve que les algorithmes de ce réseau social répondaient finalement au doigt et à l’œil aux directives de leurs programmeurs.
Pas de chance, donc, que ces derniers soient tous partis en vacances dans les premiers jours des violences urbaines, les empêchant ainsi de bloquer la viralité des contenus appelant à l’émeute…
Sans oublier qu’il est à présent de notoriété publique que les plateformes comme Facebook ou Twitter, notamment grâce à leur IA, n'ont jamais rencontré de problème pour identifier et censurer instantanément tout contenu qui n’allait pas dans le sens de leur ligne éditoriale, notamment durant l’épidémie de Covid. Dès lors, comment se fait-il qu’en matière de harcèlement, ces mêmes réseaux sociaux deviennent soudainement impuissants et incapables d’être rapidement réactifs ?
Mystère…
Toujours est-il que Paul Midy poursuit son ode liberticide sur RTL : « Pour tous les utilisateurs des réseaux sociaux, [entre] racisme, misogynie, LGBTphobie à tous les étages, le niveau de violence est très important. »
« Pourquoi il y a ce niveau de violence ? », demande ensuite le député Renaissance. « Parce qu'il y a un phénomène de sentiment d'anonymat sur les réseaux sociaux qui génère un sentiment d’impunité et qui font qu'il n'y a plus de limite ».
L’anonymat, ce mal absolu… pour tout censeur, soucieux que l’information reste bien enfermée entre les mains de quelques-uns.
Aucun mot de Paul Midy en revanche sur les errements de l’administration, « vous savez », ceux notamment évoqués par la mère de Lindsay, ni sur les signalements étouffés ou sur les familles harcelées… par les services de l’État.
En clair, le gouvernement entend faire table rase du passé en montrant qu’il a pris conscience de l’ampleur du problème – qu’il a allégrement laissé pourrir – en agissant enfin fermement.
La preuve avec le cas de cet « élève soupçonné de harcèlement sur un camarade de classe en transition de genre [qui] a été arrêté et menotté en classe, ce mardi 19 septembre », tel que le rapportait Sud-Ouest, le même jour.
Cette répression devenue soudainement extrêmement ferme – sur un ado qui n’est que « soupçonné » – fera assurément reculer le nombre de cas de harcèlement recensés au sein des établissements scolaires... légitimant ainsi l’efficacité des mesures prises… y compris celles visant à mettre la main sur les réseaux sociaux… et ce, bien que le problème ne concerne que l’Education nationale et son administration… qui dépend directement du pouvoir en place.
Une mesure de coercition qui passe désormais comme une lettre à la poste auprès d’un grand nombre de parents, tous – légitimement – plus excédés les uns que les autres face à la prolifération de « racailles » harceleuses laissées entièrement libres de leurs actions au sein d’écoles totalement dépassées et délaissées par l’administration.
Un sentiment d’exaspération qui a pris une telle ampleur qu’il incite aujourd’hui ces parents apeurés à fermer les yeux sur les méthodes liberticides employées par la Macronie pour « sécuriser » l’espace numérique de leur(s) enfant(s)… ainsi que le leur par la même occasion.
« L’opposition contrôlée », c’est aussi cette manière avec laquelle la population se laisse parfois berner par des mesures d’ingénierie politico-sociale pourtant éculées… mais qui fonctionnent si bien qu’elles sont utilisées à outrance.
Ce ne sont pas les exemples qui manquent :
- « Il y a de plus en plus d’insécurité dans les rues ou les transports, il faut donc toujours plus de police, de caméras biométriques, voire des drones et des robots, pour surveiller et mater toute rébellion dans l’espace public… quitte, au final, à surveiller chaque fait et geste de la population » ;
- « Il y a de plus en plus d’extrémistes en France (de gauche comme de droite… et du centre), il faut donc du renseignement performant capable de les surveiller et de tuer dans l’œuf toutes leurs actions… désormais publiquement appelées « terroristes » (cf.RDA semaine du 5 juin). Et, tant pis si cela doit aussi mettre un terme à toute forme d’opposition et d’activisme dans le pays » ;
- « Il y a de plus en plus de migrants ! Il faut donc davantage de surveillance aux frontières, voire de traçage des déplacements… de chaque être humain vivant sur Terre » ;
- « Il y a de plus en plus de non-vaccinés et de gens qui ne veulent pas faire leur dose de rappel, Il faut donc les isoler, les tracer et les punir, tout en condamnant les comptes sur les réseaux sociaux et les titres de presse coupables de "désinformation" au sujet d’un produit pourtant reconnu comme "sur et efficace" par Big Pharma. Et, peu importe si cela achève la liberté d’expression » ;
- « Il y a de plus en plus de violences dans les manifestations (de Gilets Jaunes ou autres), on veut donc des lois restreignant le droit de manifester pour pouvoir continuer à jouir tranquillement de nos week-ends sans se faire emm… et, s’il le faut, mutilons les gueux un peu trop virulents, d’abord avec la BAC, puis ensuite avec la Brav-M et enfin avec la BRI et le RAID, c’est-à-dire avec des forces antiterroristes. Les mutilés n’avaient qu’à rester chez eux, après tout, on vit dans une démocratie, quand on n’est pas d’accord avec "un projet", on vote, on ne va pas dans des manifestations potentiellement violentes… et on la ferme ! » ;
- « Il y a de plus en plus de terroristes, on veut donc un contrôle permanent sur tout et sur tous… peu importe si on est fliqué de la naissance à la mort » ;
- « Il y a de plus en plus d’harcèlement à l’école, on veut donc une identité numérique pour lever l’anonymat sur internet ».
Etc., etc.
La ficelle est grosse, mais elle continue de fonctionner et la population, emprisonnée dans ses peurs et ses prismes idéologiques, se complaît à tomber inlassablement dans le même panneau.
Il est tout de même étonnant de constater que ces différents problèmes engendrés par les (non) décisions politiques trouvent toujours des solutions liberticides qui s’inscrivent – fortuitement… mais parfaitement – dans le cadre des mesures révolutionnaires souhaitées par la macro-davossie.
Comment ne pas remarquer non plus que des projets de loi de contrôle des réseaux sociaux sont également actuellement en construction ou déjà entérinés dans d’autres pays de la Davossie, comme au Royaume-Uni et aux États-Unis ?
Comment ne pas noter qu’à peine un mois après que les algorithmes fous de Snapchat ont alimenté une jacquerie d’une partie de la jeunesse française… ces mêmes algorithmes ont aussi permis (sur Snapchat et Tik Tok) d’observer des scènes similaires à Londres, en Angleterre, sur Oxford Street et à New York, aux États-Unis, à Union Square… le tout permettant à ces trois pays davossiens de justifier a posteriori la levée de l’anonymat et/ou la mise sous tutelle des réseaux sociaux.
Quelle chance, n’est-ce pas, que ces évènements soient tous tombés au même moment, quelle synchronicité hasardeuse des algorithmes à l’international et quelle harmonisation de la loi sur tout le territoire occidentalo-davossien !
En clair, dis moi quelles solutions/lois il faut apporter/voter, je te dirai quels problèmes amplifier.
Au final, le peuple de France semble être en train de s’égarer au gré de ses obsessions idéologiques et des orientations politiques décidées par ses bourreaux… sans jamais se demander pourquoi il y a de plus en plus de migrants, pourquoi il y a de plus en plus d’insécurité, pourquoi il y a de plus en plus d’extrémistes ou de non-vaccinés, de manifs violentes, de terroristes ou de harcèlement.
Peu importe les causes et les mécanismes politiques profonds, seules les conséquences sociétales immédiates et les solutions liberticides semblent dorénavant avoir droit au chapitre en France.
En bref, quand le sage pointe un problème avec le doigt, les Français apeurés regardent toujours le doigt…
Autre chantier national autour de la jeunesse qui tient particulièrement à cœur du pouvoir : celui du Service national universel (SNU), également fréquemment appelé : jeunesses macroniennes.
Après de nombreux cas de violences, d’agressions sexuelles, de séjours à l’hôpital, de brimades et de multiples joyeusetés du même type subies par les participants, le « Sévice » national universel faisait une nouvelle fois l’actualité cette semaine.
Un mois – à peine – après que Prisca Thévenot, la ministre en charge du SNU, annonçait sur France Info vouloir le « généraliser », tout en promettant qu’il « n’y aurait rien de pire que de vouloir forcer un jeune. Ce serait même contre-productif », la ministre déclarait à Brut, mardi, souhaiter finalement tendre « vers une obligation qui sera une généralisation ».
Quelle surprise là encore que ce projet puisse finalement devenir obligatoire… même si, Le Monde nous apprenait, dès 2017, que le jeune candidat Emmanuel Macron, annonçait, sans se cacher, que ce SNU « permettra aussi de disposer, en cas de crise, d’un réservoir mobilisable complémentaire de la Garde nationale ».
Et des crises sur lesquelles s’appuyer, depuis l’accession au pouvoir de Macron, ce n’est pas franchement ce qui a manqué…
Imaginez donc si cette Garde nationale boutonneuse avait à l’avenir le loisir de faire la loi à la tombée de la nuit pour faire respecter un couvre-feu sanitaire… en vous demandant de vous soumettre à ses injonctions, sinon… ?!
Quel charmant tableau, n’est-ce pas ?!
Pas d’inquiétude, le SNU ne servira bien entendu (sûrement) jamais à cela… tout ceci n’étant qu’une projection fictive et improbable.
Ce qui relève en revanche bien de la réalité, ce sont les propos de Prisca Thévenot et sa question posée, mercredi, sur le plateau de France Info : « Est-ce que le SNU a vocation à devenir un passage républicain pour chaque jeune de notre nation ? La réponse est oui ! », assure-t-elle, avant d’ajouter : « Soyons très clair, l’obligation il faudra en déterminer les modalités, une date précise, etc. Moi, je sais qu’on parle beaucoup d’obligation, j’aimerais plutôt qu’on soit sur une explication. »
Une explication qui dure depuis plusieurs années, mais qui ne prend ostensiblement pas.
Pourtant, Yaël Braun-Pivet jurait encore il y a peu que ce « Sévice » national universel devrait permettre à la population de « faire nation »… en soumettant la question de sa généralisation à un référendum (cf. RDA semaine du 4 septembre).
En résumé, dans la Macronie, on essaie toujours de laisser croire au peuple qu’il désire les solutions avancées par le pouvoir… mais lorsque le poisson ne mord pas, alors fini le jeu de dupes, on passe en force, avec ou sans 49.3 !
Pendant combien de temps ce type d’escroquerie démocratique pourra-t-elle encore fonctionner ?
Possiblement pour toujours… puisque grâce à la toute-puissance de l’IA et de ses algorithmes finement programmés, il sera de plus en plus difficile de discerner le vrai du faux en matière d’information et de manipulation politicienne puisque l’évolution de cette technologie dépend entièrement des valeurs morales de ceux qui lui donnent vie.
À ce titre, Le Figaro nous apprenait, mardi, que « Matignon [a] nommé un comité d’experts sur l’intelligence artificielle ».
Un groupe composé de « l'économiste Philippe Aghion et Anne Bouverot, présidente du Conseil d'administration de l’École normale supérieure » et de « chercheurs français en IA les plus renommés : Yann Le Cun, l'un des “pères” de l'apprentissage profond (deep learning) et actuel chef de la recherche en IA chez le groupe américain Meta (…), Luc Julia (directeur scientifique de Renault et co-concepteur de l'assistant vocal Siri d'Apple), Joëlle Barral, directrice de la recherche en IA chez Google Deepmind (…), [tout comme] Arthur Mensch, qui vient de lancer la start-up Mistral AI, [sans oublier] l'ancien secrétaire d’État au numérique Cédric O (…) [ou encore] le directeur général de Dassault Systèmes Bernard Charlès, [ainsi qu’]Isabelle Ryl, directrice du Paris Artificial Intelligence Institute de l'Inria. »
Google, Meta (Facebook et Metavers), Apple, Dassault, Renault… en bref, une belle ribambelle d’entreprises connues et reconnues pour leur souci de préserver les libertés publiques et individuelles.
Aucun doute : la gestion des réseaux sociaux et de l’IA est entre de bonnes mains en France.
MONDE
Lundi, La Quadrature du Net, l’association de défense des libertés numériques, nous rappelait qu’il « y a un peu plus d’un an, la Commission européenne proposait l’un des pires textes jamais pensés sur le numérique : le règlement CSAR, également appelé “Chat control” ».
L’association explique que même si « l’objectif [affiché est] de lutter contre les abus sexuels sur les enfants, cette proposition vise en réalité à créer un outil inédit de surveillance des communications ».
Au final, selon La Quadrature, cette initiative « reviendrait à mettre fin au chiffrement des communications », ce « qui pourrait signer la fin de toute confidentialité des échanges en ligne ».
En d’autres termes, quand Edward Snowden dénonçait il y a plus de 10 ans la surveillance numérique généralisée mise en place par le gouvernement américain et ses agences de sécurité dans le dos de leur population, l’Union européenne entend, elle, légaliser le procédé.
Toujours ce même lundi, Radio J nous apprenait que, de son côté, Israël n’était pas en reste puisque « le Comité ministériel de la législation a approuvé lundi un projet de loi autorisant l'utilisation de caméras de reconnaissance faciale dans les espaces publics pour lutter contre la criminalité, en particulier dans le secteur arabe ».
La radio explique que « le projet de loi propose de permettre à la police israélienne de configurer les caméras pour l’alerter lorsqu’elle détecte un visage spécifique ».
Radio J cite ensuite un passage pour le moins explicite de ce projet de loi : « Ces utilisations permettent à la police de retracer l'identité et la localisation des suspects et constituent donc un outil utile et efficace pour reconnaître et prévenir le crime et permettre à la police de maintenir l'ordre public et de protéger la paix et la sécurité du public ».
« Prévenir le crime », soit déceler un comportement potentiellement dangereux chez un individu en anticipant son passage à l’acte… c’est-à-dire une surveillance à la Minority Report.
De Paris à Tel-Aviv, de Washington à Londres en passant par Bruxelles, la révolution technologique progressiste à vocation fasciste n’en finit pas de s’installer un peu partout sur la planète. Un vrai nouvel ordre… des libertés.
Autre élément symptomatique d’un monde (aux frontières) qui évolue à toute vitesse, celui des Querelles russo-sino-occidentales en terres françafricaines… où la situation se trouvait plutôt à l’arrêt cette semaine.
Ainsi, dans l’attente de savoir si la Françafrique de l’Ouest va finalement attaquer la junte au pouvoir au Niger – ou si elle va plutôt continuer de faire semblant de vouloir intervenir en jouant la carte du pourrissement… avant de sortir la queue entre les jambes de la crise – Ouest-France nous alertait, mercredi, sur « la grogne [qui] gagne [à présent] les troupes françaises » avec « quelque 1 500 soldats français [actuellement coincés] au cœur d’un bras de fer entre l’Élysée et les putschistes ».
Le quotidien relaie ensuite différents propos tenus par les militaires présents dans la région.
Et, le moins que l’on puisse dire, c’est que le moral n’est pas franchement au beau fixe :
- « Abandonnés ! »
- « Le problème, c’est la foule. Elle se fait manipuler par le mouvement [wagnero-tsariste] M62 qui fait monter le sentiment anti-français » (cf. RDA semaine du 31 juillet), « Ce sont [les] manifestants qui (…) empêchent les personnels locaux de venir travailler sur la BAP [base aérienne projetée, ndla] »
- « Aucun mouvement d’avion, les mouvements entre la zone vie et la zone technique sont surveillés et filtrés par l’armée nigérienne, un fossé antichar a été creusé, plus de ravitaillement alimentaire, évidemment pas d’autorisation de sortie. La base vivait sur les réserves des congélateurs jusqu’à cette semaine. Désormais pas de pain, le papier toilette [est] rationné ».
- « La situation sur les deux bases avancées (Ouallam et Ayorou) devient intenable : plus de ravitaillement en eau, nourriture et carburant. Bientôt plus d’électricité pour eux. Et il est impossible de les approvisionner »
- « Tout ça ne tient qu’à un fil. Ce qui me pose problème, c’est que nos capacités se dégradent un peu plus tous les jours. La mission : “Tenir”, c’est OK ; mais il nous faut de quoi manger, se laver et un minimum de confort ! Dimanche, l’électricité coupe et nous n’aurons plus de moyen de recharger nos appareils une fois que nos batteries seront déchargées. Nous attendons juste une direction de manœuvre ; rien que ça, ça nous redonnerait le moral »
Ouest-France se fait ensuite l’écho des déclarations de l’état-major des armées qui considère que « les militaires en opérations sont confrontés par nature à une forme d’incertitude et aux changements de situation. Ils sont formés et entraînés pour agir dans des conditions parfois très rustiques et dans des environnements sécuritaires difficiles. La préparation et la planification des missions intègrent cette complexité ».
En clair, serrez les dents les bidasses, et arrêtez de vous plaindre, ça fait partie de votre job !
Voilà une déclaration réconfortante… en vue des prochains épisodes !
À suivre…
ÉCONOMIE
Lundi,, La Tribune nous apprenait qu’Élisabeth Borne avait dévoilé « (enfin) les mesures de son plan pour lutter contre la pauvreté ». Le quotidien en profite également pour rappeler qu’il « devait à l'origine être présenté en janvier 2023 ».
De son côté, France Info relayait les propos tenus par le Premier ministre qui reconnaissait volontiers que « pour se loger, pour sa santé, pour accéder à l'éducation ou à l'emploi, parfois même pour se nourrir, la pauvreté est un défi du quotidien pour toutes celles et ceux qui y sont confrontés ».
En ce sens, Élisabeth Borne promet « une aide exceptionnelle [qui] sera intégrée au projet de loi de finances 2024 pour couvrir les besoins des associations d’aide alimentaire », même si elle ajoute que « c'est le travail qui permet de sortir de la pauvreté ».
Autrement dit, l’État n’a pas indéfiniment vocation à nourrir les gueux.
Comprendre : à terme, pas de boulot, pas de bouffe !
Pour Noam Leandri, président du collectif Alerte, qui rassemble 34 associations de lutte contre la pauvreté, ces « mesures répondent à l'urgence liée à l'inflation galopante mais on ne voit pas comment cette stratégie va parvenir à réduire la pauvreté ».
Est-ce réellement le but ?
La question se pose puisque cette mesure ne s’attaque une nouvelle fois pas aux causes, mais aux conséquences de la pauvreté. À part créer une dépendance chez ceux (toujours plus nombreux) qui percevront cette aide, ce n’est pas elle qui leur donnera du travail… dans une France où le taux de chômage (officiel) est de 7 %, voire, dans les faits, de 12 % (cf. RDA semaine du 24 juillet)
Henriette Steinberg, secrétaire générale du Secours populaire – interrogée par France Info et « invitée par le gouvernement pour discuter des contours autour de la pauvreté » – explique à la chaîne d’info qu’en « sortant de la réunion [avec le Premier ministre], [elle] n’a pas été franchement éclairée », ajoutant ne pas avoir eu « l’impression [de vivre] sur la même planète » que le gouvernement, ce qui « est toujours un peu déconcertant », a-t-elle conclu.
Que la Macronie vive sur la même planète que le reste de la population, c’est une certitude. Qu’elle veuille la partager avec elle, ça, en revanche, rien n’est moins sûr…
Henriette Steinberg ajoute : « Je ne dirais pas que [les membres du gouvernement] ne l’entendent pas, mais ils ne l’entendent pas comme nous l’entendons (…). Je suis sidérée [par] le décalage entre ce que nous vivons et ce qui se traduit en Powerpoint... ».
En résumé, factuellement, en laissant la pauvreté s’installer et en proposant des mesurettes inefficaces poussant la population à être dépendante des aides de l’État, l’exécutif est en train de progressivement justifier la mise en place du fameux Agenda 2030 de l’ONU, allègrement soutenu par la France (macroniste), qui vise précisément à mettre un terme à la pauvreté et à la faim dans le monde… en adoptant des mesures restrictives et liberticides… pondues par des ultras-libéraux déjà au pouvoir et, donc, déjà coupables de paupériser la population.
Autrement dit, plus il y aura de pauvres et plus il y aura de personnes en demande de solutions et, donc, de ce plan mondial onusien.
En bref, dans l'univers macro-américano-davossien, plus c’est gros et plus cela passe.
Le Monde nous indiquait, toujours ce même lundi, que « le gouvernement a chiffré la [énième] ponction qu’il envisage d’effectuer » dans les caisses publiques. Le quotidien note ainsi que la nouvelle victime du pillage macronien est, cette fois, « le trésor du régime de retraites complémentaires du privé », où « l’exécutif lorgne jusqu’à 3 milliards d’euros du “magot” de l’Agirc-Arrco ».
Le Monde explique que l’exécutif souhaite que « l’Agirc-Arrco fasse un geste en faveur des petites pensions, l’un des buts de la réforme étant de porter celles-ci à 85 % du Smic pour une personne ayant une carrière complète ».
Le journal souligne que le « secrétaire confédéral de Force ouvrière, Michel Beaugas, [se souvient] que ses interlocuteurs gouvernementaux avaient parlé d’un effort de l’ordre d'un milliard d’euros par an, [mais vouloir] prélever 3 milliards est “financièrement impossible”, complète une source patronale, sauf à mettre en péril le dispositif ».
Si « mettre en péril le dispositif » permet ensuite d’apporter – comme d’hab’ – sa « solution », serait-ce vraiment si grave ?
Deux jours plus tard, mercredi, sur RTL, François Lenglet donnait son avis sur cette nouvelle aspiration de l’argent du contribuable.
Et, celui-ci est amer : « Raz-le-bol », annonce d’entrée le journaliste économique, qui rappelle avoir alerté « il y a 15 jours sur le hold-up qu'envisage l'exécutif sur l'argent des retraites du privé, l’Agirc-Arrco ».
« Pour une fois qu'une caisse de retraite est bien gérée, inutile de dire que ce n'est pas par l'État », ironise François Lenglet qui remarque que le gouvernement veut réaliser « un prélèvement annuel de plusieurs milliards d'euros pour financer les mesures sur les petites retraites. Nouvelle promesse que l'exécutif se trouve évidemment incapable de financer », observe-t-il, avant de s’exclamer : « Rançonnage ! ».
La critique de François Lenglet sur les choix politiques de la Macronie ne s’arrête pas là puisqu’il se moque également de la mesure visant à « autoriser la grande distribution à vendre le carburant à perte », ainsi que « [l’]aide pour aider les petits [gérants de stations] à vendre à perte » ou lorsque « le chef de l'État inventait le pass-rail avec tarifs réduits (…) en mettant les régions au défi de le financer ».
Le journaliste n’oublie pas non plus « [qu’]il y a 15 jours, les taxes foncières arrivaient dans nos boîtes », avec « +7 % décidés par l'État » et garde en tête « la taxe sur les sociétés d'autoroutes qui va immanquablement se [répercuter] sur nos péages un jour ou l'autre ».
François Lenglet remarque également que « nous sommes au record des prélèvements obligatoires, jamais on n'a payé autant d'impôts qu'en 2022 », pourtant il note que « le Président [lui] n'arrête pas de dépenser ! Disons les choses telles qu'elles sont : dès qu'il sort pour faire un discours, c'est le milliard ! », s’insurge-t-il encore.
Le journaliste observe enfin « que le Président a toujours eu une forme d'intempérance budgétaire et qu'il a connu une conjoncture exceptionnelle avec la baisse des taux d'intérêts… dont les bénéfices considérables ont été intégralement cramés »… au nom d’une belle histoire qui « s’appelait le “quoi qu’il en coûte” ».
En bref, François Lenglet vient enfin de saisir ce qu’était la teneur réelle du « projet » macro-davossien.
Bienvenue au club François !
Lundi, Libération nous rapportait une autre mesure progressiste proposée par la macronie : « Refondre le service public de l’emploi dans une nouvelle identité, “France Travail”, et réformer le RSA – dont aucune revalorisation ne figure dans le “Pacte des solidarités” ».
Le journal indique que « les allocataires du revenu de solidarité encourraient une sanction semi-automatique (la « suspension-remobilisation ») pour le cas où ils ne respecteraient pas certains engagements, parmi lesquels pourraient figurer 15 à 20 heures d’ “activité” hebdomadaires ». Le quotidien rappelle aussi que cette « mesure, pensée par l’exécutif, ne figurait pas telle quelle dans le projet de loi initial, [mais] le Sénat [l’]a insérée lors de son examen ».
Pour le député PS du Calvados Arthur Delaporte, dont les propos ont été recueillis par Libé, « derrière ce projet de loi, il y a une bataille idéologique. Ce qui se prépare, c’est un service public démantelé. Pôle Emploi ne sera pas en capacité de traiter l’inscription automatique de tous les allocataires, donc ils auront recours à des prestataires privés. Le service public sera aussi recentralisé, puisque les départements vont perdre en compétence ».
Sans compter que pour Arthur Delaporte, « le vrai caractère problématique, c’est qu’on abandonne la logique du RMI puis du RSA, c’est-à-dire d’avoir un véritable revenu minimum pour survivre, au moment où les Français n’arrivent plus à boucler leurs fins de mois, où 2 000 enfants sont à la rue, où des familles notamment monoparentales sont en surendettement… Demain, on va leur dire : “C’est de votre faute et si vous ne faites pas d’efforts, on va vous couper les vivres” ».
En un mot, En Marche… ou crève.
En parallèle, lundi, Ouest-France s’intéressait à « cette entreprise française [qui a] viré 217 salariés pour les remplacer par une intelligence artificielle ».
Le quotidien indique que la société Onclusive, spécialisée dans la veille médiatique, a « déclaré que [son] logiciel fournirait “un service plus rapide et plus fiable” que les employés humains »… même si cette « “décision n’a pas été prise à la légère”, a assuré à France Culture Matthew Piercy, directeur financier chez Onclusive ».
Pas à la légère, peut-être, mais sans vraiment hésiter non plus au regard de l’économie que cela va représenter pour sa société.
Du côté des salariés, Caroline, employée d’Onclusive et élue du personnel (FO) donnait son sentiment à BFM dimanche dernier : « On voit des chiffres, mais au départ, moi, je ne vois pas des chiffres. Je vois des gens, des gens qui travaillent depuis très longtemps dans cette société. On est des “seniors” pour la plupart et, là, on est sous le choc. Les gens sont sidérés. »
Un sentiment qui risque de se généraliser chez les actifs au cours des mois et années à venir. La révolution technologique progressiste n’attend pas.
BFM explique que « chaque jour, les salariés fournissaient à leurs clients des revues de presse ». Un travail qui « sera donc [dorénavant] réalisé par des logiciels d'intelligence artificielle ».
Bientôt une IA pour faire les RDA ?
Pour Sylvain, employé faisant partie de la charrette de licenciement, « cette sélection était quand même humaine. Demain, ça sera du requêtage dans un outil de production lié à l'intelligence artificielle qu'on ne connaît pas. Pour le coup, là-dessus, on ne sait même pas comment ça va vraiment fonctionner demain »… ni quelles seront les lignes éditoriales et, encore moins, quelles seront les sources reconnues comme fiables par ces IA.
Outre cette problématique, la robotisation En Marche pose également la question du sort réservé à ces humains devenus inutiles sur un marché du travail où les offres d’emplois se raréfient. Des gueux qui s’appauvrissent, subissant l’inflation et qui, s’ils refusent de se soumettre aux corvées gouvernementales, n’auront même plus de RSA pour survivre.
En résumé, retour à l’Ancien Régime.
MÉDIAS
Mardi, le média d’investigation Disclose publiait un communiqué : « Une perquisition est en cours depuis 6 heures, ce mardi 19 septembre, au domicile personnel d’Ariane Lavrilleux, journaliste de Disclose et co-auteur de la série d’enquêtes “Egypt Papers”. Accompagnés d’un juge d’instruction, des policiers de la Direction générale de la sécurité intérieure (DGSI) ont placé la journaliste en garde à vue dans le cadre d’une enquête pour compromission du secret de la défense nationale et révélation d’information pouvant conduire à identifier un agent protégé ».
Disclose estime que « l’objectif de ce nouvel épisode d’intimidation inadmissible à l’égard des journalistes est clair : identifier nos sources ayant permis de révéler l’opération militaire Sirli, en Égypte ».
Quelques heures plus tard, le compte Twitter de Disclose ajoutait que « près de 10 heures après le début de sa garde à vue, [la] journaliste n’a toujours pas eu accès à son avocat ». Le média d’investigation dénonce ainsi « une grave atteinte au droit à la défense ».
Une heure plus tard, Disclose expliquait que « Ariane Lavrilleux est maintenant conduite à l'hôtel de police de Marseille, pour la suite de sa garde à vue, [et] sera [finalement] accompagnée d'un avocat », tandis que le média digital Anonyme Citoyen publiait une vidéo montrant un « rassemblement [improvisé] devant l'hôtel de police de Marseille pour demander la libération de la journaliste ».
Mercredi, lors d’un point presse, Célia Mebroukine, journaliste à Mediapart, interpellait Olivier Véran sur le sort réservé à Ariane Lavrilleux.
Célia Mebroukine : « Est-il normal qu'une journaliste passe une nuit en cellule dans une démocratie ? (…) On est sur un sujet lié à la liberté de la presse et à la vitalité d'une démocratie. C'est important. »
Olivier Véran : « Je suis porte-parole du gouvernement, c'est- à-dire que je porte la parole du gouvernement. Quand je dois dire les choses, je dis les choses avec la certitude que c'est la parole gouvernementale et qu'on a les éléments nécessaires pour cela. Ce n'est pas le lieu, excusez-moi, pour vous répondre sur cette question. Je ne veux pas éluder, si vous m'invitez, je veux bien vous répondre dans un autre contexte. »
C.M. : « C'est compliqué de se positionner sur le fait qu'une journaliste ait passé une nuit en garde à vue pour avoir simplement fait son travail ? »
O.V. : « Parce que vous êtes journaliste et parce que je suis élu de la République, je préfère m'exprimer sur des sujets en toute connaissance de cause de la totalité des éléments, ce que ni vous ni moi n'avons à l'heure à laquelle je vous parle. »
Olivier Véran a beau botter en touche, Célia Mebroukine revient à la charge en rappelant au ministre que « ce n'est pas la première journaliste qui passe une nuit en cellule. Ce n'est aussi pas la première à avoir été interpellée ou perquisitionnée. ».
Après quelques échanges, la réponse du porte-parole du gouvernement ne varie pas d’un iota : « Excusez-moi, ce n'est pas un lieu… il y a beaucoup de lieux de débats auxquels je me prête bien volontiers, je fais plusieurs émissions politiques par semaine. Donc j'accepterai volontiers l'invitation de Mediapart. Je vous dis juste qu'ici, c'est un lieu institutionnel. »
Célia Mekroubine : « C'est quand même étonnant que cette question soit aussi gênante »
Olivier Véran : « Mais, en fait, c'est la nature de votre question qui n'est pas adaptée au contexte. Mais je vous répondrai bien volontiers, je n'élude pas les choses. C'est juste ici l'endroit d'un compte-rendu. Invitez-moi. »
C.M. : « Mais, on vous invite... Bon, bref, on ne va pas refaire le débat, mais c'est quand même très difficile d'avoir la parole du gouvernement sur ces sujets-là. »
O.V. : « Je vous le dis, invitez- moi. Je ne refuse pas de vous parler. Au contraire, je viendrai avec plaisir. »
C.M. : « Très bien. On le fera donc ! »
Traduction : vous me prenez de court sur ce sujet, mais invitez-moi… que je puisse prendre le temps de préparer mes éléments de langage avec mes collaborateurs de McKinsey.
De son côté, Disclose annonçait finalement la libération d’Ariane Lavrilleux dans la soirée de mercredi : « Après 39 heures de garde à vue, notre journaliste Arianne Lavrilleux vient de sortir de l'hôtel de police de Marseille, où elle était entendue par la DGSI. »
Le média finit par remercier « toutes et tous pour la vague de soutien sans précédent qui s'est exprimée ».
Nouvelle attaque sur la liberté de la presse en partie repoussée… jusqu’à la suivante.
Et, il n’aura pas fallu attendre bien longtemps pour la découvrir, puisque, jeudi, Libé publiait un communiqué pour nous avertir que « les journalistes de Libération Ismaël Halissat, Fabien Leboucq et Antoine Schirer étaient convoqués pour être entendus en tant que suspects sous le régime de l’audition libre par la brigade criminelle de la police judiciaire de Lille ».
Le quotidien explique que « les motifs d’infractions de “violation du secret de l’instruction”, “recel de violation du secret de l’instruction” et “diffamation publique à raison de la fonction ou de la qualité de dépositaire de l’autorité publique” retenus par le parquet visent la publication d’une série d’articles sur la mort d’Amine Leknoun, tué par un policier de la BAC, à Neuville-en-Ferrain (Nord) ».
Libération conclut que cette « procédure [est] inadmissible et indigne d’un pays démocratique où la liberté de presse ne doit en aucun cas être entravée ».
Libération prenant conscience que la liberté de la presse est menacée sous Macron… la candeur du quotidien est touchante.
En attendant que cette réflexion se poursuive du côté de la rédaction de Libé, France-Soir et cette RDA apportent leur soutien à ces trois journalistes victimes, à leur tour, de la révolution progressiste.
DIVERS
Lundi, l’avocat Juan Branco commentait sur Twitter/X la publication d’un important compte Gilet Jaune, Eskouad. Celui-ci alertait que « la cagnotte Dettinger est [comme à l’accoutumée] "temporairement" bloquée par GoFundMe », précisant que « la plateforme demande plus de précisions concernant l'exploitation des fonds ».
En attendant de savoir si cette nouvelle cagnotte sera finalement rouverte, Juan Branco annonce que « vous pouvez envoyer des chèques au nom de Christophe Dettinger à l’adresse [de son] cabinet ».
Avant de rappeler : « On ne lâchera rien ».
À l’instar du pouvoir visiblement.
Vendredi, Olivier Véran, le ministre du Renouveau démocratique (sic), partageait sur Twitter l’une de ses précédentes publications, dans laquelle une vidéo le montrait en compagnie d’une poignée de jeunes, avec ce commentaire : « Le vote en ligne, le vote obligatoire, le vote à 16 ans : pour ou contre ? ».
Oui, tiens : pour ou contre « le vote en ligne » ?
Comprendre : pour ou contre la fraude électorale ?
Enjoué par l’idée de voir la manière de voter évoluer, le ministre publiait les « résultats de [ces] scrutins (non-officiels mais loin d’être inintéressants) :
Vote obligatoire :
Pour : 63 %
Contre : 37 %
Vote en ligne :
Pour : 64 %
Contre : 36 %
Vote à 16 ans :
Pour : 24 %
Contre : 76 % »
Olivier Véran ajoute : « Si vous venez visiter le ministère du Renouveau démocratique ce week-end, vous pouvez voter sur ces questions. Aucune valeur juridique, bien sûr, mais un objectif : faire progresser notre démocratie ! ».
Meilleure blague de la semaine.
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Wolf Wagner, journaliste indépendant pour France-Soir
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