Londres et Kiev signent un partenariat de défense sur 100 ans, une base militaire britannique envisagée en Ukraine, la Russie dénonce les “provocations” du Royaume-Uni

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France-Soir
Publié le 18 janvier 2025 - 16:24
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Après Washington qui a officiellement autorisé en novembre les sociétés militaires privées à opérer en Ukraine, Londres annonce à son tour étudier la possibilité d’installer dans ce pays de l’Europe centrale des bases militaires. Peu avant le retour du président élu Donald Trump à la Maison Blanche, le président ukrainien Volodymyr Zelensky et le Premier ministre britannique Keir Starmer, dont le pays est l’un des plus fervents soutiens de Kiev, ont signé jeudi 16 janvier un accord "historique" de partenariat "sur 100 ans". 

Sous les conservateurs comme sous les travaillistes, Londres est jusqu’à maintenant l’un des principaux soutiens de l’Ukraine depuis le début de la guerre en février 2022. Le Royaume-Uni, qui fournit les missiles de croisière Storm Shadow, capables d'atteindre des cibles à plus de 250 km, était parmi les premiers pays occidentaux à autoriser Kiev à frapper des cibles sur le territoire russe, malgré les avertissements et les menaces du Kremlin qui considérait un tel acte comme une ligne rouge à ne pas franchir. 

De l’aide au développement d’armes à longue portée et .... une base militaire  

À ce jour, le Royaume-Uni a dépensé 12,8 milliards de livres sterling en soutien à l'Ukraine depuis février 2022, dont 7,8 milliards pour l'aide militaire. Cela comprend 3 milliards de livres pour l'assistance militaire en 2024/2025. A la mi-décembre 2024, un nouveau paquet de soutien militaire de 225 millions de livres sterling avait été annoncé.  

Des relations “plus étroites que jamais”, comme se félicite Volodymyr Zelensky, en témoigne cet accord “historique” qu’il a signé jeudi avec Keir Starmer, portant sur un partenariat "sur 100 ans". “Nous avons signé ensemble un accord historique, le tout premier du genre, un nouveau partenariat entre le Royaume-Uni et l'Ukraine qui reflète l'énorme affection existant entre nos deux nations", a déclaré le PM britannique. 

Le document prévoit un renforcement de la coopération en matière de défense et de sécurité maritime, mais aussi "des partenariats scientifiques et technologiques" dans la santé, l'agro-technologie, l'espace et les drones. Cette coopération militaire vise déjà le renforcement du bouclier antiaérien ukrainien, mis à mal par les bombardements russes. L'armée ukrainienne, de plus en plus menacée par une baisse des aides financières et militaires avec la prochaine investiture de Donald Trump, est par ailleurs épuisée et recule sur le front. 

L'objectif "principal" de cet accord est "de s'assurer que l'Ukraine soit dans la position la plus forte possible au cours de l'année 2025", a souligné M. Starmer. A cet effet, des questions délicates, qui ont cristallisé jusque-là la hausse des tensions et des risques d'escalade du conflit, ont été abordées lors de cette première visite du PM britannique depuis son élection. Il a évoqué avec le président ukrainien la possibilité de stationner des troupes occidentales en Ukraine pour superviser un éventuel accord de cessez-le-feu. Une proposition initialement évoquée par le président français Emmanuel Macron. 

Keir Starmer s’est contenté de déclarer son intention de “discuter de la possibilité d'un tel déploiement avec d'autres pays. "Nous en discuterons avec un certain nombre d'alliés, dont bien sûr le président Macron et le président Zelensky ici présent, et nous jouerons pleinement notre rôle". 

Mais l’annonce majeure est la décision du Royaume-Uni d’étudier la possibilité d’installer des bases militaires et des infrastructures de défense en Ukraine. C’est ce qu’a rapporté l’agence russe TASS, citant la déclaration du partenariat publié sur le site du cabinet du Premier ministre britannique.  

Pour Moscou, “les provocations de Londres” poussent Kiev “dans les abîmes” 

"Le Royaume-Uni va travailler avec l'Ukraine pour identifier les besoins militaires communs, coopérer pour élargir la gamme des capacités et des technologies que nous pouvons produire ensemble”, indique le document. “Les participants étudieront les possibilités de déployer et de maintenir des infrastructures de défense en Ukraine, notamment des bases militaires, des dépôts logistiques, des installations de stockage pour les équipements militaires et des réserves de matériel”, poursuit-on. “Ces installations peuvent être utilisées pour renforcer les capacités de défense de l'Ukraine en cas de grave menace militaire", explique encore la même source.  

Londres souhaite également accompagner Kiev dans le développement de sa capacité “de frappe à longue portée, de défense antiaérienne intégrée et antimissile et d'arsenaux d'armes afin de renforcer la dissuasion", toujours selon la déclaration. 

Si ce partenariat a une allure de projet d’après-guerre compte tenu de l’envergure de certains projets évoqués, la déclaration de Keir Starmer selon laquelle le but recherché est de “s'assurer que l'Ukraine soit dans la position la plus forte possible au cours de l'année 2025” dissipe le doute. Et sa visite à Kiev n’est pas du goût du Kremlin, qui s’est exprimé sur la question.  

C’est l’ambassade de Russie à Londres qui a dénoncé “les projets provocateurs des autorités britanniques”, qui “menacent de nouvelles escalades et poussent le pays dans l’abîme”. La visite du PM, estime-t-on, “était une tentative désespérée des Britanniques de maintenir à flot le régime de Kiev à l'agonie” et “le contenu des déclarations dévoile de nouveaux plans extrêmement provocateurs, comme “la création de bases militaires sur son territoire et l’aide au développement d’armes à longue portée”.  

Rappelons que “dans l’ensemble de l’Occident, les doutes quant à la nécessité de prolonger le conflit se font de plus en plus sentir” et que “les bénéfices souhaités” ne sont pas au rendez-vous, l’ambassade russe a critiqué les dirigeants britanniques qui, “contrairement au bon sens, continuent de persister et promettent même d'allouer cette année un montant sans précédent de 4,5 milliards de livres sterling aux besoins militaires”.  

Pour Moscou, ce partenariat de 100 ans, “grotesque”, “met une fois de plus en évidence la logique néocoloniale des Britanniques”. 

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