Affaire des primes en liquide : Claude Guéant sera jugé en correctionnelle
Il trouvait son salaire trop "étriqué". Le parquet national financier a décidé de renvoyer Claude Guéant devant un tribunal correctionnel dans l'affaire dite "des primes en liquide", révèle ce mercredi Le Monde. Celui qui était le directeur de cabinet du ministre de l'Intérieur de l'époque, Nicolas Sarkozy, au moment des faits allégués a reconnu lors d'une audition, en mai 2013, "conforté (sa) dotation par un complément venant des frais d'enquête et de surveillance". Des fonds normalement réservé aux policiers de terrain, par exemple pour rémunérer leurs "indics".
Outre Claude Guéant, l'ancien préfet de police de Paris –aujourd'hui directeur de cabinet de Nicolas Sarkozy– Michel Gaudin est également concerné. Trois autres préfets ayant fait partie du cabinet de l'ancien président de la République, sont pour leur part cités directement devant le tribunal: Daniel Canepa, Michel Camux et Gérard Moisselin, toujours selon le quotidien du soir.
Claude Guéant est poursuivi pour "recel" du "détournement de fonds publics" attribué à Michel Gaudin, à savoir la captation présumée, et à des fins personnelles, d'importantes sommes en argent liquide issues d'une caisse normalement allouée aux frais d'enquête des policiers de terrain. Les trois préfets sont quant à eux accusés de "complicité".
Selon un rapport de l’Inspection générale de l’administration rendu en juin 2013 cité par Le Monde, Claude Guéant aurait perçu "à partir de l'été 2002 et au plus tard jusqu'à l’été 2004" 10.000 euros en liquide par mois issus de cette caisse. L'ancien ministre a reconnu avoir reçu mensuellement, de la part de Michel Gaudin alors Directeur général de la police nationale, 12.000 euros. Il a dit aux enquêteurs qu'il gardait 5.000 euros et distribuait le reste à ses collaborateurs, les préfets cités à comparaître. Une pratique pourtant interdite depuis la diffusion d'une note en 1998 par le Directeur général de la police de l'époque... Claude Guéant lui-même.
"Quel con j'ai été de garder les factures!", disait Claude Guéant à Michel Gaudin lors d'une conversation téléphonique captée par les enquêteurs en juin 2013. Lors d'une perquisition menée quelques mois plus tôt pour une autre affaire, sur le financement libyen présumé de la campagne 2007 de Nicolas Sarkozy, les policiers avaient ainsi découvert pour des milliers d'euros de factures d'électroménager notamment réglées en liquide. Sommé de s'expliquer, Claude Guéant avait alors expliqué, selon Le Monde, qu'il trouvait son salaire trop "étriqué". "La décision a donc été prise de conforter cette dotation par un complément venant des frais d’enquête et de surveillance", a-t-il avoué aux enquêteurs.
Le procès doit s'ouvrir le 28 septembre prochain. Claude Guéant et Michel Gaudin encourent jusqu'à 10 ans de prison.
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