Après Valls giflé et les élus LR aspergés d'urine, l'agression de NKM marque un tournant
"Si vous ne pouvez respecter les personnes, respectez du moins la fonction". Au lendemain de l'agression indigne, et qui l'a conduite à l'hôpital, de Nathalie Kosciusko-Morizet alors qu'elle tractait pour la campagne des législatives sur un marché du Ve arrondissement de Paris, jeudi 15, il est des principes qu'il est bon de rappeler. Les hommes et femmes politiques sont avant tout des hommes et des femmes. Des êtres humains qu'il est nécessaire de respecter dans leur intégrité. Ces derniers mois, Emmanuel Macron et François Fillon ont été respectivement victimes de jets d'œuf et de farine, Manuel Valls a été giflé, les élus LR de Rennes Amélie Dhalluin et Bertrand Plouvier ont été aspergés d'urine et maintenant NKM. Où cela s'arrêtera-t-il?
Les faits sont d'une grande violence. L'ancienne ministre, frêle quarantenaire, a été prise à partie par un énergumène au crâne rasé qui a tenté de lui porter un coup, la faisant trébucher. La tête de l'élue a alors heurté le sol, provoquant une perte de connaissance de "plusieurs minutes" selon les témoins. Elle a ainsi dû être hospitalisée et gardée en observation toute la nuit, recevant également un soutien unanime de la classe politique comme de nombreux citoyens.
Passons sur le courage de cet homme qui s'en est pris à plus faible. Si les blessures de NKM se sont finalement avérées bénignes, le geste n'en reste pas moins loin d'être anodin: pour sa participation au débat démocratique, une femme a ainsi frôlé l'accident bien plus grave. Les pages faits divers fourmillent ainsi de ces agressions qui tournent mal et les témoins de la scène disent même "avoir eu peur" pour elle.
Et si, ce vendredi matin, la France se réveillait en apprenant que Nathalie Kosciusko-Morizet était handicapée à vie? Ou pire? Faudra-t-il en arriver là pour que la société réalise qu'elle a un problème avec ses élus, ses représentants?
"Tous pourris!", répondront quelques-uns, ivres de colère face à cette "caste" politique qui aurait perdu de vue l'intérêt général et ne chercherait qu'à faire perdurer ses avantages. Légitime, le débat sur la moralisation de la vie publique ne doit pas nier aux élus leur droit à la sécurité.
Après le désamour, la défiance et l'abstention massive, la violence maintenant. La France avait pourtant réussi à reléguer aux marges cette forme d'action, permettant un débat politique apaisé bien que parfois animé. Pour une écrasante majorité, l'action militante n'implique ainsi plus de risquer sa vie.
L'agresseur ayant crié "bobo de merde, c'est votre faute si on a Hidalgo comme maire" (signant au passage le crime), cela rangerait l'acte dans cette case de l'action politique violente? Non car, qu'on la cautionne ou non, celle-ci implique des revendications claires et d'être liées à une lutte précise. Il n'en est rien ici: c'est un homme qui a frappé une femme.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.