Attentat de Nice et primaire à droite : Sarkozy et Juppé s'affrontent sur la sécurité

Auteur(s)
La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 19 juillet 2016 - 10:36
Image
Nicolas Sarkozy et Alain Juppé
Crédits
©Nicolas Tucat/AFP
Le thème de la sécurité, cher à Nicolas Sarkozy, est au centre du débat de la primaire de la droite depuis l'attentat de Nice.
©Nicolas Tucat/AFP
Suite l'attentat de Nice, la sécurité et le terrorisme se sont invités dans le débat entre les rivaux à la primaire de la droite Alain Juppé et Nicolas Sarkozy. Un sujet de prédilection de l'ancien président de la République qui, bien que pas encore officiellement candidat, pourrait en profiter pour combler son retard après des propos polémiques du maire de Bordeaux.

A deux mois du lancement de la campagne officielle de la primaire à droite, Nicolas Sarkozy, quasi-candidat, et Alain Juppé se marquent de près, notamment en matière de sécurité alors que la France vient de connaître un nouvel attentat, qui a fait 84 morts à Nice.

Quelques heures après le drame, le maire de Bordeaux, pourtant peu coutumier des déclarations à chaud, a affirmé que "si tous les moyens avaient été pris", l'attentat de Nice "n'aurait pas eu lieu". "Le fatalisme n'est pas une politique", a-t-il dit. Sa réactivité et son ton tranchent sur l'esprit de concorde et de modération qu'il cultive d'ordinaire, incarné dans sa formule "apaiser, rassembler, réformer".

A contre-pied, son rival Nicolas Sarkozy a attendu pour critiquer le gouvernement. Il s'est rendu d'abord à Nice à une messe auprès des victimes, dans ce fief des Alpes-Maritimes qui lui est acquis. Sa critique n'est venue que deux jours plus tard sur le plateau du JT. "Je veux dire que tout ce qui aurait dû être fait depuis 18 mois ne l'a pas été", a lancé l'ex-chef de l’État.

Et le président de LR - qui a jusqu'au 25 août pour se déclarer candidat - n'a pas manqué de tacler sévèrement son adversaire lundi soir lors d'un bureau politique du parti, en jugeant qu'il n'était "pas raisonnable de dire que si on avait fait ceci ou cela, l’attentat de Nice n’aurait pas eu lieu"...

Les deux anciens dirigeants se sont attiré les foudres de l'exécutif, qui a critiqué cette surenchère et pointé les baisses d'effectifs policiers lors du précédent quinquennat.

Le patron du PS, Jean-Christophe Cambadélis, s'en est pris au maire de Bordeaux: "Dans l'épreuve, certains dirigeants ont livré leur vérité, révélé leur fébrilité et cédé à la surenchère déplacée. Même le meilleur d'entre eux s'est adonné au pire, assénant qu'on aurait pu éviter l'horreur".

"La virulence de la réaction gouvernementale me paraît suspecte", a commenté M. Juppé en déplacement à Berlin, y voyant "un rideau de fumée", après avoir rencontré Angela Merkel et plaidé pour une pause dans l'élargissement de l'UE après le Brexit, notamment concernant la Turquie.

Depuis un mois, plusieurs sondages ont vu Alain Juppé baisser et Nicolas Sarkozy grappiller quelques points.

Déclaré depuis août 2014, le maire de Bordeaux a bénéficié jusqu'ici de sondages très flatteurs. Son équipe s'attendait à ce "rééquilibrage" mais reconnaît qu'il faut un peu "plus de réactivité", notamment sur la sécurité, thème souvent mis en avant par Nicolas Sarkozy.

"Il a toujours dit qu'il serait plus présent médiatiquement au fil du temps", justifiait récemment son directeur de campagne alors que l'ex-Premier ministre intervenait au débotté à la radio. "Si tu laisses le boulevard à Sarkozy, il le prend", observait un conseiller. Suspecté de "courir" après son concurrent précisément sur l'aspect sécuritaire, Alain Juppé réfute: "Je dis ce que je pense depuis longtemps".

De l'aveu de sa propre équipe, Alain Juppé est meilleur pour "l'exercice du pouvoir" que pour "la campagne électorale". "On n'a pas besoin de faire une campagne avec de la musique à fond, avec des paillettes et en bombant le torse à la tribune", expliquait le député juppéiste Benoist Apparu il y a quelques mois. "Juppé fait semblant, ça va se voir", pronostique un de ses détracteurs.

La primaire de la droite, dont la campagne officielle débute le 21 septembre, s'est donc un peu enfiévrée. Avec en arrière-plan, un FN haut dans les intentions de vote pour la présidentielle. Et alors que l'Euro de foot et la pause estivale laissaient augurer une période calme, le Brexit et les attentats - Nice après le meurtre d'une policier et de sa compagne - ont modifié la donne.

Bruno Le maire, candidat à la primaire, a de son côté affirmé que "nous, responsables politiques, nous devons éviter les querelles, les petites phrases" face à l'image "d'unité" et de "cohésion de tous les Français", "il faut être à la hauteur des enjeux". Elle aussi candidate, Nathalie Kosciusko-Morizet doit s'exprimer mardi dans la presse.

 

À LIRE AUSSI

Image
Juppé-Politique-lr
Attentat de Nice : Alain Juppé dénonce un "écran de fumée du gouvernement"
En déplacement à Berlin, ce lundi , où il a été reçu durant une heure par Angela Merkel – comme Nicolas Sarkozy le 21 juin –, Alain Juppé a, devant la presse, sévèreme...
18 juillet 2016 - 22:03
Politique
Image
Hollande, Valls et Cazeneuve.
Attentat de Nice : le gouvernement fait bloc face aux critiques de la droite et du FN
Quatre jours après l'attentat à Nice, qui a fait au moins 84 morts, le gouvernement s'est lancé dans une vigoureuse contre-attaque face aux accusations de la droite et...
18 juillet 2016 - 16:19
Politique
Image
François Hollande en décembre 2015.
Attentat de Nice : Hollande invoque une "obligation de dignité et de vérité" dans la parole publique
Plus de trois jours après l'attentat commis à Nice, François Hollande a invoqué ce lundi lors du troisième Conseil de sécurité et de défense une "obligation de dignité...
18 juillet 2016 - 14:43
Politique

L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.

Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement  car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.

Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.

Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.

Je fais un don à France-Soir

Les dessins d'ARA

Soutenez l'indépendance de FS

Faites un don

Nous n'avons pas pu confirmer votre inscription.
Votre inscription à la Newsletter hebdomadaire de France-Soir est confirmée.

La newsletter France-Soir

En vous inscrivant, vous autorisez France-Soir à vous contacter par e-mail.