Attentats de janvier 2015 contre Charlie Hebdo et l'Hyper Cacher : le procès en appel s'ouvre à Paris
Plus de sept ans et demi après l'électrochoc des attentats contre la rédaction de Charlie Hebdo et le magasin Hyper Cacher, le procès en appel de deux soutiens présumés des auteurs des attaques jihadistes s'ouvre lundi à Paris.
Pendant trois jours de terreur, du 7 au 9 janvier 2015, les frères Saïd et Chérif Kouachi et Amedy Coulibaly portaient le combat jihadiste sur le sol français, contre la liberté d'expression, les forces de l'ordre et la communauté juive, et tuaient 17 personnes, dont les caricaturistes Cabu et Wolinski.
Leur périple meurtrier et coordonné avait pris fin avec leur mort lors d'un double assaut policier.
Deux ans après leur premier procès, deux proches d'Amedy Coulibaly sont rejugés devant la cour d'assises spéciale, qui va devoir soupeser jusqu'au 21 octobre le degré de responsabilité de chacun dans la préparation des attentats.
Ali Riza Polat, Franco-Turc de 37 ans contre lequel pèsent les charges les plus lourdes et qui encourt la perpétuité, avait marqué la première audience "historique" par ses coups d'éclat et ses invectives.
Les juges l'avaient condamné à trente ans de réclusion criminelle pour complicité des crimes commis par les Kouachi et Coulibaly.
Le second accusé, Amar Ramdani, avait lui écopé de la peine maximale de 20 ans de réclusion pour association de malfaiteurs terroriste criminelle.
Les deux hommes, qui avaient vivement contesté tout lien avec les attaques, avaient fait appel, ainsi que le parquet.
Zones d'ombre
Leur nouveau procès doit s'ouvrir dans la matinée avec l'examen de questions de procédure.
La défense d'Ali Riza Polat entend notamment demander l'exploitation de documents négligés selon elle à l'époque par les enquêteurs.
Puis la cour, après la lecture d'un résumé des investigations, se penchera sur les éléments de personnalité des deux accusés, avant de commencer à examiner les faits, à partir de mardi.
L'instruction titanesque et les débats en première instance n'ont pas permis de dissiper toutes les zones d'ombre entourant les attentats, du circuit des armes aux commanditaires des tueries commises au nom d'Al-Qaida dans la péninsule arabique (Aqpa) pour les Kouachi et de l'Etat islamique (EI) pour Coulibaly.
Ali Riza Polat est notamment soupçonné d'avoir organisé la recherche d'armes pour Amedy Coulibaly, originaire comme lui de Grigny (Essonne), et d'être intervenu à tous les stades des préparatifs des attaques, ce qu'il rejette en bloc.
"M. Polat a été indûment accusé de complicité terroriste à la dernière minute", estiment ses avocats, MMe Moad Nefati et Rachid Madid. "Ce procès sera l'ultime occasion de corriger les erreurs d'une chaîne judiciaire dépassée par l'ampleur de ces attentats, et de revenir à la raison quant au rôle exact de M. Polat, délinquant de droit commun à qui l'on a attribué à tort un rôle qu'il n'a jamais joué", font-ils valoir.
"Utile"
Amar Ramdani est lui accusé d'avoir fourni des armes à Amedy Coulibaly, qu'il avait connu en prison, et d'avoir financé les attentats, ce dont il se défend.
Environ 80 témoins sont cités à comparaître. Parmi eux, la majorité des neuf hommes définitivement condamnés à l'issue du procès qui s'était tenu à l'automne 2020, à des peines allant de quatre à dix-huit ans de prison. Aucun d'entre eux n'avait fait appel.
Les proches des victimes et les rescapés des attaques sont attendus dès jeudi à la barre, d'où ils feront revivre l'horreur des crimes qui ont décimé la rédaction du journal satirique, tué une policière municipale à Montrouge, ainsi que des clients et employés d'une supérette juive.
Au total, près de 300 personnes sont parties civiles.
"Il y a un second procès, c'est difficile pour nous, c'est douloureux, mais au moins il faut qu'il soit utile, qu'il serve à quelque chose", souligne avant l'audience l'avocat de Charlie Hebdo, Me Richard Malka.
Les attentats de janvier 2015 ont marqué le début d'une funeste série d'attaques jihadistes, avec celle du 13-Novembre dont le procès s'est achevé en juin et celle de la promenade des Anglais à Nice actuellement jugée au sein du même palais de justice.
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