Baisse de la taxe d'habitation : Darmanin promet un gain net pour les Français... avant d'être contredit ?
C'est l'une des mesures phares du gouvernement sur le plan fiscal qui, visiblement, n'inspire pas encore la confiance des Français. Gérald Darmanin, le ministre de l'Action et des Comptes publics a défendu dans Le Parisien la suppression progressive, sur trois ans, de la taxe d'habitation.
"Il n'y aura pas de tour de passe-passe où l'on supprime des milliards pour aller les chercher ailleurs. L'idée générale du gouvernement et du président est de baisser les impôts" promet le ministre, balayant l'idée d'une hausse compensatoire de la fiscalité (à défaut de créer un nouvel impôt, ce qui a été exclu par Emmanuel Macron).
Pourtant, le flou n'est pas complètement levé sur la manière dont les finances publiques vont pouvoir compenser les neuf milliards d'euros que coûtera la suppression de la taxe d'habitation.
Gérald Darmanin évoque alors "une refonte de la fiscalité locale. Nous voulons simplifier au maximum la tuyauterie fiscale des collectivités" sans en dire plus, hormis le maintien probable de la taxe d'habitation sur les résidences secondaires.
Mais quelle est cette "refonte" alors ? Est-ce une augmentation de la fiscalité de certains contribuables qui ne dit pas son nom? Le ministre, issu à l'origine des rangs de LR, avait évoqué en mars un nouveau calcul de la taxe foncière qui prendrait en considération le niveau de revenu et non plus la valeur locative du logement. Avec en filigrane l'idée que les propriétaires les plus aisés paieraient une taxe foncière plus élevée. Le Premier ministre Philippe avait alors immédiatement démenti cette hypothèse, assurant qu'elle n'était "pas sur la table".
Lire aussi: Une taxe foncière en fonction des revenus "n'est pas sur la table", selon Philippe
Ce n'est d'ailleurs pas la première fois que le chef du gouvernement (lui aussi issu de LR) dément les propos de Gérald Darmanin, rendant parfois la ligne de conduite gouvernementale confuse. Dans un tout autre sujet, sur la reprise d'une partie de la dette de la SNCF, Gérald Darmanin avait évoqué une "baisse de la dépense publique" pour financer la purge de cette charge financière, là où Edouard Philippe a parlé, lui, d'un "effort des contribuables", autrement dit d'une hausse d'impôts (sans préciser lesquels d'ailleurs).
Le signal est donc plutôt inquiétant car rien n'indique pour l'instant que le propos de Gérald Darmanin soit bien la ligne gouvernementale. Et le ministre de l'Action et des Comptes publics s'est déjà laissé aller à des déclarations un peu trop optimistes dans leur effet d'annonce. Lundi 18 septembre, il assurait au micro de Jean-Jacques Bourdin (BFMTV/RMC) que les nouvelles mesures fiscales, les premières du quinquennat Macron, allaient permettre de "donner un 13e mois aux Français". Sauf que la baisse des cotisations n'a rapporté que quelques dizaines d'euros par mois à la plupart des salariés concernés (qui supportent eux aussi la hausse de la CSG), et la suppression de la taxe d'habitation, qui ne concerne pour l'instant que 80% des ménages, ne sera que progressive: elle ne sera réduite que d'un tiers cette année. Un gain indéniable en valeur absolue, mais loin d'être le "13e mois" promis. De quoi rester méfiant sur la promesse de l'absence de "tour de passe-passe".
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