Cazeneuve attendu à l'Assemblée pour son discours de politique générale
Bernard Cazeneuve, promis au bail de Matignon le plus court de la Ve République, prononce ce mardi 13 sa déclaration de politique générale, soucieux de convaincre qu'il n'est pas là pour "éteindre la lumière" d'un quinquennat Hollande menacé d'étiolement. Une semaine après la passation de pouvoirs avec un Manuel Valls lancé dans la course à la primaire de la gauche, le Premier ministre est attendu à la tribune de l'Assemblée nationale à 15 heures pour un discours d'une demi-heure à une heure, suivi d'un débat et d'un vote.
Plus tard dans la soirée, après le -très probable- vote de confiance, l'ancien ministre de l'Intérieur se soumettra, toujours dans le même hémicycle, au premier vrai round de son poste de Premier ministre, avec le débat puis le vote de la prolongation jusqu'au 15 juillet de l'état d'urgence. A 130 jours du premier tour de la présidentielle et deux mois et demi de la fin de la session parlementaire, il aurait pu renoncer à engager la responsabilité de son gouvernement, une tradition républicaine sans aucune obligation constitutionnelle. Mais cela aurait alimenté les critiques de l'opposition, qui moque déjà un Premier ministre là pour "fermer les lumières" après la renonciation de François Hollande à être candidat à sa succession, selon la formule du patron des députés LR, Christian Jacob.
Lors de la passation à Matignon mardi dernier, Bernard Cazeneuve avait déjà essayé d'effacer cette image, lui qui va effacer le record d'Edith Cresson, restée dix mois à Matignon. "Chaque jour est utile, chaque jour compte", avait-il lancé dans la cour pavée de la rue de Varenne. "Comme on passe son temps à m'expliquer que je n'ai que cinq mois devant moi, je m'emploie à tout faire dans les mois qui viennent. Ce qui veut dire de faire en sorte que chaque jour compte triple. Ainsi, à la fin, ça me donnera la longévité moyenne d'un Premier ministre sous la Ve République", s'est-il amusé lundi lors d'un déplacement en Ariège.
Le troisième Premier ministre de François Hollande a placé son quinquamestre sous le mot d'ordre de la "protection": protection et sécurité des Français en période de forte alerte terroriste, mais aussi protection sociale, alors que la gauche donne de la voix contre la "purge" du candidat de la droite, François Fillon. Autre objectif, selon son entourage: "mener à son terme l'action de redressement engagée par ses prédécesseurs", en finalisant quelques dossiers (investissements d'avenir, compte pénibilité...) et en prenant les cruciaux décrets d'application des lois du quinquennat.
Pas un discours d'annonces, selon Matignon, mais Cazeneuve entend aussi "préparer l'avenir": il devrait notamment revenir sur la "transition énergétique" après le pic de pollution qui a encrassé les poumons de nombreux Français ces derniers jours. Si l'enjeu reste limité, le vote vaudra aussi pour sa valeur de test pour la majorité.
Fidèle appui du chef de l'Etat, Cazeneuve crispe moins l'aile gauche de la majorité que Valls, qui avait dû batailler avec les "frondeurs" du PS. "C'est quelqu'un de très respectueux des différentes sensibilités dans l'hémicycle, y compris de celle du Front de gauche", juge ainsi André Chassaigne (PCF), même si, ajoute-t-il, le Premier ministre "ne sera que l'exécuteur testamentaire de la politique de François Hollande et Manuel Valls".
Ce dernier s'était soumis à deux déclarations de politique générale: l'une début avril 2014 après sa nomination, une autre en septembre de la même année, après la démission du gouvernement provoquée par l'éviction d'Arnaud Montebourg et de Benoît Hamon.
Au premier vote, M. Valls avait réuni 306 voix pour lui (239 contre, 29 abstentions). Au second, son soutien avait fondu à 269 voix (244 contre, 53 abstentions), bien en-dessous du seuil des 289 de la majorité absolue. Les "frondeurs" discuteront d'une position collective de vote mardi matin, a indiqué Christian Paul. Mercredi, Bernard Cazeneuve répétera en personne l'exercice au Sénat.
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