Éducation : Blanquer prône un retour aux fondamentaux
Dictées, leçons de grammaire et calcul mental: le ministre de l'Education Jean-Michel Blanquer a dévoilé jeudi des recommandations pour les enseignants du primaire visant à améliorer "la réussite des élèves", sans convaincre des syndicats qui dénoncent un "pur exercice de communication".
"L’idée n’est pas d’homogénéiser les pratiques mais de créer une référence commune. Ce n’est pas la même chose", assure le ministre dans un entretien au Parisien. "Bien des manières de faire sont possibles pour les professeurs. Mais il y a un cadre et je crois que beaucoup d’enseignants l’attendaient. La liberté pédagogique n’a jamais été l’anarchisme pédagogique".
Dans quatre circulaires publiées au Bulletin officiel, le ministère détaille ses recommandations sur l'enseignement de la lecture, du calcul, de la grammaire et du vocabulaire et la résolution de problèmes, qui s'accompagnent d'un guide de 130 pages adressé aux professeurs des écoles.
Concernant la lecture, Jean-Michel Blanquer est catégorique : "Entre quelque chose qui ne marche pas – la méthode globale – et quelque chose qui fonctionne – la syllabique -, il ne peut y avoir de +compromis+ mixte. Ce sujet ne relève pas de l’opinion, mais de faits démontrés par la recherche. C’est très clair."
Il prône aussi une dictée quotidienne, 15 minutes de calcul mental par jour et le retour des leçons de grammaire dans toutes les classes. Et dit qu'il va travailler à une liste de manuels recommandés.
"J'ai une grande confiance dans l'action des professeurs", assure-t-il. Des inspecteurs de l'Education nationale "regrettaient de ne pouvoir intervenir quand ils constataient telle ou telle mauvaise pratique en classe, en l'absence de texte national de référence. Désormais, il y en a un, qui est le produit d'une intelligence collective", poursuit-il.
La réaction des syndicats ne s'est pas fait attendre. "Une fois encore, on est sur une communication très millimétrée qui a une visée politique et non pédagogique", a déclaré Xavier Suelvès, en charge du primaire au syndicat SE-Unsa.
- "Le fantôme de la méthode globale" -
"Le ministre s'adresse à l'opinion publique et veut lui faire croire qu'on a enfin en France le bon ministre avec la bonne méthode et le bon manuel. C'est un leurre", abonde Francette Popineau, co-secrétaire générale du Snuipp-FSU, premier syndicat chez les enseignants du primaire. "L'école est quelque chose de beaucoup plus complexe et il faut toute l'intelligence du maître et son adaptation aux besoins des élèves pour enseigner".
Aucun ne prône le statu quo, d'autant que les résultats des petits Français aux évaluations internationales affichent des résultats décevants depuis plusieurs années. Mais ils estiment que le ministre ne donne pas les bons outils.
Le guide de 130 pages "n'apporte rien à un enseignant chevronné" car il "correspond grosso modo à ce que le maître fait déjà en mieux", juge Mme Popineau. Quant à l'enseignant débutant, "attend-on de lui qu'il s'approprie seul dans son coin ces 130 pages?".
Les syndicats, comme les instituteurs, insistent sur l'importance de la formation continue, parent pauvre du système éducatif français. Elle est un des facteurs-clé de réussite des systèmes éducatifs étrangers les plus performants.
Sur Twitter, certaines réactions étaient vives. Johanna Cornou, professeure des écoles au Havre, reprochait ainsi au ministre de faire croire "qu’on n’a pas de cadre, qu’on enseigne encore la (méthode, ndlr) globale ou qu’on n’utiliserait plus de cahiers".
La dictée quotidienne, 15 minutes de calcul mental, des leçons de grammaire, tout cela existe déjà, relève Xavier Suelvès. "Reconnaître le verbe dans une phrase et trouver le sujet" se pratique chaque jour dans toutes les classes, selon lui.
Quant à l'éternel combat entre la méthode syllabique et "le fantôme de la méthode globale", selon Francette Popineau, les enseignants font part de leur lassitude. Et rappellent que le point faible des écoliers relevé dans les études internationales n'est pas le déchiffrage mais la compréhension, qui ne dépend pas du choix entre méthodes syllabique ou globale.
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