En enterrant le "ni-ni" Baroin veut sauver les meubles, mais aussi s'affirmer en chef de parti

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Pierre Plottu
Publié le 30 mai 2017 - 15:02
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François Baroin, chef de file du parti Les Républicains pour les législatives (d), et Laurent Wauqui
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© ROMAIN LAFABREGUE / AFP
Laurent Wauquiez (à g.) et François Baroin tentent tous les deux de se positionner pour "l'après", alors que beaucoup annoncent l'explosion de LR à l'issue des législatives.
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Du passé, François Baroin veut faire table rase. Le sénateur-maire, patron de LR pour la campagne des législatives, vient d'annoncer la fin du "ni-ni", cette doctrine de Nicolas Sarkozy consistant à refuser de faire un choix entre le FN et le PS dans le cas où l'extrême droite pourrait l'emporter. Un cadeau à l'aile gauche de son parti, mais pas seulement.

Pour Sarkozy c'était "ni-ni", pour Baroin c'est fini. Le patron de LR -pour la campagne des législatives- a surpris son monde en enterrant, d'abord lundi 29 en marge d'un déplacement puis ce mardi 30 sur France Inter, le fameux "ni-ni" qui prévaut au sein de son parti depuis les cantonales de 2011. Une manière de faire coup double pour l'ancien chiraquien devenu sarkozyste. Son objectif est ainsi de ressouder des Républicains au bord de l'explosion, menacés d'une déroute aux législatives et grignotés par LREM, tout en prenant ses distances avec l'ancien président battu aux primaires de novembre 2016. Comme pour mieux s'imposer à la tête du parti.

Le très consensuel président de l'Association des maires de France, éternel jeune pousse prometteuse de la droite mais qui tarde à éclore au plus haut niveau, a annoncé ce mardi matin la stratégie de LR aux législatives: "faire barrage au FN en tout temps, tous lieux, toutes circonstances". Quitte à retirer des candidats moins bien placés en cas de triangulaires, ou plus? "Cette question, elle est tranchée depuis très longtemps. Et naturellement, tout sera mis en œuvre au niveau national pour éviter ce genre de choses", avait-il déjà répondu la veille à la presse.

Fini la doctrine du "ni-ni", donc, a réaffirmé celui qui dit avoir "toujours été partisan d'un barrage" contre le Front national. Tout en précisant au passage que ce virage à 180 degrés avec l'ère sarkozyste est une "position personnelle" qui devra être confirmée par le bureau politique "qui se réunira au soir du premier tour des législatives". Et en réclamant à LREM et au PS un engagement de réciprocité somme toute logique.

Des déclarations tout sauf hasardeuses de la part de François Baroin, qui sait que de larges pans de son parti sont tentés par En Marche. Nombre de ses candidats aux législatives, juppéistes en tête, font ainsi d'ores et déjà campagne en promettant d'incarner une opposition constructive, prête à travailler avec Emmanuel Macron sur certains textes, voire même de voter la confiance au gouvernement nommé par le nouveau président. Bien loin de la position adoptée par LR après le second tour et qui visait à imposer à Macron une cohabitation.

Sachant qu'il va mécontenter l'aile droite de LR, Baroin parie toutefois que les Wauquiez, Ciotti et consorts seront contraints d'avaler la couleuvre car dans l'impossibilité de franchir le Rubicond vers le FN (Dupont-Aignan en est revenu) ou un départ du parti. Pour l'instant du moins.

Tenir les deux bouts de l'élastique, donc, mais sachant à l'avance qu'il finira par se rompre. De trop longue date parcouru par des courants trop contraires LR pourrait ainsi ne pas survivre longtemps aux législatives, comme déjà annoncé jusque dans les rangs du parti. L'"UMPS" serait alors une réalité, au moins dans la communauté de destin des deux frères ennemis.

Le pari de Baroin semble alors clair: miser sur un positionnement au centre droit, celui de De Gaulle et, dans une moindre mesure, Chirac pour se prépositionner en futur patron d'un parti rénové (et qui pourrait encore changer de nom au passage). Quitte à devenir un supplétif de LREM? L'avenir, et les électeurs, le diront. Autre question qui a son importance, celle du choix que feront les déçus/exclus de ce nouveau parti.

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