En lutte contre les dépenses publiques, Laurent Wauquiez obtient une nouvelle indemnité
Le timing n'est probablement pas le meilleur, en pleine affaire Fillon. Le Conseil régional d'Auvergne-Rhône-Alpes a voté jeudi 9 au soir une indemnité supplémentaire au président de la région Laurent Wauquiez. Un peu moins de 100 euros par jour, qui ont provoqué la réaction de l'opposition socialiste et la polémique.
Cette somme est destinée à rembourser les frais d'hébergement et de bouche du président de région quand celui-ci exerce son mandat en-dehors de sa ville de résidence, en l'occurrence à Lyon, alors que Laurent Wauquiez habite au Puy-en-Velay, à 130 kilomètres. Il peut se faire rembourser 60 euros par nuit et 15,25 euros par repas.
Cette mesure n'est en rien illégale -elle est prévue par l'article L4135-19 du code des collectivités territoriales- mais elle apparaît moralement ambigüe à l'opposition.
D'abord parce que le vice-président du parti Les Républicains a fait de la réduction des dépenses publiques l'un des principaux chantier de son mandat. Mais aussi parce que ce remboursement n'entre pas en compte dans le calcul des indemnités des élus, dont Laurent Wauquiez a atteint le plafond avec 8.231 euros brut.
S'agissant de remboursement et non d'"argent de poche", comme le rappelle son cabinet, il n'y a pas dans cette mesure d'enrichissement personnel de Laurent Wauquiez. Son entourage précise également que l'ancien président de la région Auvergne, socialiste, en bénéficiait également.
Ce que reconnaît le leader de l'opposition Jean-François Debat. Toutefois, "cette disposition, bien que légale, nous interroge cependant fortement. (...) Se faire payer un pied-à-terre lyonnais tout en mettant une pression considérable sur les Auvergnats et les Rhônalpins pour réduire les dépenses de la Région de 75 millions d’euros par an, il y a là, pour le moins, un vrai manque de cohérence et une -très légère! - contradiction", a-t-il déclaré dans un communiqué.
Il relève également que "cette demande intervient quatre mois seulement avant la fin de son mandat de député", que Laurent Wauquiez ne peut renouveler en raison du non-cumul. Et d'évoquer en plein PenelopeGate la nécessité de transparence, et la citation de François Fillon lorsqu'il avait présenté ses excuses: "ce qui était acceptable hier, à défaut d’être accepté, ne l’est plus aujourd’hui".
Laurent Wauquiez a rappelé de son côté que l'indemnité était prévue par la loi, et qu'il aurait pu demander un logement de fonction, mais trouvait l'idée "indécente".
Les socialistes se sont finalement abstenus lors du vote de cette mesure, jeudi 9 au soir. Le PCF et le Front de gauche ont voté pour, au contraire des élus FN. Pour désamorcer la polémique la majorité a proposé de rendre compte chaque année des frais versés au président de la Région, précise La Montagne.
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