Fillon défend mordicus la légalité de l'emploi de sa femme mais présente "ses excuses"
François Fillon, dans la tourmente depuis les révélations sur les emplois présumés fictifs de sa femme, a assuré ce lundi 6 que "tous les faits évoqués" étaient "légaux et transparents" mais présenté "ses excuses" pour avoir fait travailler sa famille.
Devant plus de 200 journalistes réunis dans son QG de campagne porte de Versailles, le candidat de la droite à la présidentielle a commencé, pour répondre à "l'émotion légitime" qui monte dans le pays, par assurer que les faits sur lesquels enquêtent la justice étaient "légaux et transparents".
Il a également expliqué que son épouse avait bénéficié d'une rémunération moyenne de "3.677 euros nets", "parfaitement justifiée". Et a promis de publier sur internet dans la soirée "tout le détail de son patrimoine". Il a dénoncé "un lynchage médiatique" et martelé qu'il n'avait "pas enfreint la loi".
Mais, le candidat, appelé par plusieurs membres de son camp à clarifier et à s'expliquer, a aussi présenté "des excuses" aux Français pour l'"erreur" d'avoir employé sa femme, une "collaboration de confiance qui aujourd'hui suscite la défiance".
L'ancien Premier ministre, à qui ces "accusations ont mis un coup dans l'estomac", a également balayé l'hypothèse d'un plan B, affirmant qu'"aucune instance n'a la légitimité" pour remettre en cause sa candidature. "Aujourd'hui, une nouvelle campagne commence", a martelé M. Fillon, qui doit faire plusieurs déplacements dans la semaine.
Depuis maintenant près de deux semaines, date des premières révélations du Canard Enchaîné, François Fillon doit faire face à des soupçons d'emplois fictifs visant sa femme et deux de ses enfants, des accusations qui font l'objet d'une enquête préliminaire. Le candidat crie au complot fomenté par la gauche au pouvoir.
Le Monde publie ce lundi de nouvelles informations embarrassantes pour le candidat, avec des extraits de son audition par les policiers au cours de laquelle il a expliqué que sa fille et un de ses fils avaient travaillé sur son propre livre et pour la campagne de Nicolas Sarkozy en 2007 lorsqu'il les salariait comme assistants parlementaires au Sénat.
A moins de trois mois de l'élection présidentielle, la droite est durement secouée par cette affaire. "Une crise sans doute la pire depuis très longtemps", selon le député LR Éric Ciotti, qui a appelé ses collègues à "garder leur sang-froid". Les parlementaires sont en effet paniqués devant les remontées du terrain, à quatre mois d'élections législatives à haut risque.
Mercredi dernier, le 1er février, François Fillon leur avait demandé de "tenir 15 jours" derrière lui. Ils seront de nouveau réunis mardi 7 au QG, tandis que plusieurs ténors de la droite expliquent en coulisses que le candidat est "mort".
Le centriste François Bayrou a affirmé dimanche 5 qu'il n'avait "pas d'autre solution" que de se retirer.
Le député LR Damien Abad assure au contraire qu'"on n'est pas dans l'épisode de la dernière chance". "On est simplement dans un épisode vérité. C'est la première étape du dispositif. Aujourd'hui, François Fillon est déterminé à aller jusqu'au bout et nous devons faire en sorte qu'il aille jusqu'au bout. Parce que le plan B, ce sera un plan bancal pour la droite", a-t-il ajouté. Mais les spéculations sur un plan B continuent d'aller bon train.
Les regards se tournent encore vers Alain Juppé, qui a une nouvelle fois écarté l'idée de jouer les recours de la droite.
"J'ai dit quelle était ma position : clairement et définitivement, c'est non. Et vous me connaissez, non c'est non!", a insisté le maire de Bordeaux auprès de journalistes. "Aujourd'hui, on va écouter François Fillon", a-t-il ajouté.
Alain Juppé a déjà exclu par deux fois cette idée, mais l'idée d'un "ticket" avec François Baroin ou un autre circule également en coulisses.
"Celui qui derrière François Fillon, si François Fillon est empêché, a le plus de légitimité, c'est Alain Juppé", a lancé ce lundi l'ancien Premier ministre Dominique de Villepin, suggérant ainsi d'"appliquer la règle qui s'applique dans le domaine sportif, (...) si le premier est disqualifié, c'est le numéro deux" qui prend sa place.
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