Glyphosate : les lobbys ont gagné ?
Les députés ont refusé dans la nuit du lundi 28 au mardi 29 d'inscrire dans la loi l'interdiction progressive de l'herbicide le plus utilisé de France. En effet, l'Assemblée nationale a rejeté des amendements à la loi agriculture et alimentation, y compris provenant de la majorité, qui visaient à graver dans le projet la sortie du glyphosate en 2021. Il s'agissait pourtant d'un engagement d'Emmanuel Macron.
Un rejet sur lequel de nombreux opposants au glyphosate voient planer l'ombre des puissants lobbys de l'agro-alimentaire. Déjà mercredi 23, l'ancienne ministre PS Delphine Batho avait déclaré à la tribune de l'Assemblée que l'Uipp (Monsanto, Bayer, etc) avait eu accès ces dernières semaines à son amendement d'interdiction du glyphosate "plus de 90 heures" avant les députés, dans le cadre du projet de loi sur l'agriculture.
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"Leur argumentaire contre mon amendement comporte une erreur qui n'existait que dans une version de mon amendement présente dans les logiciels internes de l'Assemblée nationale pendant quelques heures, et bien avant qu'il soit traité par les services de l'Assemblée nationale et mis en ligne, et même 90 heures avant qu'il ne soit porté à la connaissance de mes collègues députés", a précisé la députée.
Une fuite confirmée par le président de la chambre basse en personne, François de Rugy. Toutefois, ce dernier a fait savoir que l'enquête interne destinée à découvrir l'origine de cette fuite "n'avait pas permis de déterminer" d'où elle provenait.
Bottant en touche, il a jugé que ce dysfonctionnement pointé par Delphine Batho illustrait l'"importance" du travail parlementaire puisque "des amendements, même déposés par une députée d'opposition, sont pris au sérieux par l'industrie et par des lobbies qui s'organisent pour les contrer". Et de poursuivre: "Il ne faut pas non plus fantasmer sur des lobbies. Le fait que des groupes, qu'ils soient économiques, associatifs ou syndicaux, fassent des propositions d'amendements et qu'il y ait des députés qui les reprennent (...) ce n'est pas nouveau".
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A noter que lors de ce vote particulièrement important, le ministre de la Transition écologique n'était pas au Palais Bourbon mais en Corse. Nicolas Hulot y a inauguré une station d'épuration. Il avait pourtant plaidé de son côté pour que l'interdiction du glyphosate soit bien inscrite dans la loi car, a-t-il dit sur BFMTV, "si on ne se fixe pas ces points d'étape, je sais très, très bien qu'il ne se passera rien". "Il faut être cohérent", a argué le ministre, qui a promis de faire au cours de l'été un bilan de son action au gouvernement, prélude à une décision sur son avenir.
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