La France rend hommage à Simone Veil, icône politique et morale
Un hommage solennel empreint d'émotion a été rendu mercredi à Simone Veil.
En signe de "l'immense remerciement du peuple français", elle entrera au Panthéon où elle reposera au côté de son époux Antoine Veil, a annoncé Emmanuel Macron.
De longs applaudissements ont salué cette décision qui ponctuait l'hommage national à cette grande figure de la vie politique française et du combat pour l'émancipation des femmes.
Rescapée de la Shoah et décédée vendredi à l'âge de 89 ans, Simone Veil sera la cinquième femme à reposer au Panthéon, ce temple républicain qui proclame à son fronton: "Aux grands hommes, la patrie reconnaissante". Quant à Antoine Veil, décédé en 2013, il sera admis à ses côtés en sa qualité d'époux.
Une "belle annonce", a réagi l'ancien Premier ministre socialiste Manuel Valls sur Twitter. "Merci à Emmanuel Macron", a tweeté le maire (LR) de Nice, Christian Estrosi.
Plusieurs pétitions réclamaient cette entrée au Panthéon, recueillant des centaines de milliers de signatures.
"Cette vie de femme offre à notre regard des abîmes dont elle aurait dû ne pas revenir, et des victoires éclatantes qu’aucune autre qu'elle n'aurait su remporter", a déclamé le chef de l’État dans son éloge funèbre.
"A ce mystère qui défie la raison commune et nous inspire tant de fascination, nous donnons en France un nom bien ancré dans notre génie national, et ce nom c'est: la grandeur" qui "fit la nôtre", a-t-il enchaîné.
Le cercueil de Simone Veil recouvert du drapeau tricolore avait fait son entrée dans la Cour d'honneur de l'Hôtel des Invalides porté par la Garde républicaine au son de la Marche funèbre avant d'être déposé à même le sol, à l'exact centre, sur un simple catafalque de bois vernis.
Il a quitté la cour une heure plus tard dans une lente procession au son du Chant des Marais, celui des déportés, entonné par les chœurs de l'armée française en souvenir de l'internement de Simone Veil et de sa famille au camp d'extermination d'Auschwitz-Birkenau.
Emmanuel Macron a rappelé les "combats du siècle" dernier menés par Simone Veil, sa "bataille pour que cessent les conditions sordides et meurtrières dans lesquelles se déroulaient les avortements" lorsque, ministre de la Santé de Valéry Giscard d'Estaing, elle avait porté en 1974 la loi sur l'interruption volontaire de grossesse (IVG).
Son "combat pour l'Europe" aussi, elle qui fut la première présidente du Parlement européen, ou ceux pour "la ratification de la Déclaration universelle des Droits de l’Homme à la tribune des Nations Unies", pour "la protection sociale" ou "contre le racisme et l'antisémitisme".
- Le dernier mot: "merci" -
Dans tous ces combats, "elle eut raison avant tout le monde, et souvent contre tout le monde", faisant face à "la haine venimeuse des uns, les injures exécrables des autres", s'est-il souvenu, avant de lancer cet avertissement: ces victoires "ne sont pas (...) acquises pour toujours".
L'éloge funèbre du chef de l’État avait été précédé de ceux des deux fils de Simone Veil. Ta "détermination constitu(ait) la trame de l'armure qui t'as permis de survivre à l'enfer", a lancé l'avocat Jean Veil.
Puis son frère Pierre-François, également avocat, s'est souvenu des "combats" de leur mère, à commencer par celui mené pour la "réconciliation, pour une Europe de paix, de solidarité et de progrès partagé".
"Cet hommage est ton ultime victoire sur les camps de la mort", a-t-il encore souligné, concluant par le "dernier mot" de sa mère, "prononcé faiblement mais si distinctement, avant de retrouver papa pour toujours: merci".
Quelque 700 invités parmi lesquels des dizaines de personnalités françaises et étrangères ont assisté à cette cérémonie que la famille avait souhaité ouverte au public, une foule d'anonymes se pressant dans les galeries de la cour d'honneur, baignée par un soleil estival.
Outre le gouvernement français venu pratiquement au complet, plusieurs chefs de gouvernement étrangers avaient annoncé leur venue.
Valéry Giscard d'Estaing, 90 ans, a "regretté" en revanche, selon son entourage, de ne pouvoir être présent.
Quant à Bernadette Chirac, elle représentait son époux Jacques Chirac au côté de leur fille Claude, tandis que Nicolas Sarkozy et François Hollande étaient présents, comme nombre de figures politiques, de Jean-Luc Mélenchon à Dominique Strauss-Kahn.
La quasi totalité des Premiers ministres de ces dernières années figuraient aussi parmi les officiels. Hélène Carrère d'Encausse, secrétaire perpétuelle de l'Académie française où siégea Simone Veil, est également venue en compagnie de nombreux "immortels" ceints de leurs uniformes galonnés.
A l'issue de la cérémonie des Invalides, la dépouille de Simone Veil devait être inhumée au cimetière du Montparnasse, le grand rabbin de France, Haïm Korsia, prononçant l'oraison funèbre. Conformément aux souhaits de la défunte, le kaddish, la prière juive de sanctification, devait être dite.
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