Le FN au début d'une crise interne ? Petit rappel sur le choc de 1998 qui a failli faire disparaître le Front national du paysage politique
Les déclarations de Jean-Marie Le Pen dans l’hebdomadaire d’extrême droite Rivarol, et les violentes oppositions venant de son propre camp sont sans doute le début d’une crise majeure au Front national. Une première sanction contre le "patriarche" Jean-Marie Le Pen est tombée: sa fille, présidente du mouvement, devrait rapidement confirmer le retrait de toute possibilité d’investiture dans la région PACA pour les prochaines élections régionales.
Même si ce n’est pas la première crise que le parti connaît, le FN a comme caractéristique de toujours mal les supporter, notamment à cause de la forte imbrication entre facteurs politiques et familiaux à l'intérieur de la formation politique.
En 1998, le FN a connu une crise qui a failli le rayer du paysage politique. Pourtant, tout avait bien commencé cette année (… comme 2015) avec un excellent score aux élections régionales où le FN a obtenu 275 élus. Mais Jean-Marie Le Pen apparaît déjà comme un obstacle pour les membres ambitieux du parti: il a refusé des alliances entre élus FN et le RPR pour diriger certaines régions et, frappé d’une peine d’inéligibilité, il souhaite confier la tête de liste à l’élection européenne de 1999 –elle se déroulait sur une seule circonscription, l’ensemble du territoire national– à sa femme Jany.
Le fondateur du FN goûte visiblement peu l’idée que le destin du parti lui échappe, à lui ou à son clan. C’est la goutte d’eau qui fait déborder le vase pour une partie des militants et des élus FN, menée par Bruno Mégret, figure montante du parti dont le profil –polytechnicien, diplômé d’une université américaine et haut-fonctionnaire– jure déjà avec celle de Jean-Marie Le Pen. Le ton monte rapidement, et le parti se retrouve très vite scindé en deux, Bruno Mégret partant former le Mouvement national républicain (MNR) en 1999. La division politique se double d’un dissension familiale: l’aînée des filles de Jean-Marie Le Pen, Marie-Caroline,, l’une des sœurs de Marine donc, suit son mari Philippe Olivier chez les mégretistes.
Le résultat aux européennes est catastrophique: le FN ne recueille que 5,70% des voix, le MNR faisant lui aussi un bide à 3,28% des voix. Il n’émergera jamais et est aujourd’hui une formation politique confidentielle.
Face à la guerre intestine, bon nombre d’électeurs de l'ancien Front national uni ne se sont prononcés ni pour l’un ni pour l’autre préférant se tourner vers une autre offre politique. Le FN passera également à côté des cantonales de 2001 (6,94% de moyenne dans les cantons où un candidat FN s’est présenté), et l’accession au second tour de la présidentielle de 2002 de Jean-Marie ne sera qu’un trompe l’œil; lors des législatives qui suivent, le FN ne recueille "que" 11,34% des voix.
Les années suivantes seront bien mornes pour le FN, la relève tardant à arriver et les problèmes financiers liés à une décennie de résultats médiocres poussant le parti à vendre le "Paquebot" son siège historique de Saint-Cloud, et à licencier une bonne partie de ses permanents, avant de revenir petit à petit dans le jeu politique depuis l'arrivée de Marine Le Pen à la tête du parti. Ou comment à partir d’une querelle de personnes, un FN en pleine ascension s’est retrouvé à subir dix ans de traversée du désert... Bis repetita ?
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