Le prince héritier d'Arabie saoudite décoré de la Légion d'honneur
C'est une remise de légion d'honneur qui fait beaucoup jaser. Mohammed Ben Nayef a été décoré dans la discrétion (sa visite n'ayant pas été communiquée) vendredi 4 mars dernier à l'Elysée par François Hollande. Le prince héritier d'Arabie saoudite, également ministre de l'Intérieur, a été récompensé alors que son pays a procédé à 70 exécutions, comme dimanche 6, où un Saoudien a été condamné à mort et décapité pour meurtre.
Le 2 janvier dernier, 47 personnes en une journée avaient été mises à mort pour "terrorisme" dans le royaume, dont l'exécution du dignitaire et opposant chiite saoudien, Nimr Al-Nimr, ce qui avait provoqué une crise diplomatique entre l'Arabie saoudite (à majorité sunnite) et l'Iran (à majorité chiite).
L'entourage de François Hollande, qui a dû répondre aux nombreuses critiques reçues pour cette décoration, s'est justifié en rappelant que titrer une personnalité étrangère est un acte protocolaire habituel. C'est une "tradition diplomatique. Je pourrais vous en citer pleins, de légions d'honneur qui ont été données ou de décoration qui ont été reçues par la France", a assuré Jean-Marc Ayrault, ce lundi matin sur France-Inter. Le ministre des Affaires étrangères a expliqué que la France discute "de la paix en Syrie. Et la paix en Syrie, l'Arabie saoudite a un rôle à jouer. Nous discutons avec ce pays".
Ces justifications n'ont fait ni chaud ni froid à de nombreux responsables politiques, comme ceux des Républicains ou du Front National. Thierry Solère, député LR, a lâché sur Public Sénat: "L'Arabie saoudite n'est pas un démocratie, il y a des exécutions capitales (...). La France devrait être plus ferme, comme les autres grande démocraties occidentales, à exiger un comportement différent". Du côté du FN, le vice-président Florian Philippot s'est demandé sur Twitter: "Doit-on parler de Légion du déshonneur? Soumission des élites"
François Hollande avait lui-même été "décoré de l'ordre suprême du Royaume", à l'occasion d'une de ses visites en Arabie saoudite.
À LIRE AUSSI
L'article vous a plu ? Il a mobilisé notre rédaction qui ne vit que de vos dons.
L'information a un coût, d'autant plus que la concurrence des rédactions subventionnées impose un surcroît de rigueur et de professionnalisme.
Avec votre soutien, France-Soir continuera à proposer ses articles gratuitement car nous pensons que tout le monde doit avoir accès à une information libre et indépendante pour se forger sa propre opinion.
Vous êtes la condition sine qua non à notre existence, soutenez-nous pour que France-Soir demeure le média français qui fait s’exprimer les plus légitimes.
Si vous le pouvez, soutenez-nous mensuellement, à partir de seulement 1€. Votre impact en faveur d’une presse libre n’en sera que plus fort. Merci.