Les commerces parisiens se préparent à fermer pour l'"acte IV" des "gilets jaunes"

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Par Mathilde DUMAZET - Paris (AFP)
Publié le 07 décembre 2018 - 08:00
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Affrontements entre policiers et manifestants lors de la journée de mobilisation des "gilets jaunes", le 1er décembre 2018 sur les Champs-Elysées
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© Alain JOCARD / AFP/Archives
"On sera fermés, la police nous a prévenus, on a prévu une planche en bois pour la porte": Rosalie Sarmiento, responsable d'un bureau de changes sur les Champs-Elysées, se prépare à la quatrième journée de manifestation des "gilets jaunes".
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"On sera fermés, la police nous a prévenus, on a prévu une planche en bois pour la porte": Rosalie Sarmiento, responsable d'un bureau de changes sur les Champs-Elysées, se prépare à la quatrième journée de manifestation des "gilets jaunes".

Par précaution, les grands magasins parisiens (Galeries Lafayette, BHV Marais et les enseignes du groupe Printemps) seront également fermés, dans les secteurs des Champs-Elysées et de l'Opéra, mais aussi à Montparnasse et Nation.

La préfecture de police a adressé dans la semaine un avis aux commerçants pour les mettre en demeure de fermer "portes et accès" et de protéger à nouveau leurs enseignes "contre d'éventuelles dégradations en apposant des panneaux de protection sur les vitres".

La semaine dernière, des milliers de "gilets jaunes" ont manifesté sur les Champs-Elysées et la situation a dégénéré dans plusieurs quartiers de la capitale, donnant lieu à des scènes de guérilla urbaine avec d'impressionnants dégâts, de l'Opéra à la prestigieuse avenue Foch, en passant par la rue de Rivoli et aux abords de l'Arc de Triomphe.

L'Élysée redoute de nouveau une "très grande violence" samedi, et les services de renseignement ont fait passer tous les voyants au rouge en alertant sur la mobilisation des mouvements "d'ultradroite" et "d'ultragauche".

"Normalement, on utilise les planches de protection pour le 31 décembre", raconte Mme Sarmiento. "Pendant la deuxième manifestation, on ne pensait pas que ça allait être si chaud, on a juste fermé et la porte a été brisée. La troisième semaine, on a reçu un mail de la police, on s'est mieux protégés."

Si les dégâts matériels se sont limités à la vitrine du bureau de changes, les pertes d'exploitation liée à sa fermeture sont conséquentes: "Le mois de décembre, c'est le plus important pour nous, surtout les samedis. Il y a les touristes qui veulent changer leurs devises, les gens qui font des achats ou ceux qui vont partir en vacances à l'étranger."

- Pas de clients -

Même constat au Bistrot 25, un peu plus bas sur l'avenue: "On a ouvert à 9H00 samedi dernier, sans terrasse, parce qu'on était obligés de l'enlever, mais on a dû fermer à 16H00 car il n'y avait pas de clients", regrette Anthony Sebag, directeur d'exploitation du restaurant.

En temps normal, il réalise un chiffre d'affaires de 15.000 à 20.000 euros par jour. "Samedi dernier on a fait 200 euros (...) alors que normalement le mois de décembre est l'un des plus forts de l'hiver", soupire-t-il.

Après avoir perdu un quart de sa terrasse au cours de la deuxième manifestation, il a contacté ses assureurs mais peine désormais à leur faire reconnaître les pertes d'exploitation. Pour les limiter, il fermera samedi son restaurant.

Après les heurts qui ont ponctué le week-end dernier "l'acte III" du mouvement des "gilets jaunes" et fait 133 blessés à Paris, les commerçants redoutent surtout l'impact à long terme des manifestations sur l'image et l'économie de "la plus belle avenue du monde".

"C'est une catastrophe: ce que voient les touristes à l'étranger, ce sont presque des images de guerre civile... il y a beaucoup d'annulations dans les hôtels", se lamente la gérante d'un magasin de souvenirs qui préfère rester anonyme.

L'"acte IV" sera "sûrement encore plus violent vu ce qu'on entend", estime pour sa part Bruno Vincent, directeur du cinéma Mac Mahon, situé à quelques pas de l'Arc de Triomphe. "Je fais du cinéma de réédition, ce sont des vieux qui viennent chez moi... Là ils ont peur, ils ne vont pas venir."

Il évalue ses pertes, "liées aux casseurs, pas aux +gilets jaunes+", à environ 2.000 euros par jour de fermeture, mais relativise: "J'ai déjà 15% de chiffre d'affaires en moins de manière globale car les gens n'ont plus d'argent."

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