Loi travail : malgré la grogne, le gouvernement veut avancer

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La rédaction de FranceSoir.fr avec AFP
Publié le 15 mars 2016 - 17:56
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Myriam el Khomri et Manuel Valls.
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Manuel Valls a fini par reculer sur les articles les plus contestés du projet de loi.
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Si la version revue et corrigée du projet de la réforme du code du travail n'a pas apaisé la colère des syndicats dits réformistes et a "déçu" le patronnant, le gouvernement veut avancer et faire adopter le texte rapidement.

La version revue et corrigée du projet de loi travail présentée lundi 14 mars par Manuel Valls n'a pas apaisé la grogne syndicale et étudiante, mais le gouvernement, désormais adoubé par la majorité, reste déterminé à ce qu'elle soit adoptée rapidement.

Un patronat "déçu" par un texte qui ne va plus assez loin selon lui, des organisations syndicales contestataires comme FO et la CGT, et des organisations de jeunesse (Unef, FIDL...) qui continuent d'appeler à la mobilisation pour le retrait du texte: le gouvernement est loin d'avoir convaincu. "On a des injonctions qui sont paradoxales et contradictoires", a reconnu ce mardi 15 le Premier ministre sur RMC et BFMTV. "D'un côté, vous avez Jean-Claude Mailly (secrétaire général de FO) qui dit que nous avons cédé au patronat, de l'autre la CGPME qui dit que nous avons cédé aux syndicats. Non, nous avons bâti un compromis", a-t-il insisté.

M. Valls a reculé lundi sur les articles les plus contestés du projet de loi, en particulier le barème des indemnités prud'homales en cas de licenciement abusif, qui ne sera finalement qu'"indicatif". Certes, la CFDT, qui a accompagné toutes les réformes du quinquennat, a salué dans le nouveau texte un projet "potentiellement porteur de progrès pour les jeunes et porteur de progrès pour les salariés". La CFTC juge elle aussi avoir été "entendue sur l'essentiel". Le Premier ministre a salué ce mardi "l'état d'esprit particulièrement positif" des parlementaires de la majorité, en particulier socialistes, qu'il a rencontrés lundi soir.

Mais sept organisations syndicales (CGT, FO, FSU, Solidaires, Unef, UNL, FIDL) ont réitéré leur appel à une journée de grève et de manifestations le 31 mars. "Décentralisation de la négociation collective au niveau de l'entreprise et affaiblissement des conventions collectives de branches, fragilisation des droits individuels acquis, mise en cause des majorations des heures supplémentaires, facilitation des licenciements, affaiblissement de la médecine du travail... sont autant d'exemples de régressions qui demeurent", écrivent-elles. Plusieurs organisations étudiantes, lycéennes, syndicales et politiques ont en outre appelé mardi à une nouvelle mobilisation des jeunes les jeudis 17, 24 et 31 pour exiger le retrait du projet de loi. "Le sentiment général, c'est un gouvernement qui essaye de bricoler, de nous enfumer pour que la mobilisation des jeunes faiblisse", s'est emporté William Martinet, le président de l'Unef, premier syndicat étudiant, au cours d'une conférence de presse.  "C'est une loi TGV: travailler plus, gagner moins et être viré plus vite: c'est un peu les trois reproches fondamentaux que je fais à cette loi", a résumé Jean-Claude Mailly mardi sur RMC.

Le Medef, lui, promet de continuer à peser pour plafonner les indemnités prud'homales, jugeant cette mesure "fondamentale" car "c'est un élément important pour que les employeurs, notamment les plus petits, puissent relancer l'emploi", a insisté son président, Pierre Gattaz. Le gouvernement entend maintenir le cap avec une transmission de la nouvelle version du texte au Conseil d'Etat ce mardi, avant la présentation en Conseil des ministres le 24, pour un examen dans l'hémicycle "début mai" et un vote "avant l'été". Le gouvernement prendra ensuite les décrets d'application "le plus rapidement possible", a insisté la ministre du Travail Myriam El Khomri, pour laquelle c'est "essentiel, car nous avons besoin de donner un nouveau souffle dans notre pays". Quant au ministre de l'Économie, Emmanuel Macron, il a salué dans le nouveau projet "le meilleur accord qu'on pouvait trouver", mais s'est dit persuadé qu'on peut "faire mieux, plus loin et plus fort".

Interrogé sur le recours au 49.3, Manuel Valls a redit ce mardi qu'il "préférait convaincre" avant de "brandir cette arme constitutionnelle". Le secrétaire d'État aux Relations avec le Parlement, Jean-Marie Le Guen, a implicitement écarté cette éventualité, disant sa "certitude d'avoir une majorité" à l'Assemblée. Preuve que des réticences sont tombées parmi les députés socialistes, Christophe Sirugue, qui était pressenti pour être rapporteur du projet, a finalement donné son accord ce mardi et dit "soutenir" la nouvelle mouture alors qu'il n'aurait pas été prêt à soutenir la première.

 

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