Loi Travail : à Paris, 14.000 manifestants selon la police, 100.000 d'après la CGT
Nouveaux blocages, manifestations, grèves dans les transports: face à la fermeté de l'exécutif, les opposants au projet de loi Travail ont maintenu ce jeudi 19 la pression en France, notamment à Paris où les syndicats ont revendiqué deux fois plus de manifestants que mardi, dans un climat tendu. Après l'incendie d'une voiture de police mercredi à Paris, le Premier ministre, Manuel Valls, a appelé les syndicats qui appelaient à manifester pour la septième fois, à s'"interroger sur la pertinence" de certaines manifestations. Il s'est dit, jeudi, prêt à faire lever par les forces de l'ordre les blocages des ports, raffineries et aéroports.
"La balle est toujours dans le camp du gouvernement, il faut retirer ce mauvais projet de loi. Nous sommes déterminés", a déclaré Philippe Martinez au départ de la manifestation parisienne. Le cortège parti de Nation en direction de la Place d'Italie a rassemblé 100.000 personnes, selon la CGT, jusqu'à 14.000 selon la police. Mardi, le syndicat avait dénombré 55.000 personnes, les autorités 12.000. "Tous ensemble, tous ensemble, grève générale!", scandaient les jeunes manifestants en tête, tandis que d'autres criaient: "Les patrons licencient, licencions les patrons".
Force ouvrière a appelé à renforcer le mouvement "en juin" avec une "grève interprofessionnelle" et une "manifestation nationale" à Paris pour "booster la mobilisation" lors de l'arrivée du texte au Sénat, a expliqué son secrétaire général, Jean-Claude Mailly. L'intersyndicale (CGT, FO, Solidaires, FSU, Unef, FIDL et UNL) doit se réunir dans la soirée pour fixer une nouvelle date de mobilisation, la date du 26 mai a été évoquée.
Après les violences lors des précédents rendez-vous, les services d'ordre (SO) syndicaux, eux-mêmes pris à partie la semaine dernière, étaient sur le qui-vive. Cette fois, ils n'ont pas été agressés, ont constaté des membres des SO, nombreux et casqués mais sans matériel offensif visible, au contraire de mardi. De nouveau, la police a tout de même usé de lacrymogènes. Au cours de la journée, plus d'une vingtaine de personnes ont été interpellées à Rennes, notamment dans le métro, neuf à Paris, quatre à Marseille, trois à Caen et deux à Lyon et Nantes.
Dans la cité nantaise, la manifestation était interdite. Mais près d'un millier de personnes se sont toutefois rassemblées, en scandant: "Etat d'urgence, État policier, on ne nous enlèvera pas le droit de manifester". Repoussées à grand renforts de gaz lacrymogènes, plusieurs centaines de manifestants ont néanmoins réussi à s'engouffrer dans les ruelles du centre ville où les forces de l'ordre les pourchassaient. Ailleurs, les autorités ont recensé 6.000 personnes à Saint-Nazaire, 4.500 au Havre, 2.900 à Rouen, 3.300 à Bordeaux, 3.000 à Lyon, 4.000 à Toulouse, 1.200 à Strasbourg. Les estimations fournies par les organisateurs étaient généralement 2 ou 3 fois supérieures. La mobilisation est "à un niveau élevé", s'est réjoui Jean-Claude Mailly.
Parallèlement, des grèves de routiers et de cheminots, entamées en début de semaine, appuyaient le mouvement. Dans la région de Marseille, les routiers ont mené une opération de blocage près de la zone industrielle de Fos-sur-mer. Près du Havre, deux raffineries ont été bloquées, comme l'accès aux terminaux pétroliers du Grand port à La Rochelle. Dans le quart nord-ouest de la France, quelque 70 stations-service Total étaient en rupture de carburants, soit presque un cinquième du réseau. Des barrages filtrants ont aussi été mis en place, notamment à Rennes et Nantes.
Côté trains, la circulation a été perturbée pour la deuxième journée consécutive, surtout sur certaines lignes régionales, moins en Ile-de-France. Deux TGV sur trois étaient prévus. Dans le ciel, le mouvement a entrainé la suppression de 15% des vols prévus à Orly.
Adopté en première lecture après un recours à l'article 49-3 de la Constitution, le projet de loi instaure la primauté des accords d'entreprises sur les accords de branche, casus belli pour ces syndicats. Il ouvre aussi la possibilité de référendums d'entreprise, d'accords "offensifs", crée le compte personnel d'activité et étend la garantie jeunes.
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