Modem ou UDI, le cas Emmanuel Macron divise les centristes
A huit mois de l'élection présidentielle, l'irruption d'Emmanuel Macron dans le débat public crée bien du remous chez les troupes centristes de l'UDI, le MoDem de François Bayrou continuant lui de vouloir prêter main forte à Alain Juppé.
A chaque élection présidentielle, les centristes entrent en turbulence. Et la méfiance envers les partis traditionnels -PS et LR en particulier- ne nourrit pas uniquement le discours antisystème du FN mais peut faire grossir l'électorat centriste, souvent charnière.
En mars dernier, l'UDI (Union des démocrates et indépendants)- qui fédère plusieurs partis centristes- a décidé lors d'un congrès de ne pas participer au processus de la primaire de la droite, au motif que les négociations avec le président de LR, Nicolas Sarkozy, n'avaient pas abouti.
En déclarant récemment qu'il voulait dialoguer avec Emmanuel Macron, ministre de l'Economie démissionnaire et ex-conseiller de François Hollande, le président de l'UDI, Jean-Christophe Lagarde a suscité l'émoi parmi ses troupes. Il insiste cette semaine en justifiant cette main tendue par le nécessaire "besoin de recomposition politique".
Entouré de Laurent Hénart, président du Parti radical, l'une des composantes de l'UDI, mais aussi de la sénatrice UDI Chantal Jouanno, il a indiqué qu'il avait effectivement rencontré Emmanuel Macron, sans vraiment dévoiler le contenu de leurs échanges. "Pas sur la tambouille", a-t-il assuré. Jean Arthuis, député européen, a également fait les louanges de M. Macron.
Reste que cette main tendue a fait bondir certains centristes. Comme le président du Nouveau Centre, Hervé Morin, pour qui il s'agit d'une "faute morale" et d'un "renversement d'alliance". "Nous sommes alliés avec LR! Emmanuel Macron serait prêt à se retrouver dans une majorité avec LR?", explique quant à lui le président des députés UDI Philippe Vigier à l'AFP, manifestement agacé.
"La refondation politique c'est au lendemain de la présidentielle, pas sept mois avant!", ajoute-t-il, faisant état d'une "inquiétude des parlementaires". Depuis sa création en 2012, l'UDI s'est alliée au parti de droite (UMP devenue Les Républicains) à toutes les élections locales.
En réalité, depuis plusieurs mois, les troupes de l'UDI ont déjà commencé à se disperser. Certains soutiennent officiellement des candidats à la primaire de la droite: Charles de Courson soutient Alain Juppé, Maurice Leroy a rejoint Nicolas Sarkozy, Yves Jégo a opté depuis longtemps pour Bruno Le Maire... Certains militants ont rejoint des comités de soutien d'Alain Juppé, qui met en avant le rassemblement de la droite et du centre. L'appel de Jean-Christophe Lagarde en faveur d'Emmanuel Macron a même fait sortir du bois certains, comme l'ex-secrétaire d'Etat Valérie Létard qui s'est prononcé pour Alain Juppé.
"L'UDI ne sera pas tenue par le résultat de la primaire" des 20 et 27 novembre, a répété M. Lagarde, même si in fine il concède: "en fonction du résultat de la primaire, il y aura une recomposition possible ou pas".
"Peut-être que l'UDI prépare l'hypothèse où Nicolas Sarkozy emporte la primaire et où François Bayrou est candidat", fait remarquer un conseiller politique. Car, côté MoDem, ce n'est pas la même chanson vis-à-vis de Macron.
Le président du MoDem, François Bayrou, qui soutient Alain Juppé dans sa course vers l'Elysée, s'est montré très critique envers le jeune loup: "Derrière cet hologramme, il y a une tentative qui a déjà été faite plusieurs fois (de la part) de très grands intérêts financiers et d'autres qui ne se contentent plus d'avoir le pouvoir économique, ils veulent avoir le pouvoir politique!", a-t-il fustigé.
Si Nicolas Sarkozy sortait vainqueur de la primaire, François Bayrou a déjà prévenu depuis des mois qu'il serait libre de se présenter à la présidentielle.
"Après trois campagnes présidentielles c'est plus difficile de se faire passer pour le renouveau", l'éreinte Jean-Christophe Lagarde, qui qualifie le MoDem de "centre fermé" pour son refus de dialoguer avec Emmanuel Macron...
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