Ocean Viking : Gérald Darmanin qualifie l’Italie de "pays ennemi de la France"
En répondant à une question de la députée Rassemblement national (RN), Mathilde Paris sur les migrants de l’Ocean Viking, le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, a exacerbé la polémique le 22 novembre dernier. Interrogé sur la libération de la quasi-totalité de ces 234 migrants du centre administratif malgré ses affirmations qu’ils ne le seront pas, il a botté en touche et qualifié la parlementaire d’”internationaliste” qui “s’allie avec les ennemis qui attaquent la France en ce moment”. Des propos qui visaient l’Italie, dont le refus d’accueillir les 234 migrants sur ce bateau a provoqué des tensions diplomatiques entre les deux pays.
Lors de son intervention, la députée Mathilde Paris a rappelé la décision du gouvernement, le 10 novembre, d’accueillir le bateau Ocean Viking à Toulon. Elle rappelle la déclaration du ministre de l’Intérieur, lors de son passage au JT de 20H quelque temps plus tard, selon laquelle les 234 migrants “ne pourront pas sortir du centre administratif”.
“Pourtant, à peine deux semaines plus tard, la situation est catastrophique. La quasi-totalité de ces migrants a été libérée. Sur les 44 mineurs pris en charge, 26 ont fui. Sur les 123 qui s’étaient vus refuser l’entrée sur le territoire français, une centaine a malgré tout été laissée libre de quitter la zone d’attendre sur décision de justice”, a-t-elle rappelé.
Un “référendum sur l’immigration”
Mme Paris a qualifié ces faits de “fiasco”, qui illustrent “l’impuissance” du gouvernement Darmanin de “maîtriser les flux migratoires”, à faire face “à l’oppression des ONG d’extrême-gauche complices de passeurs” ou à “réformer la politique migratoire pour la rendre plus dissuasive”.
La députée a exprimé son “doute” quant à “l’efficacité de la prochaine loi sur l’immigration” à laquelle Gérald Darmanin avait fait référence peu de temps avant. Rappelant que l’exécutif envisage “de profiter de ce texte pour créer une filière d’immigration pour les métiers en tension”, elle propose les “solutions du Rassemblement national, plébiscitées par les Français”.
“Ma question est très simple, qu’attendez-vous, pour donner la parole au peuple, en organisant un référendum sur l’immigration”, finit-elle.
En guise de réponse, le ministre de l’Intérieur a dit estimer que Mathilde Paris “n’est pas patriote si elle s’allie avec les ennemis qui attaquent la France en ce moment”. S’il ne cite pas nommément l’Italie, il a clairement évoqué Giorgia Meloni, présidente du Conseil italien. “Vous vous rangez du côté de Madame Meloni et de son gouvernement qui n'ont pas respecté le droit international, au lieu de cela, vous attaquez des policiers français", a-t-il ajouté.
📹#QAG : Le fiasco #OceanViking illustre l’impuissance de votre gouvernement. Après 2 semaines, la quasi-totalité des migrants a été libérée ou s'est enfuie. Qu’attendez-vous pour donner enfin la voix au peuple français en organisant un référendum sur l’immigration ?
— Mathilde PARIS (@MathildePARIS45) November 22, 2022
#DirectAN pic.twitter.com/EVzKshb2j4
Sur Twitter, plusieurs personnalités politiques et internautes ont exprimé leur étonnement d’entendre l’Italie, “un pays frère et membre de l’Union européenne”, être qualifié “d'ennemi de la France”.
“90 000 personnes ont débarqué en Italie”
Le 10 novembre, après des semaines de tractations juridiques et diplomatiques entre l’Italie et la France, l’Ocean Viking accoste au port militaire de Toulon avec les 234 migrants à son bord. Ces rescapés ont été placés en zone d’attente afin de voir leurs demandes d’asile examinées.
Invité du journal de 20 heures de TF1, Gérald Darmanin affirme que "deux tiers" des migrants à bord de ce navire seront accueillis par d'autres pays européens. Il a révélé que 9 États, dont l’Allemagne, la Croatie, la Roumanie et le Portugal, ont donné leur accord, mais pas l’Italie. "Nous l'avons proposé aux Italiens et ils n'ont pas voulu", a-t-il dit. Il avait aussi promis des “suites” contre le pays transalpin.
Le ministre de l’Intérieur avait aussi affirmé que les migrants ne répondant pas aux critères de demandeurs d'asile "seront reconduits directement" et qu’ils "seront retenus dans un centre administratif”, a-t-il précisé.
Son homologue italien, Matteo Piantedosi, n’a pas manqué de lui répondre. "La réaction de la France face à la requête d'accueillir 234 migrants, quand l'Italie en a accueilli 90 000 seulement cette année, est totalement incompréhensible", a-t-il dit.
“Ce que nous ne comprenons pas est la raison pour laquelle l'Italie devrait accepter de bon gré ce que les autres ne sont pas disposés à accepter”, a ajouté le ministre de l’Intérieur italien.
“Cette année, presque 90 000 personnes ont débarqué en Italie. Treize pays européens se sont engagés à reprendre au total 8 000 personnes, moins d'un dixième. Jusqu'à présent, au total, 117 personnes ont été prises en charge (0,13 % des arrivées), dont 38 par la France (0,04 %)”, avait-il répondu dans son communiqué.
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