"PenelopeGate" : entre approximations et oublis, Fillon dit tout sauf l'essentiel

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PP
Publié le 06 février 2017 - 22:47
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François Fillon.
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©Eric Gaillard/Reuters
François Fillon s'est voulu offensif, ce qui ne l'a pas empêché d'ajouter de nouvelles approximations à l'affaire.
©Eric Gaillard/Reuters
Héraut de l'exemplarité, champion de la probité, François Fillon a organisé ce lundi une conférence de presse pour répondre aux accusations du "tribunal médiatique" dans l'affaire du PenelopeGate. Un exercice censé disculper le candidat de la droite et qui se voulait acte fondateur de sa remise en marche vers la conquête de l'Elysee. Raté?

Refusant d'être jugé par le "tribunal médiatique", François Fillon a choisi de lancer une grande contre-offensive par la voie... médiatique. Englué dans l'affaire dite du PenelopeGate, du prénom de sa femme, le candidat de la droite et du centre a organisé ce lundi 6 une conférence de presse pour tout dire. Montants, durées, pour quelles missions: l'objectif était d'être tout à fait transparent sur les émoluments qu'il reconnaît avoir versés à sa femme et deux de ses enfants, qu'il a rémunérés en tant que collaborateurs parlementaires. Une contre-attaque sur la forme (il a réaffirmé sa volonté de représenter son camp à la présidentielle de mai prochain), mais restée fragile sur le fond. Mis à part des excuses et quelques précisions à propos des missions dont était chargée Penelope, François Fillon s'est ainsi contenté de redire ce qui a déjà été dit.

Apres une communication hasardeuse, voire mortifère, ses proches pressaient l'ex-Premier ministre de réagir car c'est tout l'édifice bâti depuis des mois, des années, qui menace de s'écrouler depuis les premières révélations du Canard Enchaîné, mi-janvier. "Je suis honnête: cette accusation m'est tombée dessus comme un coup dans l'estomac. Oui, la semaine dernière j'ai été déstabilisé", a ainsi reconnu ce lundi le tombeur de Nicolas Sarkozy et d'Alain Juppé lors de la primaire.

Ayant eu besoin d'une semaine pour recouvrer ses esprits, l'homme au "cuir solide" disait-il à La Villette a donc répliqué ce lundi en clamant que tous les faits qui lui sont reprochés sont "légaux et transparents". Il a ainsi consacré un bon tiers de ses 20 minutes de prise de parole, avant un question-réponse avec les journalistes, à défendre son honneur "après 32 ans de vie politique, 32 ans sans aucun problème judiciaire, 32 ans d'éthique irréprochable". 

Oui, il a rémunéré sa femme pour un "travail de l'ombre" mais qui lui était "indispensable". Mais outre l'acte de contrition obligatoire compte tenu du choc qu'à entraîné l'affaire Penelope, Fillon a donc embrayé. Promesse -tenue- de dévoiler sa déclaration de patrimoine et les salaires perçus par sa femme, appel à l'unité de son camp, dénonciation du "système"... tout y était dans cet exercice de com' politique. `

Sauf que les approximations aussi étaient de la partie. Si l'ancien Premier ministre qui aspire à une promotion a précisé les missions de sa femme ("ouvrir le courrier", "tenir (son) agenda"...) il n'a pas abordé le niveau de rémunération de celle-ci. Jusqu'à plus de 10.000 euros les six derniers mois qui paraissent sans commune mesure avec les tâches évoquées. Concernant ses enfants? Oui ils ont touché "3.000 euros nets par mois chacun", mais rien sur leur niveau de qualification. Son fils n'était pourtant même pas étudiant en droit à ce moment-là... Son "seul compte en banque au Credit agricole de Sablé-sur-Sarthe"? Il est devenu une quinzaine de PEA, comptes courants, PEL et autres livrets divers. Sans que cela ne semble gêner en rien le candidat qui a pourtant affirmé le contraire quelques jours plus tôt et en direct. 

Un faux pas qu'il a par ailleurs reproduit ce lundi. La journaliste qui a filmé Penelope Fillon confiant n'avoir "jamais été l'assistante de (son) mari", images diffusées la semaine dernière sur France 2, aurait depuis contacté le couple. Elle serait "choquée par l'utilisation qui avait été fait des morceaux de cette interview", a affirmé François Fillon ce lundi, une nouvelle fois en live. Une affirmation immédiatement démentie par l'intéressée... 

Ce lundi, Fillon devait faire toute la lumière, balayer les accusations "mensongères" du "tribunal médiatique" au service d'un "système" faisant fi des "millions d'électeurs" qui l'ont désigné lors de la primaire de la droite. Entre approximations et aveu de faiblesse, le résultat est à tout le moins frustrant.

La question est donc légitime: peut-il continuer à ignorer l'indignation des 68% des sondés qui se disent opposés à ce qu'il se présente, outrés par les méthodes dont a fait usage le héraut de l'exemplarité? Tête haute et mains propres ont clamé d'autres avant de se faire plus discrets, eux aussi éclaboussés par les affaires. Car François Fillon l'a dit lui-même ce lundi: si ce qui lui est reproché est légal (ce qu'il revient toutefois à la justice de juger), la question est tout autant celle de la moralité. Et sur ce point les Français, toutes sensibilités confondues, semblent avoir tranché.

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